Les cuisinières à gaz laissent échapper du méthane même lorsqu’elles ne sont pas utilisées
Le méthane, un puissant gaz à effet de serre, s’échappe de votre cuisinière même lorsqu’elle n’est pas utilisée. En fait, la plupart des fuites de méthane se produisent lorsque les gazinières ne sont pas utilisées. Bien qu’individuellement, ces fuites ne soient pas très importantes, l’effet cumulé est considérable à l’échelle des États-Unis.
Selon Rob Jackson, professeur de sciences de la terre à l’Université Stanford et coauteur de l’étude :
Le simple fait de posséder une cuisinière au gaz naturel et d’avoir des tuyaux et des raccords de gaz naturel dans sa maison entraîne plus d’émissions sur 24 heures que la quantité émise lorsque les brûleurs sont allumés.
L’équipe a mesuré le méthane émis par les cuisinières dans 53 foyers de l’État de Californie. Ils ont enregistré la quantité de méthane qui s’échappait chaque fois que l’on tournait les boutons de la cuisinière, dans les instants précédant l’embrasement du gaz. Ils ont également enregistré la quantité de méthane qui s’échappait non brûlé pendant la cuisson. Le principal avantage de cette étude par rapport aux études comparatives est qu’elle a également mesuré la quantité de méthane libérée lorsque les cuisinières n’étaient pas utilisées.
Eric Lebel, étudiant diplômé de Stanford, prélève des échantillons de gaz naturel sur une cuisinière domestique. (Rob Jackson/ Université Stanford)
D’après les résultats, une proportion surprenante de 80 % des fuites de méthane enregistrées au cours de l’étude a été observée lorsque les cuisinières n’étaient pas utilisées. Ces fuites provenaient de raccords desserrés entre le réchaud et les tuyaux de distribution du gaz. Eric Lebel, auteur principal de l’étude, affirme que les résultats de l’étude viennent combler le manque de données sur la « combustion incomplète des appareils », offrant ainsi une précieuse pièce au puzzle du changement climatique.
Les cuisinières et les tables de cuisson étudiées appartenaient à 18 marques différentes, et leur ancienneté variait de 3 à 30 ans. Les poêles utilisant une veilleuse fuyaient davantage que ceux équipés d’un allumeur électronique.
D’après les mesures, l’équipe estime qu’environ 1,3 % du gaz utilisé dans une cuisinière fuit dans l’atmosphère ce qui, individuellement, est une petite quantité. Si on l’additionne aux plus de 40 millions de cuisinières à gaz que comptent juste les États-Unis, on obtient une quantité importante de gaz à effet de serre. Globalement, l’effet de réchauffement climatique de cette quantité de méthane serait équivalent aux émissions de 500 000 voitures à essence.
Ces fuites prennent toute leur importance dans le cadre de la lutte mondiale contre les émissions de gaz à effet de serre. L’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) estime que les bâtiments sont responsables de plus de 10 % des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis.
Les auteurs estiment que le passage aux cuisinières électriques permettrait de réduire ces émissions. Cette mesure serait également utile dans un sens plus large, puisque les gens seraient mieux disposés à changer d’autres sources d’émissions domestiques plus importantes, telles que la chaudière, le chauffe-eau et le sèche-linge.
Cela dit, ils sont conscients qu’un tel changement n’est pas viable pour de nombreuses personnes, comme les locataires ou ceux qui ne peuvent pas se permettre d’acheter une cuisinière électrique. Dans ces cas-là, il existe une mesure simple que chacun peut prendre pour limiter les émissions de méthane dans sa maison, selon Jackson :
Retirer la cuisinière du mur et resserrer les raccords de la cuisinière et des tuyaux à proximité.
Toutefois, pour éliminer complètement ces émissions, l’équipe souligne que la seule véritable option est de passer entièrement à l’utilisation d’une cuisinière électrique.
L’étude publiée dans la revue Energy and Climate : Methane and NOx Emissions from Natural Gas Stoves, Cooktops, and Ovens in Residential Homes et présentée sur le site de l’Université Stanford : Stanford scientists find the climate and health impacts of natural gas stoves are greater than previously thought.