Une étude révèle comment l’exercice physique renforce la capacité de certaines cellules immunitaires à tuer les cellules cancéreuses
Nous savons que l’exercice est bon pour le corps et l’esprit et, depuis des années, les chercheurs constatent une corrélation distincte entre l’exercice physique et des taux plus faibles d’incidence du cancer. Mais on ne sait pas exactement comment l’exercice physique peut aider directement le corps à lutter contre le cancer. Une étude menée par des chercheurs du Karolinska Institutet en Suède a découvert que l’exercice physique peut renforcer la capacité de certaines cellules immunitaires à tuer les cellules cancéreuses.
Image d’entête : micrographie de cellules de lymphocytes T (immunité cellulaire) se liant à une cellule cancéreuse de la prostate. (Steve Gschmeissner/Science Source)
Une vaste et solide étude menée en 2016 a fourni des preuves parmi les plus convaincantes à ce jour, affirmant le lien entre une incidence plus faible de cancer et l’activité physique. Les recherches ont mis en commun les données de plus d’un million d’adultes pour trouver une corrélation entre des niveaux d’exercice plus élevés et des taux plus faibles de 13 types de cancer courants.
L’année suivante, une grande revue systématique de 100 études publiées a révélé que les patients atteints de cancer qui faisaient de l’exercice physique avaient de meilleurs résultats que ceux qui n’en faisaient pas. Ces résultats ont montré que le sport peut non seulement prévenir l’apparition de certains cancers, mais aussi aider l’organisme à mieux se défendre.
Mais une grande question demeure … Comment l’exercice pourrait-il améliorer la capacité du corps à chasser et à détruire les cellules cancéreuses ?
Cette nouvelle étude s’est concentrée sur une cellule immunitaire particulière appelée lymphocyte T cytotoxique. Aussi appelées cellules T tueuses, ce sont les agents du corps pour la lutte contre le cancer. L’hypothèse qui sous-tend la recherche est que l’exercice physique produit certains métabolites qui améliorent la fonction de ces cellules tueuses de cancer.
Grâce à une série de tests sur des animaux, la nouvelle étude révèle que ces lymphocytes T cytotoxiques sont effectivement influencés positivement par l’exercice. Une expérience a même permis de transférer des cellules T de souris exercées à des souris non entraînées et de constater une amélioration des réactions de réduction des tumeurs.
L’étape suivante consistait à étudier comment l’exercice modifie le comportement des cellules T. Les chercheurs se sont penchés sur un certain nombre de métabolites produits par les muscles pendant l’exercice et libérés dans la circulation sanguine. Il s’est avéré que ces métabolites influençaient considérablement l’activité des cellules T.
Le lactate, en particulier, a été considéré comme renforçant considérablement l’activité des cellules T. Une petite expérience consistant à administrer directement du L-lactate de sodium à des souris a permis d’augmenter l’activité des lymphocytes T et de réduire davantage la croissance des tumeurs. Cependant, l’étude est prudente pour noter que l’influence métabolique de l’exercice sur le cancer est due à d’autres facteurs que la seule libération de lactate.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Ces résultats indiquent que l’infusion de lactate imite certains des effets de l’exercice, mais que l’exercice a des composantes supplémentaires, intégratives, au-delà de la simple augmentation des niveaux de lactate.
Helene Rundqvist, première auteure de la nouvelle étude, suggère que ces résultats offrent des informations clés sur les mécanismes qui sous-tendent les bienfaits de l’exercice physique pour lutter contre le cancer. Et si ces résultats sont certainement intéressants sur le plan académique, ils offrent également aux chercheurs de nouvelles pistes riches d’enseignements. La mise au point de nouvelles immunothérapies qui exploitent l’activité des cellules T induite par l’exercice physique pourrait permettre à l’avenir de proposer de nouveaux et puissants traitements aux patients atteints de cancer.
Selon Rundqvist :
Nos recherches montrent que l’exercice affecte la production de plusieurs molécules et métabolites qui activent les cellules immunitaires luttant contre le cancer et inhibent ainsi la croissance du cancer. Nous espérons que ces résultats pourront contribuer à une meilleure compréhension de l’impact de notre mode de vie sur notre système immunitaire et éclairer le développement de nouvelles immunothérapies contre le cancer.
L’étude publiée dans eLife : Cytotoxic T-cells mediate exercise-induced reductions in tumor growth et présentée sur le site du Karolinska Institutet : Study shows how exercise stalls cancer growth through the immune system.