Des scientifiques posent des lunettes 3-D sur des seiches pour étudier leur perception en profondeur
Oui, c’est une seiche qui porte des lunettes 3D.
La raison en est qu’elle faisait partie d’un groupe de céphalopodes placé dans des réservoirs particuliers dans le Massachusetts, aux États-Unis, et encouragés à s’attaquer aux vidéos de deux crevettes se déplaçant.
Les réservoirs de cinémas 3D où des seiches portant des lunettes 3D regardent des films. Deux caméras capturent leur comportement par le dessus et le côté. (Trevor Wardill)
Et la raison en est que les scientifiques dirigés par l’université du Minnesota voulaient mieux comprendre comment les seiches déterminent la meilleure distance pour frapper des proies en mouvement.
Les images ont été décalées, ce qui a permis aux chercheurs de déterminer si leurs sujets comparaient les images entre l’œil gauche et l’œil droit afin de recueillir des informations sur la distance à laquelle se trouvent leurs proies. Ce processus de perception binoculaire du relief s’appelle la stéréopsie, et c’est ainsi que les humains déterminent la profondeur.
Image tirée de l’étude : (A) Dispositif expérimental pour le suivi du comportement de chasse de la seiche lorsqu’elle est soumise à un stimulus de proie. (B) Seiches équipées de lunettes colorées 3D anaglyphes expérimentales (voir films S1 et S2). Crédit photo : Rachael Feord, Université de Cambridge. (C) Géométrie de stimulus stéréoscopique pour les trois conditions de disparité. (D) Méthodologie utilisée pour calculer la localisation illusoire de la proie en utilisant (i) la distance entre les images à l’écran (disparité), (ii) la distance interoculaire (mesurée pour chaque animal), et (iii) la distance entre les yeux et l’écran. (R. C. Feord et Coll./ ScienceAdvances)
Selon Trevor Wardill, auteur principal de l’étude :
La façon dont la seiche a réagi aux disparités établit clairement que la seiche utilise la stéréopsie lorsqu’elle chasse.
Lorsqu’un seul œil pouvait voir les crevettes, ce qui signifie que la stéréopsie n’était pas possible, les animaux mettaient plus de temps à se positionner correctement. Lorsque les deux yeux pouvaient voir la crevette, ce qui signifie qu’ils utilisaient la stéréopsie, cela permettait à la seiche de prendre des décisions plus rapidement lorsqu’elle attaquait. Cela peut faire toute la différence pour attraper un repas.
Pour les chercheurs, les résultats sont significatifs, parce qu’ils fournissent une preuve supplémentaire que les calculs cérébraux complexes tels que la stéréopsie ne sont pas exclusifs aux vertébrés d’ordre supérieur.
Selon Rachael Feord, coauteure de l’étude :
Cette étude nous fait franchir un pas de plus vers la compréhension de l’évolution de différents systèmes nerveux pour s’attaquer à un même problème.
L’étape suivante consiste à disséquer les circuits cérébraux nécessaires au calcul de la stéréopsie chez la seiche dans le but de comprendre en quoi cela pourrait être différent de ce qui se passe dans notre cerveau.
L’idée de la présente étude est inspirée d’une étude de 2017 (lien ci-dessous) réalisée par des scientifiques de l’Université de Newcastle qui ont attaché des lunettes 3D sur des mantes religieuses, montrant que les invertébrés ont des neurones qui permettent la vision stéréoscopique.
L’étude publiée dans ScienceAdvances : Cuttlefish use stereopsis to strike at prey et présentée sur le site de l’université du Minnesota : Research Brief: 3D movies reveal how cuttlefish determine distance when striking at prey.