La planète qui ressemble le plus à la Terre se cachait dans de vieilles données du télescope spatial Kepler
Un réexamen des premières données renvoyées par la mission Kepler de la NASA a révélé l’une des exoplanètes ressemblant le plus à la Terre découvertes jusqu’à présent. Située à 300 années-lumière, elle est légèrement plus grande que la nôtre, sa température est estimée similaire et elle orbite autour de la zone habitable de son étoile.
Image d’entête : comparaison entre la taille de la Terre et celle de Kepler-1649c. (NASA/ Ames Research Center/ Daniel Rutter)
Comme fouiller les poches d’un vieux blouson à la recherche d’argent liquide, la réévaluation d’anciennes données scientifiques peut souvent apporter de remarquables résultats. Les données renvoyées par le télescope spatial Kepler de la NASA en sont un bon exemple. Bien que l’observatoire orbital ait été mis hors service en 2018, les informations qu’il a recueillies en disent toujours long aux scientifiques sur les planètes (exoplanète) en orbite autour d’étoiles situées en dehors du système solaire.
Selon la NASA, Kepler-1649c a été ignoré lors de l’analyse initiale, mais ce n’est pas dû à une négligence. Kepler recherchait des exoplanètes en mesurant les chutes dans les courbes de lumière de diverses étoiles (méthode du transit). Cette diminution de la luminosité peut être causée par le passage d’une planète entre l’étoile et Kepler sous la forme d’une mini-éclipse. Cependant, les planètes ne sont pas la seule cause de ces variations. D’autres phénomènes, tels que la variabilité naturelle de l’étoile ou le passage de nuages de poussière cosmique, peuvent produire ce que l’on appelle un faux positif dans 88 % des cas.
Représentation de la méthode de détection par transit.
Pour éviter ces faux positifs et accélérer l’analyse, la NASA a utilisé un algorithme informatique appelé Robovetter. L’agence spatiale s’est très vite rendu compte que cette approche n’était pas parfaite, elle a donc créé le groupe de travail sur les faux positifs de Kepler (Kepler False Positive Working Group), chargé d’examiner les données de Kepler à l’aide d’un “peigne informatique” plus fin pour voir quels faux positifs sont réellement de faux négatifs. En d’autres termes, des exoplanètes mal identifiées.
Avec Kepler-1649c, le groupe a touché le jackpot avec l’analogue de la Terre le plus proche jamais découvert. L’exoplanète rocheuse n’est que 1,06 fois plus grande que la Terre et elle reçoit 75 % de la lumière de son soleil, ce qui signifie qu’elle pourrait avoir une température similaire, bien que la composition de l’atmosphère de la planète reste inconnue, ce qui pourrait affecter sa température. Plus important encore, son orbite se trouve dans la zone habitable de l’étoile Kepler-1649. C’est-à-dire la zone où de l’eau liquide peut exister à la surface d’une planète.
Représentation artistique de l’exoplanète Kepler-1649c en orbite autour de son hôte, l’étoile naine rouge. (NASA/ Ames Research Center/ Daniel Rutter)
Selon la NASA, bien que certaines exoplanètes soient plus proches de la Terre en termes de taille et d’autres en termes de température, et qu’un certain nombre aient été trouvées à l’intérieur de la zone habitable de leur étoile, c’est la première à correspondre aussi étroitement dans ces trois catégories critiques.
Cependant, l’agence souligne que Kepler-1649c n’est peut-être pas si accueillante que ça. Son étoile, dont elle fait le tour tous les 19,5 jours terrestre, est une naine rouge. C’est un type d’étoile qui a tendance à produire des éruptions stellaires mortelles chargées de radiations. De plus, les calculs utilisés ont une très grande marge d’erreur qui pourrait affecter l’habitabilité.
Du côté positif, l’orbite de la planète semble stable, elle devrait donc avoir une longue durée de vie, et les naines rouges sont le type d’étoile le plus courant dans notre galaxie, ce qui suggère que de telles planètes semblables à la Terre sont également très courantes.
Représentation artistique de ce à quoi pourrait ressembler l’exoplanète Kepler-1649c à sa surface. (NASA/ Ames Research Center/ Daniel Rutter)
Selon Andrew Vanderburg, chercheur à l’université du Texas à Austin (Etats-Unis) :
Plus nous obtenons de données, plus nous voyons de signes indiquant que les exoplanètes potentiellement habitables et de la taille de la Terre sont courantes autour de ces types d’étoiles. Avec des naines rouges presque partout dans notre galaxie, et ces petites planètes potentiellement habitables et rocheuses autour d’elles, il y a de fortes chances que l’une d’entre elles ne soit pas trop différente de notre Terre, qui semble un peu plus brillante.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal : A Habitable-zone Earth-sized Planet Rescued from False Positive Status et présentée sur le site du Jet Propulsion Laboratory de la NASA : Earth-Size, Habitable-Zone Planet Found Hidden in Early NASA Kepler Data.