Les tours de magie ne fonctionnent pas pour tous les oiseaux
Une nouvelle étude a récemment souligné que les Geais des chênes ne sont pas aussi perméables aux tours de magie que les humains. Ces oiseaux, et d’autres tout aussi intelligents, utilisent fréquemment des tactiques semblables à des tours de passe-passe pour garder la nourriture cachée dans leur bec et à l’abri d’éventuels pilleurs, ce qui ajoute un autre niveau d’intrigue quant à leur réaction à la magie réalisée par un humain.
Image d’entête : geai des chênes en milieu naturel. (Jack Seed/ Animalia)
Pour Elias Garcia-Pelegrin, psychologue à l’université de Cambridge (Royaume-Uni), le tour de magie est efficace, car il viole les attentes de chacun. Il est donc intéressant d’appliquer ces effets pour vérifier si les attentes d’autres cerveaux sont semblables à celles des humains.
Une série de tests impliquant à la fois des oiseaux et des humains a montré que les geais se laissaient moins facilement duper que les humains par des tours de magie impliquant un mouvement attendu au lieu du mouvement réel, ce qui indique qu’ils ne s’attendent pas à des actions comme la préhension/ saisie comme le font les humains.
Plus précisément, six geais des chênes ou Garrulus glandarius et 80 personnes ont assisté à un tour de magie au cours duquel un ver, un aliment délicieux pour les geais, passait ou non entre deux mains.
Les oiseaux et les participants humains étaient ensuite invités à préciser où, selon eux, le ver avait atterri, les espèces d’oiseaux en question ayant été entraînées à picorer le poing qui tenait la nourriture.
Un geai fait un choix après un tour de passe-passe pour cette étude. (Elias Garcia-Pelegrin)
Trois tactiques ont été présentées : l’une consiste à transférer la nourriture avec la paume de la main, l’autre utilise des gestes et des mouvements factices pour faire croire que quelque chose a bougé alors que ce n’est pas le cas, et la troisième, la passe rapide utilisant des mouvements très rapides comme principale tromperie.
Les humains participant à la recherche ont largement été bernés par les trois tours de magie, mais les oiseaux n’ont été trompés que par la méthode de la passe rapide.
Une série de critères d’essai impliquant le mouvement de passe a été réalisée lentement : à moins que les geais ne voient le ver passer physiquement d’une main à l’autre, ils pensaient qu’il n’avait pas été transféré.
Les résultats de l’étude intitulée (lien plus bas) suggèrent que les geais pourraient avoir des attentes différentes de celles des humains lorsqu’ils observent de telles tactiques de transfert.
Si ces résultats sont utiles pour les magiciens qui auraient une représentation dans une volière, ils montrent également comment les angles morts de la perception peuvent différer d’une espèce à l’autre et permettent de mieux comprendre comment ces types de processus cognitifs ont pu se développer et progresser chez différents animaux.
Geai des chênes. (Mark Medcalf/ Animalia)
Selon cette étude, la prochaine étape consistera à déterminer précisément ce qui se passe, si les différences sont liées à la manière dont les oiseaux perçoivent ce qui se passe ou s’ils ne prêtent pas suffisamment attention.
Les chercheurs ont alors suggéré qu’une plus grande sélection d’oiseaux serait utile la prochaine fois pour confirmer ce qui a été observé ici.
Dans leurs recherches, les chercheurs écrivent que leurs résultats montrant que les geais des chênes ne parvenaient pas à percevoir les mouvements rapides ont soulevé l’intrigante question de savoir si ces oiseaux dépendent eux-mêmes de ces limitations lorsqu’ils chapardent ou protègent les caches des soi-disant » congénères voleurs » ou des membres de la même espèce.
À terme, les auteurs de l’étude cherchent à mettre au point des tours de passe-passe adaptés aux oiseaux, sans parler de la façon dont ils voient le monde. Ils envisagent de mettre au point des tours qui permettraient d’en savoir plus sur la façon dont ces créatures voient et interprètent le monde qui les entoure.
Les effets magiques, concluent les chercheurs, peuvent offrir une méthodologie permettant d’examiner les déficiences de la perception et de l’attention chez les humains et les non-humains et offrent des possibilités uniques de mettre en évidence les contraintes cognitives dans les divers esprits des animaux.
L’étude publiée dans PNAS : Exploring the perceptual inabilities of Eurasian jays (Garrulus glandarius) using magic effects.
Un tour de magie n’est pas juste un geste, il y a d’autres facteurs très importants pour qu’il marche :
– L’effet idyllique (impression d’impossible, mise en scène)
– Le mouvement vrai (gestuelle naturelle)
– Le mouvement minimal (fluide)
– Le référent logique (faire passer l’illusion pour logique)
« Magie virtuelle », Daniel Rhod, Editions Joker Deluxe, 1998.
Les oiseaux n’ont pas la même empathie avec le magicien qu’un humain, il se peut que cela joue aussi sur la perception (?)