Le changement climatique pousse les espèces marines à migrer vers les pôles et cela beaucoup plus rapidement que les espèces terrestres
L‘augmentation des températures, la modification du cycle des précipitations et les changements dans la végétation, qui sont tous des effets directs d’un monde plus chaud, modifient l’aire de répartition et la distribution de nombreuses espèces. Elles sont maintenant contraintes de fuir leurs habitats habituels pour trouver des sites plus adaptés.
Illustration d’entête par Luisa Rivera / Université Yale.
Cela ne se produit pas de la même manière pour toutes les espèces. Les animaux marins se déplacent en fait 6 fois plus vite vers les pôles que les animaux terrestres, selon une récente méta-analyse qui a comparé plus de 30 000 changements d’habitat chez plus de 12 000 espèces.
Pour les chercheurs d’université française (Ifremer, Université Toulouse III – Paul Sabatier, Université de Picardie Jules Vern, CNRS), les espèces terrestres se rapprochent des pôles à mesure que la planète se réchauffe, mais ce déplacement se fait « à un rythme beaucoup plus lent que prévu, en particulier dans les régions où le climat est chaud”. A contrario, les espèces marines suivent les changements thermiques mondiaux de beaucoup plus près, ont-ils affirmé.
Elles se déplacent vers les pôles à un rythme moyen de 6 kilomètres par an, tandis que les animaux terrestres ont un rythme de près de 1,8 mètre par an, ce qui est plus rapide que les estimations précédentes, mais reste beaucoup plus lent que les espèces marines. Cela pourrait être dû à la sensibilité de l’air. Celui-ci transporte la chaleur moins efficacement que l’eau et les animaux terrestres peuvent facilement réguler leur température corporelle.
Cela signifie que les espèces marines sont plus sensibles aux changements de température sur la planète dus au réchauffement climatique. Dans le même temps, les animaux dans l’eau sont capables de migrer plus facilement lorsqu’ils le doivent, alors que sur terre, le mouvement des animaux est plus difficile en raison des activités humaines et de la géographie.
Lorsque les animaux sont soumis à un degré élevé de perturbations dues aux activités humaines, les chercheurs ont constaté qu’ils avaient tendance à se déplacer à contre-courant et non avec le courant thermique. Ceci est conforme à l’idée générale selon laquelle l’utilisation des terres et le changement climatique peuvent forcer les espèces à aller dans des directions opposées.
Selon les chercheurs :
La perte et la fragmentation de l’habitat dues aux changements d’utilisation des terres peuvent entraver la capacité des espèces terrestres à suivre les isothermes changeantes. Ces interactions complexes doivent être prises en compte pour améliorer les scénarios de redistribution de la biodiversité et ses conséquences sur le bien-être humain.
Ils affirment que le fait que la vie marine suive de près les changements de température pourrait avoir de grandes répercussions, dont certaines ont déjà été observées dans le monde. Pendant l’extinction Permien-Trias, l’événement le plus désastreux de l’histoire de la Terre, très peu d’organismes marins sont restés dans le même habitat alors que le niveau d’oxygène diminuait.
Aujourd’hui, les animaux se dirigent déjà vers les pôles et risquent de manquer d’eau plus fraîche, se faisant concurrence. Cela se produit également sur terre, les animaux remontant dans les montagnes. Mais dans l’eau, ce phénomène semble se produire plus rapidement, selon les chercheurs qui prédisent :
La pêche commerciale pourrait accélérer le déplacement de la distribution des espèces marines par l’épuisement des ressources et les effondrements de population en bord de mer, alors que de faibles contraintes de dispersion dans les océans pourraient permettre aux espèces marines vivant près de leurs limites thermiques supérieures de mieux suivre le réchauffement climatique en bord de mer.
L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : Species better track climate warming in the oceans than on land et présentée sur le site du CNRS : Un, deux, trois, Soleil ! Les espèces marines devancent les espèces terrestres dans la course au réchauffement.