Un "tunnel magnétique" entourerait notre système solaire
Un modèle audacieux suggère qu’un tunnel magnétique géant encercle l’ensemble du système solaire.
Selon des chercheurs de l’Université de Toronto, le modèle se concentre sur deux structures importantes du ciel. Il s’agit de l’éperon polaire nord (North Polar Spur) et de la région de l’éventail (Fan Region), en espérant que le Guru n’est pas trop dévié dans la traduction. Depuis leur découverte dans les années 1960, ces structures semblaient ne pas être reliées entre elles. Désormais, une équipe d’universitaires dirigée par l’astronome Jennifer West de l’université de Toronto (Canada) affirme qu’ils font partie d’un champ magnétique massif, semblable à un tunnel, qui entoure le système solaire.
Image d’entête : à gauche, la courbe d’un tunnel routier, dont les lignes sont formées par les feux du tunnel et les marques des voies de circulation, présente une géométrie similaire au modèle proposé pour la région de l’éperon et de l’éventail polaire nord. À droite : Le ciel tel qu’il apparaîtrait dans les ondes radio polarisées (Dominion Radio Astrophysical Observatory/ Villa Elisa telescope/ ESA/ Planck Collaboration/ Stellarium/ Jennifer West)
Selon Jennifer West :
Si nous regardions dans le ciel, nous verrions cette structure en forme de tunnel dans presque toutes les directions où nous regardons, c’est-à-dire si nous avions des yeux capables de voir la lumière radio.
Le supposé tunnel magnétique se trouverait à quelque 350 années-lumière du système solaire.
La Galaxie est vue dans des ondes radio avec le centre galactique au milieu de l’image. (Haslam et col. (1982)/ J. West)
En revanche, les recherches actuelles ne permettent pas de déterminer si les structures spatiales ont un impact négatif sur les planètes de la Voie lactée.
Les chercheurs ont affirmé être les premiers à étudier le lien entre l’éperon polaire nord et la région éloignée. Ils ont précisé que la plupart des précédentes études ne les avaient examinées que séparément.
Comme précisé plus haut, nous connaissons ces deux structures (radio) depuis un certain temps, depuis les années 1960 en fait, mais elles sont difficiles à étudier. En effet, il est très difficile de déterminer la distance exacte à laquelle elles se trouvent : les distances varient entre des centaines et des milliers d’années-lumière.
Carte illustrée de la galaxie de la Voie lactée montrant la position et la taille des filaments proposés. L’encart montre une vue plus détaillée des environnements locaux, ainsi que la position de la bulle locale et de divers nuages de poussière proches (NASA/ JPL-Caltech/ R. Hurt/ SSC/ Caltech/ Jennifer West).
Jennifer West et ses collègues ont pu montrer que les deux régions, et les boucles radio proéminentes dans l’espace qui les sépare, pouvaient être liées, ce qui a permis de résoudre bon nombre des problèmes déconcertants associés à ces deux régions.
À l’aide de modèles et de simulations, les chercheurs ont déterminé à quoi ressemblerait le ciel radio si les deux structures étaient reliées par des filaments magnétiques, en jouant sur des paramètres tels que la distance pour déterminer le meilleur ajustement.
L’équipe a ainsi pu déterminer que la distance la plus probable des structures par rapport au système solaire est d’environ 350 années-lumière, ce qui correspond à certaines des plus proches estimations. Cela inclut une estimation de la distance de l’éperon polaire nord plus tôt cette année, basée sur les données du satellite Gaia, qui a révélé que la quasi-totalité de l’éperon se trouve à moins de 500 années-lumière.
La longueur totale du tunnel modélisé par West et son équipe est d’environ 1 000 années-lumière.
Ce modèle est en accord avec un large éventail de propriétés observées de l’éperon polaire nord et de la région de l’éventail, notamment la forme, la polarisation du rayonnement électromagnétique (c’est-à-dire la façon dont l’onde est courbée) et la luminosité.
Cette image tirée de l’étude montre le tunnel à 30 GHz. L’éperon polaire nord se déploie vers le haut et à droite, tandis que la région de l’éventail se trouve à gauche. (West et Coll./ Astrophysical Journal)
D’autres travaux seront nécessaires pour confirmer les résultats, puis modéliser la structure plus en détail. Mais cela pourrait aider à résoudre un mystère encore plus grand : la formation et l’évolution des champs magnétiques dans les galaxies, et la façon dont ces champs sont maintenus. Selon les chercheurs, cela pourrait également fournir un contexte pour la compréhension d’autres structures magnétiques filiformes trouvées autour de la galaxie.
L’équipe prévoit d’effectuer une modélisation plus complexe, mais, selon eux, des observations plus sensibles et à plus haute résolution permettraient de révéler des détails cachés qui montrent comment la structure s’intègre dans le contexte galactique plus large.
Selon Jennifer West :
Les champs magnétiques n’existent pas de manière isolée. Ils doivent tous être connectés les uns aux autres. La prochaine étape consiste donc à mieux comprendre comment ce champ magnétique local se connecte à la fois au champ magnétique galactique à plus grande échelle et aux champs magnétiques à plus petite échelle de notre Soleil et de la Terre.
L’étude publiée dans l’Astrophysical Journal : A Unified Model for the Fan Region and the North Polar Spur: A bundle of filaments in the Local Galaxy et présentée sur le site de l’Université de Toronto : U of T astronomer’s research suggests ‘magnetic tunnel’ surrounds our solar system.