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Les plus anciens restes de mystérieux ancêtres humains découverts dans une grotte sibérienne

2 Déc 2021 | 0 commentaires

Fossiles Dénisoviens desinova 1 21

Les Dénisoviens, un mystérieux groupe d’hominidés éteints étroitement apparentés aux Néandertaliens, n’ont pas laissé beaucoup de traces fossiles derrière eux. Une nouvelle fouille de leur ancien habitat en Sibérie a permis de découvrir trois nouveaux fossiles, les plus anciens de cette espèce jamais découverts.

Image d’entête : quelques-uns des fragments d’os retrouvés dans la grotte de Denisova. (S. Brown)

Katerina Douka, anthropologue de l’évolution à l’université de Vienne, et ses collègues ont découvert les fossiles dans la grotte de Denisova, un abri naturel situé dans les montagnes de l’Altaï, dans le sud de la Sibérie. Les scientifiques étudiaient les couches les plus anciennes de la grotte, qui jusqu’à présent n’avait produit qu’un seul fossile humain. Au total, cinq fragments de fossiles humains ont été retrouvés : trois appartenant à des Dénisoviens, un à un Néandertalien et un autre qui n’a pu être identifié. Le plus grand de ces fragments ne mesure pas plus de 4 centimètres de long.

L’entrée de la grotte Denisova en Sibérie. (IAET/ Branche sibérienne de l’Académie des sciences de Russie)

Grotte de Denisova 3 21

Fait remarquable, cette petite mais précieuse poignée de fossiles a été trouvée au milieu d’un amas de 3 791 fragments d’os d’animaux. Les chercheurs ont utilisé une méthode biomoléculaire connue sous le nom d’empreinte peptidique pour identifier les os, car il n’était pas possible de le faire par inspection manuelle. Les cinq os contenaient du collagène correspondant aux profils peptidiques des humains (les peptides sont les éléments constitutifs des protéines), ce qui a permis l’identification (pour rappel, les Denisoviens et les Néandertaliens sont des humains).

Selon Samantha Brown, coauteur de l’étude à l’université de Tübingen (Allemagne) :

Trouver un nouvel os humain aurait été cool, mais cinq ? Cela a dépassé mes rêves les plus fous.

Pour Diyendo Massilani, un généticien de l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutive, la grotte de Denisova est un « endroit étonnant » en ce qui concerne la préservation de l’ADN, et « nous avons maintenant reconstruit les génomes de certains des plus anciens fossiles humains les mieux préservés ». L’équipe a trouvé suffisamment d’ADN pour reconstruire les génomes mitochondriaux, ce qui lui a permis de confirmer que les ossements appartenaient à des Dénisoviens et des Néandertaliens.

La couche contenant les ossements de Dénisovien a été datée à environ 200 000 ans. Les précédents fossiles de Dénisovien remontaient à une période comprise entre 122 000 et 194 000 ans, ce sont donc les plus anciens. L’unique os de Néandertalien remonte à une période comprise entre 130 000 et 150 000 ans. Selon l’étude, les montagnes de l’Altaï semblent « être une zone de chevauchement pour les groupes de Dénisoviens et de Néandertaliens pendant plus de 150 000 ans, témoignant et facilitant probablement le métissage des populations ainsi que le maintien de populations distinctes d’homininés sur cette longue période ».

Les trois nouveaux fossiles de Dénisovien s’ajoutent aux six déjà découverts, dont un os de doigt à partir duquel l’ADN a été extrait et une mâchoire trouvée dans une grotte sur le plateau tibétain, le premier et seul fossile de Dénisovien trouvé en dehors de la Sibérie. Ces derniers étaient étroitement liés aux Néandertaliens et se sont croisés avec les humains modernes avant de s’éteindre il y a 50 000 à 30 000 ans. Des traces d’ADN de Dénisovien existent dans les génomes des populations modernes d’Asie du Sud-Est et d’Océanie.

Comme l’écrivent les scientifiques dans leur étude, « une grande quantité de matériel archéologique » sous forme d’outils en pierre et de restes d’animaux a été trouvée dans la couche de Dénisovien. C’est la première fois que des preuves archéologiques sont définitivement liées à ces hominidés, ce qui permet de mieux comprendre leur comportement.

Il est intéressant de noter que le style des outils en pierre retrouvés, comme des outils de grattage pour travailler les peaux d’animaux, ne pouvait être associé à aucune industrie lithique connue. Vivant près de la rivière Anui et occupant les grottes pendant une période chaude, les Dénisoviens chassaient le bison, le cerf, la gazelle, l’antilope et le rhinocéros laineux, selon un mode de subsistance qui a duré des milliers d’années, comme le soulignent les chercheurs.

Ces trois ossements de Dénisovien produiront probablement d’autres résultats scientifiques dans les années à venir, tout comme la grotte de Denisova en général.

L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : The earliest Denisovans and their cultural adaptation et présentée sur le site de l’Institut Max-Planck de science de l’histoire humaine : Molecular Analysis Reveals the Oldest Denisovan Fossils Yet.

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