Ce qui pourrait être le plus vieil exemple de 306 millions d’années d’un comportement de soin parental à l’égard d’un animal
Il y a plus de 300 millions d’années, au Carbonifère, la Nouvelle-Écosse (province du Canada) était un marécage subtropical dominé par les Lycophytes, une ancienne plante ressemblant à une mousse. Dans la souche creusée par l’une de ces plantes, une créature adulte ressemblant à un lézard et ses petits ont probablement fait leur tanière, jusqu’à ce qu’une grave tempête inonde la région de sédiments. L’événement tragique a tué les créatures, mais il les a également piégé dans une inextricable étreinte, c’est le plus vieil exemple de créature prenant soin de ses petits que les scientifiques aient trouvé jusqu’à présent.
Image d’entête : représentation artistique de Dendromaia unamakiensis, un vertébré terrestre de 310 millions d’années qui ressemblait à un varans moderne, ici avec sa progéniture. (Henry Sharpe)
L’étonnante découverte remonte à 2017, lorsque Brian Hebert, un passionné local de fossiles, a contacté Hillary Madin, professeur adjoint à l’université Carleton, au Canada. Les deux hommes ont récemment publié une étude (lien plus bas) décrivant la nouvelle espèce, connue sous le nom de Dendromaia unamakiensis, dont le nom est dérivé des mots du grec ancien pour » arbre » et » mère » et du nom du peuple autochtone Micmacs de l’île du Cap Breton, où le fossile a été trouvé.
Selon les chercheurs, l’espèce est un varanopide, une famille éteinte d’amniotes qui ressemblait aux varans, que certains prétendent être une lignée précoce menant aux mammifères.
L’adulte Dendromaia ne mesurait pas plus de 20 centimètres de long, de l’extrémité du museau à la base de la queue. Derrière les pattes arrière de l’adulte et entouré par sa queue se trouve le crâne fossilisé d’un jeune de la même espèce.
Le fossile de Dendromaia unamakiensis, le crâne du juvénile peut être vu juste au-dessus du fémur gauche dans l’image B, près du coin inférieur droit. (Maddin et Coll./ Nature Ecology & Evolution)
Une illustration du fossile de Dendromaia unamakiensis, avec différentes parties de l’anatomie étiquetées. Le spécimen juvénile est annoté, situé près de l’os de la cuisse (fe) et du bassin (pu) de l’adulte. (Maddin et Coll./ Nature Ecology & Evolution)
Cette disposition côte à côte laisse croire que l’adulte était un parent. Ce serait vraiment une grande coïncidence que les deux créatures, un adulte et un juvénile, meurent et se fossilisent ainsi. En fait, cela ferait du fossile de 309 millions d’années la plus ancienne preuve de soins parentaux à ce jour, soit 40 millions d’années plus tôt que ce que l’on croyait auparavant.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Ce spécimen s’ajoute aux preuves croissantes que les soins parentaux étaient plus répandus parmi les synapsides paléozoïques qu’on ne le croyait auparavant et fournit des données permettant d’identifier des traits potentiels dépendant de l’ontogène chez les varanopodes, dont les implications ont un impact sur les récentes hypothèses concurrentes des affinités phylogénétiques du groupe.
Bien qu’il soit impossible pour les chercheurs de tirer des conclusions définitives sur un comportement aussi complexe à partir des fossiles, les preuves sont assez solides que l’adulte et le jeune interagissaient.
Aujourd’hui, de nombreux oiseaux, mammifères et lézards investissent beaucoup de temps et de ressources pour protéger, nourrir et élever leur progéniture. Chez certaines espèces, en particulier les animaux sociaux, le rôle de parent peut être incroyablement exigeant, car les adultes investissent beaucoup pour apprendre à leurs petits comment se nourrir. Les humains, par exemple, naissent dans ce monde complètement impuissants et dépendent de leurs parents pour leur survie.
Nous avons tendance à considérer de nombreux animaux anciens comme primitifs. Cependant, ce duo fossilisé suggère que même à l’époque, les créatures qui ont précédé les dinosaures se comportaient de bien des façons comme des animaux modernes.
Pour le moment, on ne sait pas si la parentalité a évolué à plusieurs reprises dans l’histoire ou si elle a fait surface une seule fois dans un ancêtre commun partagé par les Dendromaia et tous les animaux modernes qui prennent soin de leurs petits aujourd’hui. Mais, si c’est le cas, c’est une bonne occasion d’apprécier la vie de famille.
L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : Varanopid from the Carboniferous of Nova Scotia reveals evidence of parental care in amniotes et présentée sur le site de l’université Carleton : Carleton Researcher Discovers Earliest Fossil Evidence of Parental Behaviour.