A conserver en intérieur : les chats tuent jusqu’à 10 fois plus d’animaux sauvages que les prédateurs naturels
Avec les chiens, les chats sont les animaux de compagnie les plus populaires, mais alors que nous sommes nombreux à adorer ces douces boules de poils, les félins de compagnie sont naturellement des tueurs nés qui peuvent faire des ravages dans les écosystèmes.
Image d’entête : l’un des nombreux chats suivit par le biais d’un collier émetteur GPS pour cette étude. (Roland Kays/ Université d’État de Caroline du Nord)
Des chercheurs de l’université d’État de Caroline du Nord et du Musée des sciences naturelles de Caroline du Nord ont distribué des traceurs GPS aux propriétaires d’animaux de compagnie dans six pays, la plupart d’entre eux étant utilisés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
À la fin de l’étude, les chercheurs avaient recueilli des données sur les déplacements et la capture réalisés par 925 chats domestiques, et les résultats furent inquiétants.
Les chats ont tué jusqu’à 10 fois plus d’animaux sauvages qu’un prédateur similaire dans la nature. La plupart des attaques ont eu lieu près de leur domicile, dans un rayon de 100 mètres à l’extérieur dans lequel les chats passent la plupart de leur temps.
Selon Roland Kays, l’auteur principal de l’étude :
Comme ils sont alimentés avec de la nourriture pour chats, les animaux de compagnie tuent moins de proies par jour que les prédateurs sauvages, mais leur domaine vital est si petit que cet effet sur les proies locales finit par se concentrer. Ajoutez à cela la densité anormalement élevée de chats de compagnie dans certaines régions, et le risque pour la population d’oiseaux et de petits mammifères s’aggrave encore.
Auparavant, une étude réalisée en 2013 a montré que les chats de compagnie tuent entre 1 et 4 milliards d’oiseaux chaque année et jusqu’à 22 milliards d’autres mammifères. Inutile de le préciser aux Australiens, qui ont pris des mesures drastiques contre les chats errants.
Toujours selon Kays :
Nous savions que les chats tuaient beaucoup d’animaux, certaines estimations montrent que les chats en Amérique du Nord tuent entre 10 et 30 milliards d’animaux sauvages par an, mais nous ne savions pas dans quelle région cela se produisait, ni comment cela se comparait à ce que nous voyons dans la nature.
Les chercheurs ont calculé le nombre d’animaux tués chaque année par les chats domestiques, avec quelques ajustements puisque toutes les proies ne sont pas ramenées par les félins, et ils ont ensuite divisé ce nombre par la surface sur laquelle ils chassent. Ils ont constaté que les chats domestiques tuaient de 14,2 à 38,9 animaux par 100 hectares, par an, selon le degré de paresse ou d’activité de l’animal. La plupart des dommages écologiques se font dans des habitats perturbés, comme les lotissements, ont rapporté les chercheurs dans leur nouvelle étude (lien plus bas).
À titre de comparaison, un chat de la jungle tue environ 400 proies par mois. Cependant, son aire de répartition est d’environ 600 hectares alors que celle d’un chat domestique est d’environ 3,5 hectares. Lorsque les chercheurs ont fait le calcul, les chats domestiques ont en fait tué 4 à 10 fois plus de proies par unité de surface que leurs homologues sauvages.
Selon le coauteur de l’étude, Rob Dunn :
Parce que l’impact négatif des chats est si local, nous créons une situation dans laquelle les aspects positifs de la faune sauvage, qu’il s’agisse du chant des oiseaux ou des effets bénéfiques des lézards sur les parasites, sont les moins courants là où nous les apprécierions le plus. Les humains trouvent leur bonheur dans la biodiversité, mais nous avons, en laissant les chats aller dehors, involontairement créé un monde dans lequel de telles joies sont de plus en plus difficiles à vivre.
L’étude publiée dans Animal Conservation : The small home ranges and large local ecological impacts of pet cats et présentée sur le site de l’Université d’État de Caroline du Nord : Keeping Cats Indoors Could Blunt Adverse Effects to Wildlife.