Seul 1% de visible : où est le reste du plastique qui devrait être dans nos océans ?
Du plastique qui entre dans les océans de la Terre chaque année, seulement 1% a été observé flottant à la surface. Mais de nouvelles recherches suggèrent que le plastique océanique est transporté et poussé en permanence sur la terre ferme, loin du bord de l’eau, où il est souvent emprisonné dans la végétation.
Des recherches menées par des scientifiques australiens du Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO), ont permis de découvrir qu’environ 90 % des débris marins qui pénètrent dans l’océan restent dans la « zone littorale » (la zone de l’océan située à moins de 8 km de la côte). Cette nouvelle étude avait pour but de découvrir ce qu’il advenait de ces débris.
Les chercheurs ont concentré leur recherche sur le littoral australien en collectant énormément de données sur la quantité et les zones de pollution plastique tous les 100 kilomètres, dans 188 zones autour des côtes australiennes entre 2011 et 2016. Les chercheurs précisent que des tendances similaires sont observables dans d’autres pays, comme dans la région Asie-Pacifique et au-delà.
Selon Britta Denise Hardesty et Chris Wilcox du CSIRO, à l’origine de cette étude :
Les débris étaient un mélange de déchets humains et de dépôts provenant de l’océan. Les concentrations les plus élevées de pollution plastique ont été trouvées le long des côtes,des zones vers le bord intérieur de la plage, où la végétation commence. Plus nous nous éloignions du bord de l’eau, plus nous trouvions de débris.
La quantité de débris marins, et l’endroit où ils aboutissent sont influencés par l’activité des vagues côtières et, dans une moindre mesure, par l’activité du vent. Les zones densément peuplées et celles où la côte est facilement accessible sont des points chauds pour les plastiques emprisonnés.
Les vagues, le vent et les zones à forte densité de population humaine influencent l’emplacement et la quantité de débris marins le long de nos côtes. CSIRO
Les chercheurs ont également trouvé davantage de débris près des zones urbaines où les rivières et les ruisseaux se jettent dans l’océan. Il se peut que nos déchets soient piégés par les cours d’eau avant d’arriver à la mer.
Cette pollution tue et mutile les animaux sauvages lorsqu’ils la prennent pour de la nourriture ou s’y emmêlent. Elle peut endommager les écosystèmes marins fragiles en étouffant les récifs sensibles et en transportant des espèces invasives. Elle constitue également une menace potentielle pour la santé humaine si les toxines contenues dans les plastiques se retrouvent dans la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme. Elle peut également devenir une plaie visuelle, nuisant à l’économie d’une région par la réduction des revenus du tourisme.
Les vagues, le vent et les zones où les populations humaines sont plus denses influencent l’emplacement et la quantité de débris marins le long de nos côtes.
Pour résoudre cet autre problème d’origine humaine, les chercheurs préconisent :
La pollution par les plastiques peut être réduite par des changements locaux tels que des stations de remplissage d’eau, des poubelles, des incitations et des campagnes de sensibilisation. Elle peut également être réduite grâce à des politiques ciblées de gestion des déchets visant à réduire, réutiliser et recycler les plastiques. Nous avons constaté que les systèmes de consigne des conteneurs sont une incitation particulièrement efficace pour réduire la pollution marine.
Ils concluent :
La présence de plastique dans nos océans est en augmentation. Il ressort clairement de nos recherches que les stratégies de gestion des déchets à terre doivent prendre en compte des volumes de pollution bien plus importants que ceux estimés précédemment. Mais la meilleure façon de protéger le plastique de nos océans et de nos terres est d’arrêter d’y déverser du plastique.
L’étude publiée dans Environmental Research Letters : Coastal margins and backshores represent a major sink for marine debris: insights from a continental-scale analysis et les chercheurs décrivent leurs résultats dans un article publié dans The Conversation : For decades, scientists puzzled over the plastic ‘missing’ from our oceans – but now it’s been found.