Les macareux utilisent des outils pour se gratter
Des chercheurs ont observé des macareux moines qui se grattaient le dos et la poitrine avec des bâtons, un comportement jusqu’alors inconnu des scientifiques.
Il y a déjà de plus en plus de preuves que certains oiseaux possèdent une intelligence avancée. Les corbeaux de Nouvelle-Calédonie fabriquent des outils perfectionnés, les cacatoès dansent sur la musique et les mésanges se souviennent où elles ont caché des milliers de graines. Mais il reste encore beaucoup de questions sans réponse sur la façon dont l’utilisation des outils se fait, dans quels groupes et pourquoi. Cette recherche ajoute une autre espèce à la liste des utilisateurs d’outils connus, ce qui a surpris les chercheurs. Les oiseaux de mer, écrivent-ils, ne sont pas souvent vus en train d’utiliser des outils.
Selon les chercheurs, dans leur étude publiée la semaine dernière :
En tant que telles, les capacités cognitives des oiseaux de mer ont peut-être été considérablement sous-estimées. Le fait qu’à ce jour, les seuls autres oiseaux observés en train de gratter avec un bâton sont des perroquets, utilisateurs prolifiques d’outils et résolveurs de problèmes, soutient cette hypothèse.
Les chercheurs ont utilisé des caméras activées par le mouvement pour filmer des macareux moines dans deux colonies de l’Atlantique Nord, l’une sur l’île Skomer au Pays de Galles et l’autre sur l’île Grimsey en Islande. Dans un cas, la caméra a capturé un macareux utilisant son bec pour se gratter le dos avec un bâton pendant 5 secondes. Dans un autre cas, le macareux s’est servi de son bec pour se gratter les plumes de la poitrine. Les chercheurs ont écarté l’hypothèse que les bâtons n’étaient que du matériel de nidification transporté et choisi au hasard, car les macareux tapissent leur nid de choses molles comme des plumes et de l’herbe, et non de bâtons, et dans le cas du gratte-dos, le macareux était posé sur la mer, loin de son nid.
A partir de l’étude : un macareux moine se gratte avec un bâton (Grimsey Island, Islande)
L’utilisation d’outils n’est pas courante, mais on la retrouve chez différents groupes d’animaux, principalement pour les aider à se nourrir. Les scientifiques ont observé des perroquets, des éléphants et des primates se grattant avec des bâtons, tandis que de nombreux oiseaux se frottent des fourmis sur leurs plumes, en utilisant l’acide formique que les fourmis produisent pour éloigner les insectes ou autres parasites de leurs ailes. Dans le cas des macareux moines, les chercheurs émettent l’hypothèse qu’ils pourraient utiliser les bâtons pour déloger les tiques, mais ce serait à de futures recherches de le confirmer.
Les oiseaux qui passent la plupart de leur temps en mer ne sont pas connus pour utiliser des outils, car leurs capacités supérieures de nage sont généralement suffisantes pour les aider à se nourrir. En même temps, il est possible que ces comportements ne soient pas connus simplement parce que les oiseaux de mer sont difficiles à observer, puisqu’ils passent la plupart de leur temps en mer et se reproduisent sur des îles inaccessibles. Le fait que deux colonies éloignées de macareux contiennent toutes deux des individus utilisant des outils pourrait suggérer que ce comportement est soit génétique, soit qu’il est apparu séparément chez deux individus novateurs, ce qui prouve que les macareux pourraient être plus intelligents qu’on ne le pensait auparavant. Enfin, les macareux font partie du même sous-ordre que les goélands, dont on a documenté l’utilisation d’appâts pour pêcher.
Dans cet exposé, les chercheurs encouragent leurs confrères à étudier l’utilisation d’outils chez des espèces qui pourraient ne pas être considérées comme de bons candidats à ce genre de pratique.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Evidence of tool use in a seabird.
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