Des virus tueurs de superbactéries peuvent rendre ces dernières à nouveau sensibles aux antibiotiques
Les virus retiennent actuellement l’attention du monde entier, mais nous ne devons pas ignorer la menace croissante que les bactéries représentent également pour la santé. Ces astucieuses créatures sont résistantes aux antibiotiques, ce qui signifie que nos meilleurs médicaments pourraient bientôt ne plus fonctionner. Des chercheurs australiens ont trouvé un moyen de contourner la résistance aux médicaments de ces bactéries multirésistantes, ou « superbactéries » en les distrayant avec des virus prédateurs.
Les antibiotiques ont constitué l’une des plus importantes percées médicales du XXe siècle, sauvant d’innombrables vies en éliminant des infections qui auraient pu être mortelles auparavant. Malheureusement, nous sommes depuis lors pris dans une course aux armements biologiques, les bactéries développant de mieux en mieux leurs défenses contre les médicaments.
Comme pour l’image d’entête, la forme typique d’un phage ou bactériophage. (Wikimédia)
Et la situation tourne lentement en leur faveur. Notre dernière ligne de défense commence déjà à faiblir, certaines bactéries étant désormais insensibles à tout ce que nous pouvons leur faire subir. Des études ont prédit que si cette tendance se poursuit, les superbactéries pourraient tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an d’ici 2050.
Dans le but de trouver de nouveaux traitements, des scientifiques commencent à revenir à d’anciennes idées écartées. En tête de liste figure la phagothérapie, qui utilise des bactériophages, de minuscules virus qui ne s’attaquent qu’aux bactéries, pour chasser les superbactéries. Comme les antibiotiques ont été découverts peu après la découverte des phages, il n’a jamais été nécessaire de développer davantage la thérapie par les phages. Jusqu’à présent, il n’était pas nécessaire de développer davantage la thérapie par les phages.
Pour cette nouvelle étude, des chercheurs de l’université Monash (Australie) ont entrepris de trouver un phage qui ciblerait et tuerait une superbactérie appelée Acinetobacter baumannii. Cette bactérie opportuniste, souvent contractée dans les hôpitaux, est actuellement la priorité numéro un sur la liste des cibles de l’Organisation mondiale de la santé.
La superbactérie Acinetobacter baumannii au microscope électronique. (Janice Carr/ CDC)
L’équipe a identifié un phage dans les eaux usées qui a presque complètement éliminé l’A. baumannii lors de tests de culture en laboratoire. Malheureusement, l’effet fut de courte durée, et il n’a fallu que quelques heures avant que la bactérie ne développe une résistance aux phages. Mais il y a un aspect intrigant à cette histoire : en développant une résistance aux phages, la bactérie est redevenue vulnérable aux antibiotiques.
Via microscopie électronique à balayage des bactériophages attaquant une bactérie intestinale E. coli. (E.Buil)
Selon Gordillo Altamirano, auteur principal de l’étude :
L’A. baumannii produit une capsule, une couche extérieure visqueuse et collante qui la protège et empêche l’entrée des antibiotiques. Nos phages utilisent cette même capsule comme point d’entrée pour infecter la cellule bactérienne. Dans un effort pour échapper aux phages, A. baumannii arrête de produire sa capsule ; et c’est alors que nous pouvons le frapper avec les antibiotiques qu’il utilisait pour résister.
Lors de tests, la thérapie par les phages a permis de resensibiliser la bactérie à au moins sept antibiotiques différents auxquels elle était autrefois résistante. La phagothérapie s’est révélée efficace lors de tests sur des souris, ce qui laisse espérer que les deux méthodes pourraient fonctionner en combinaison à l’avenir.
L’étude publiée dans Nature Microbiology : Bacteriophage-resistant Acinetobacter baumannii are resensitized to antimicrobials et présentée sur le site de l’université Monash : Superbugs have an arsenal of defences – but we’ve found a new way around them.