Les objets fabriqués par les humains surpassent désormais tous les êtres vivants de la Terre
Depuis le début de la révolution industrielle, nous avons fabriqué pas mal de choses, mais nous avons peut-être un peu dépassé les limites en (de) la matière…
Selon une nouvelle étude (lien plus bas), les objets fabriqués par l’humain pèsent maintenant à peu près autant que tous les êtres vivants sur Terre et pourraient même les dépasser cette année.
L’humanité est progressivement devenue une force dominante dans le façonnement de la surface de la Terre. Ses impacts ont été si brusques et considérables qu’il a été proposé de rebaptiser l’époque géologique actuelle, l’Holocène, en Anthropocène. Le mot vient du grec Anthropos, pour « homme », et cène pour « nouveau ». Par nos actions, nous avons donc en gros inauguré une nouvelle ère géologique.
Cela a conduit les chercheurs de l’Institut Weizmann des sciences d’Israël à se demander quelle est la quantité de matériel produite par les activités humaines, et comment celle-ci se compare à la biomasse naturelle globale. Ils avaient déjà publié une estimation de la quantité de biomasse sur Terre et ils ont maintenant décidé d’aller plus loin, en examinant les objets artificiels et en les comparant avec la masse naturelle.
Selon deux des auteurs de l’étude, Emily Elhacham et Ron Milo :
L’étude fournit une caractérisation quantitative symbolique et basée sur la masse de l’Anthropocène. Compte tenu des preuves empiriques sur la masse accumulée des artefacts humains, nous ne pouvons plus nier notre rôle central dans le monde naturel.
Pour cette étude, les chercheurs ont divisé tous les objets fabriqués par les humains en six catégories principales : le béton, les agrégats (ou granulat, comprenant les matériaux comme le gravier), les briques, l’asphalte, les métaux et les « autres » matériaux, qui comprennent le plastique, le bois utilisé pour la construction, le papier et le verre. Ils n’ont pas pris en compte les déchets dans leurs calculs, ce qui signifie que la masse totale fabriquée par les humains est déjà plus élevée que celle calculée par les chercheurs.
Ils ont constaté que tous les objets fabriqués pèsent environ 1,1 millier de milliards de tonnes (1,1 x 1015 kg). Cela équivaut au poids sec combiné de toutes les plantes, animaux, champignons, bactéries, archées et protistes de la planète.
A partir de l’étude, le tracé des matériaux naturels et artificiels, par masse sèche, se croise vers cette décennie. (Emily Elhacham et Col./ Nature)
Pour cette échelle de comparaison, l’humanité agit sur deux fronts : il ne s’agit pas seulement de la construction d’objets fabriqués artificiellement, mais aussi de la destruction de paysages naturels. Depuis la première révolution agricole, l’humanité a réduit de moitié environ la masse des plantes, qui est passée d’environ deux tératones (2 x 1015 kg) à la valeur actuelle d’environ 1,1 tératonne. La masse totale des cultures domestiquées est largement compensée par la perte de masse végétale résultant de la déforestation et d’autres changements d’utilisation des terres. Il est évident qu’une forêt saine avec de grands arbres dépasse largement la même taille couverte par du blé ou d’autres plantes agricoles.
Et cela ne s’arrête pas là non plus. Les chercheurs estiment que l’année 2020 pourrait être celle où la masse créée par l’humain dépassera le poids total de la biomasse. La masse que nous produisons est de 30 gigatonnes par an. Cela signifie que des matériaux dépassant le poids corporel de chaque personne sur la planète sont produits chaque semaine.
Selon les chercheurs :
Les impacts des activités humaines ont été si brusques et considérables qu’il a été proposé de rebaptiser l’époque géologique actuelle Anthropocène. Notre étude justifie cette proposition de manière rigoureuse et quantitative. En parallèle, elle ajoute une autre dimension à cette discussion, une démarcation symbolique et quantitative de la transition vers notre époque.
Bien que les scientifiques qualifient cette découverte de symbolique, ils soutiennent que cette “balise” offre à l’humanité une chance de réexaminer comment nous en sommes arrivés là et à quoi ressemblera l’avenir. C’est un message fort pour tous et cela attire l’attention sur la façon dont les sociétés modernes pourraient se développer durablement dans un avenir proche.
L’étude publiée dans Nature : Global human-made mass exceeds all living biomass et présentée sur le site de l’Institut Weizmann des sciences : The Mass of Human-Made Materials Now Equals the Planet’s Biomass.