Coronavirus 2019-nCoV : origine, rythme de propagation et transmission sans symptôme apparent
Il semble que nous ayons atteint un stade critique dans le confinement du nouveau coronavirus (2019-nCoV). Des villes comptant au total plus de 40 millions d’habitants ont été mises en quarantaine en Chine, des contrôles étant effectués dans plusieurs aéroports du monde entier.
Image d’entête : les autorités sanitaires contrôlent des voyageurs pour détecter le virus apparu à Wuhan, en Chine. (Mast Irham/EPA-EFE)
Un nouvel hôpital est en cours de construction à Wuhan (où le virus semble avoir trouvé son origine), et la vente de toute faune sauvage en Chine a été temporairement interdite.
Photo aérienne prise le 24 janvier 2020 présentant les travaux de construction d’un hôpital spécial dans le district de Caidian, dans la banlieue ouest de Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine centrale. La métropole de Wuhan va suivre le modèle de traitement du SRAS de Pékin pour construire un hôpital spécial destiné à accueillir les patients infectés par l’épidémie de pneumonie causée par le nouveau coronavirus. ((Xinhua/Xiao Yijiu)
Toutefois, malgré ces efforts, plus de 2 000 cas ont déjà été confirmés, et, à ce jour, 80 vies ont déjà été perdues. Les personnes âgées ou celles qui souffraient auparavant de maladies sous-jacentes semblent être particulièrement à risque.
Les symptômes commencent par une fièvre, suivie d’une toux sèche et, parfois, d’un essoufflement. La gravité de la maladie va de la grippe à la pneumonie, et l’hospitalisation est souvent nécessaire, bien qu’il n’existe pas encore de traitement ou de vaccin approuvé.
La Chine n’est pas la seule à être touchée, il y a les États-Unis, l’Inde, le Japon, la Thaïlande et la France. Jusqu’à présent, il semble que toutes les personnes infectées aient été à Wuhan, et on ne sait pas exactement quelle est la probabilité que le virus se propage entre les humains. Cependant, les récentes recherches ajoutent encore aux inquiétudes.
Chez l’homme, la période d’incubation (pendant laquelle la personne est atteinte de la maladie, mais ne développe pas de symptômes) semble être de 1 à 14 jours. Cependant, il semble que même pendant cette période d’incubation, le virus peut encore être transmis, donc les personnes ne présentant aucun symptôme peuvent encore transmettre le coronavirus.
Première image (24/01/2020) au microscope électronique du nouveau coronavirus. (Centers for Disease Control and Prevention)
Il s’agit d’une différence frappante par rapport à l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) de 2003, qui présente de nombreuses similitudes avec celle-ci (les deux sont des coronavirus et présentent des symptômes similaires). Cette épidémie de SRAS en 2003 a tué des centaines de personnes, mais le virus n’était pas contagieux pendant sa période d’incubation. L’Organisation mondiale de la santé n’a toutefois pas réussi à qualifier l’épidémie d’urgence sanitaire mondiale, bien que l’on s’interroge sur la capacité de la Chine à contenir l’épidémie.
L’Organisation mondiale de la santé a publié une série de précautions à suivre pour en limiter la propagation, un exemple :
Jusqu’à présent, seule une poignée de cas ont été signalés en dehors de la Chine. Mais comme le Nouvel An chinois a commencé vendredi, des millions de personnes sont attendues et de leurs familles, ce qui peut potentiellement accélérer la propagation du virus.
Les chercheurs ont également été prompts à recueillir et à publier des données sur le nouveau virus, et une multitude de nouvelles études ont déjà été publiées sur le virus et l’épidémie. Grâce à ces études, par exemple, nous savons que la plupart des personnes infectées avaient visité le marché des fruits de mer où la maladie a débuté, beaucoup étaient en bonne santé et 73 % étaient des hommes. Toutes les personnes admises à l’hôpital avaient une pneumonie. Mais il reste des questions cruciales sans réponse.
Selon les chercheurs de l’université de Hong-kong dans un éditorial de la revue scientifique Lancet :
Il y a encore de nombreuses lacunes dans notre compréhension. Il est important de noter que l’exposition et l’infection possible des travailleurs de la santé restent extrêmement préoccupantes.
A partir de deux précédentes études de l’université de Hong-kong publiées dans The Lancet :
Les coronavirus (ici sous microscope électronique) tirent leur nom de leur halo en forme de couronne. (EYE OF SCIENCE/ SPL)
On pense que le virus a d’abord émergé des animaux, bien que des experts tentent encore de trouver son origine. Une étude récente de chercheurs de l’école de médecine de l’université de Pékin a conclu qu’il pouvait provenir de serpents (publiée dans The Journal of Medical Virology : Homologous recombination within the spike glycoprotein of the newly identified coronavirus may boost cross‐species transmission from snake to human) mais elle a été contestée par d’autres chercheurs. Certains ont plutôt émis l’hypothèse qu’il provenait de chauves-souris ou d’oiseaux.
Ce qui n’est pas en cause, c’est que le virus peut se propager entre humains. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les cas de transmission interhumaine ont été limités à la Chine, bien que certains aient été des cas de « quatrième génération ». En d’autres termes, des personnes sont tombées malades à cause d’une autre personne bien éloignée de la transmission initiale par un animal.
Jeudi, l’Organisation mondiale de la santé a refusé de déclarer l’épidémie comme une urgence de santé publique internationale, mais elle a souligné qu’il s’agissait toujours d’une crise en Chine et dans les pays voisins et que la situation était susceptible de s’aggraver. Et si l’OMS a loué la Chine pour ses premiers efforts d’investigation et d’endiguement de l’épidémie (notamment le partage de la séquence génétique du virus peu après son apparition), elle lui a également demandé de coopérer davantage et de faire preuve de plus de transparence avec l’OMS et d’autres organisations.
Les médias locaux et les dépêches de Chine ont fait état de troubles civils de la part d’habitants contrariés par les tentatives du gouvernement de censurer les médias sociaux entourant l’épidémie, et de nombreux habitants ont accusé le gouvernement de minimiser le bilan du virus. La Chine fut scandaleusement critiquée pour avoir fait de même lors de l’apparition initiale du SRAS sur son territoire en 2002.
Du côté positif, le virus semble toujours être potentiellement moins mortel que ne l’étaient le SRAS ou le Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) lors de leur apparition initiale. Un grand nombre des décès signalés jusqu’à présent concernent des personnes âgées ayant des problèmes de santé sous-jacents. Cela dit, environ un quart des cas signalés ont été considérés comme graves, selon l’OMS.
Chaque patient atteint du virus de Wuhan, officiellement connu sous le nom de coronavirus 2019-nCoV, transmet la maladie à deux ou trois autres personnes en moyenne aux taux de transmission actuels.
C’est ce qu’ont conclu deux analyses scientifiques distinctes de l’épidémie publiées samedi.
L’épidémie du virus de Wuhan va-t-elle continuer à se propager à ce rythme de transmission ?
Cela dépend en grande partie des mesures de contrôle, affirment les scientifiques de l’Imperial College London (Angleterre) qui ont mené ces premières études.
Mais pour véritablement contenir l’épidémie et faire reculer le rythme d’infections, ces mesures de contrôle devraient réussir à empêcher la transmission avec au moins 60% des patients confirmés.
Au moins 80 personnes seraient décédées de l’épidémie de coronavirus à ce jour. Plus de 2000 personnes sont infectées dans le monde, et la plupart d’entre elles se trouvent dans la province chinoise de Hubei, où se trouve la ville de Wuhan.
Selon Neil Ferguson, spécialiste des maladies infectieuses à l’Imperial College London, qui a codirigé l’une des études :
On ne sait pas encore si cette épidémie peut être contenue en Chine. L’équipe de Ferguson suggère que jusqu’à 4 000 personnes à Wuhan étaient déjà infectées au 18 janvier et qu’en moyenne chaque cas en infectait deux ou trois autres.
Une deuxième étude menée par des chercheurs de l’université britannique de Lancaster a également calculé que le taux de contagion était de 2,5 nouvelles personnes en moyenne, infectées par chaque personne déjà infectée.
selon les scientifiques :
Si l’épidémie continue à Wuhan, nous prévoyons qu’elle sera beaucoup plus importante d’ici le 4 février.
Ils estiment que la ville de Wuhan, en Chine centrale, où l’épidémie a commencé en décembre, comptera à elle seule environ 190 000 cas d’infection d’ici le 4 février, et que « l’infection s’installera dans d’autres villes chinoises et les importations vers d’autres pays seront plus fréquentes ».
Les rapports publiés par les scientifiques de l’Imperial College London : Coronavirus outbreak et présentés sur ce même site : Coronavirus outbreak in China may have infected thousands, estimate scientists.
La page de conseils concernant ce coronavirus publiée par L’Organisation mondiale de la santé : Novel Coronavirus (2019-nCoV) advice for the public.
Et le Guru vient de présenter une carte présentant la propagation du virus :
les nombres publiés jusqu’à maintenant de malades chinois ne vous semblent-ils pas très sous-estimés au vu des gigantesques mesures prises ? le problème proviendrait alors de la croissance exponentielle à partir du taux de contamination. Dans les entreprises notamment, le risque infectieux peut être particulièrement élevé dans les milieux confinés de travail comme les bureaux ou ateliers mal aérés : mesures de prévention et de protection du personnel en cas d’ épidémie avérée ! : http://www.officiel-prevention.com/sante-hygiene-medecine-du-travail-sst/service-de-sante-au-travail-reglementations/detail_dossier_CHSCT.php?rub=37&ssrub=151&dossid=556
Bonjour cher Guru,
Je n’ai pas le temps aujourd’hui de lire votre article mais je ne manquerais pas de le faire.
J’ai crée mes propres recommandations (peut être extrêmes) pour se protéger du coronavirus. Dîtes-moi si cela vous paraît sensé. Les voici :
Je pense que pour protéger les personnes fragiles (enfants, personnes âgés, personnes immunodéprimées) il pourrait à mon sens être conseillé pour tout le monde et ce pendant au moins un mois d’éviter les aéroports, le métro (voire les gares de trains), de privilégier les bus ou le vélo; car on pourrait devenir porteurs sains et constituer des foyers de diffusion du virus.
Je pense aussi qu’il faudrait recommander de ne pas porter les mains au visage et se laver fréquemment les mains, tousser ou éternuer dans le pli du coude ou dans l’écharpe pour ne pas contaminer les mains, se moucher avec des mouchoirs jetables à jeter directement à la poubelle, ne pas toucher les rampes d’escaliers, les barres de métro et de bus, se passer une solution désinfectante sur les mains (selon la méthode officielle, moi j’en ai acheté un composé d’acide lactique, je ne sais pas son efficacité?) en sortant de l’école, d’un lieu public, après avoir touché une table (publique), avant de rentrer dans la maison; et aussi recommander à toute personne malade de ne pas faire la bise aux autres ou de porter un masque.
Si l’épidémie se répand il pourrait se poser les mêmes problème pour la restauration collective, la nourriture crue (les fromages et charcuteries vendus au détail)/ fruits et légumes, et les produits de la grande distribution qui pourrait potentiellement se retrouver contaminés sur leur emballage qu’il faudrait désinfecter (ou à défaut les laver à l’eau) avant de les ranger au frigo.
Sachant aussi qu’en France les bus (ceci est valable pour un groupe que je connais) ne sont pas désinfectés, voire nettoyés à fond qu’une fois par mois.
Toutes ces précautions pour les personnes fragiles, et car les virus en général sont persistants sur les surfaces pendant 1 semaine ou 2.
Merci et à bientôt.