Des scientifiques identifient quatre types distincts de la maladie d’Alzheimer et leurs effets
Une nouvelle étude internationale a mis en évidence quatre profils distincts dans la propagation des protéines toxiques dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Les résultats indiquent que ces modèles correspondent à des symptômes spécifiques, et les chercheurs supposent que ces quatre variantes pourraient répondre à des traitements différents.
La recherche s’est concentrée sur l’accumulation et la propagation d’une protéine toxique dans le cerveau appelée tau. Avec la bêta-amyloïde, une autre protéine connue pour être impliquée dans la neurodégénérescence, la propagation de la protéine tau a été associée au déclin cognitif observé dans la maladie d’Alzheimer.
L’imagerie par tomographie par émission de positons (TEP) a été utilisée pour surveiller la concentration de tau et les modèles de propagation dans le cerveau de plus de 1 000 sujets. La cohorte couvrait tout le spectre des patients atteints par la maladie d’Alzheimer, depuis ceux qui ne présentent pas encore de symptômes de déclin cognitif jusqu’à ceux qui sont à un stade avancé de la démence.
Selon Jacob Vogel, auteur principal de la nouvelle étude :
Contrairement à la façon dont nous avons jusqu’à présent interprété la propagation de la protéine tau dans le cerveau, ces résultats indiquent que le processus pathologique de cette protéine varie selon au moins quatre schémas distincts. Cela suggère que la maladie d’Alzheimer est une maladie encore plus hétérogène qu’on ne le pensait auparavant.
Les quatre différents modèles de propagation de la protéine tau détectés dans cette nouvelle étude. (Jacob Vogel)
Les quatre variations de la propagation de la protéine tau correspondaient clairement aux effets symptomatiques. Ces quatre variantes étaient également réparties de manière assez homogène dans la cohorte, ce qui signifie qu’elles étaient toutes communes et qu’il n’existe probablement pas un seul type dominant de maladie d’Alzheimer.
La variante 1 était la plus répandue, détectée dans 33 % des cas. Ce modèle de propagation de la protéine tau était principalement situé dans le lobe temporal et influençait la mémoire.
La variante 2, quant à elle, présentait une plus grande propagation de la protéine tau dans d’autres parties du cortex cérébral. Environ 18 % des cas présentaient ce type de propagation et se manifestaient par des difficultés dans les fonctions exécutives telles que l’autorégulation et la concentration.
La variante 3, le deuxième sous-type le plus répandu, a été observée dans 30 % des cas. Elle présente des accumulations de tau distinctes dans le cortex visuel. Les symptômes de cette variante comprenaient des difficultés à distinguer les distances, les formes, les contours et l’orientation générale.
La dernière variante décrite dans l’étude a vu une propagation asymétrique de la protéine tau dans l’hémisphère gauche du cerveau. Cette variante, qui affecte principalement les compétences linguistiques, a été détectée dans 19 % des cas.
Selon Oskar Hansson, de l’université de Lund et auteur correspondant de l’étude :
Étant donné que les différentes régions du cerveau sont affectées différemment dans les quatre sous-types de la maladie d’Alzheimer, les patients présentent des symptômes et des pronostics différents. Cette connaissance est importante pour les médecins qui évaluent les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, et elle nous amène également à nous demander si les quatre sous-types pourraient répondre différemment à différents traitements.
Ce n’est pas la première recherche à diviser la maladie d’Alzheimer en différents sous-types. Actuellement, la maladie n’est classée que comme Alzheimer à début précoce ou Alzheimer à début tardif, et une étude marquante de 2018 a présenté six catégories de maladies différentes basées sur des caractéristiques cognitives et génomiques spécifiques.
Une étude plus récente sur les tissus cérébraux a divisé la maladie en trois sous-types moléculaires différents. Cependant, jusqu’à présent, il a été difficile de traduire ces résultats en un outil de diagnostic potentiel.
L’un des points forts de cette nouvelle étude est la manière de prendre un outil d’imagerie cérébrale accessible et de l’utiliser pour catégoriser les accumulations de tau parallèlement à la présentation des symptômes chez un grand nombre de patients. Les chercheurs notent avec prudence que des travaux de suivi sont nécessaires pour valider ces modèles sur des périodes plus longues, mais il semble de plus en plus clair que la maladie d’Alzheimer est beaucoup plus diversifiée qu’on ne le pensait auparavant.
Selon Vogel :
Nous avons maintenant des raisons de réévaluer le concept d’Alzheimer typique et, à long terme, les méthodes que nous utilisons pour évaluer la progression de la maladie.
L’étude publiée dans Nature Medicine : Four distinct trajectories of tau deposition identified in Alzheimer’s disease et présentée sur le site de l’Université de Lund : Alzheimer’s disease is composed of four distinct subtypes.