Ménopause : sur le rôle crucial des grands-mère orques pour leur descendance
De nouvelles recherches montrent que les grand-mères orques améliorent grandement la survie de leurs « petits-enfants », ce qui permet de mieux comprendre le rôle évolutif de la ménopause.
Image d’entête : bondissant hors de l’eau, la grand-mère orque, désignée J8, âgé de 72 ans. (Kenneth Balcomb/ Centre for Whale Research)
Le phénomène de la ménopause a longtemps déconcerté les biologistes. D’un point de vue strictement évolutif, le but de tout être vivant est de survivre assez longtemps pour se reproduire et transmettre ses gènes à une nouvelle génération. Comprendre pourquoi certains animaux, y compris les humains, vivent bien au-delà de leur capacité de reproduction fut donc source de perplexité.
L’une des hypothèses expliquant la persistance de la ménopause s’appelle « l’hypothèse de la grand-mère« . Les femelles (et les humains) qui vivent assez longtemps pour voir leurs progénitures avoir des petits y gagnent en aidant leurs petits-enfants, qui portent 25% des gènes de leur grand-mère, à survivre, un concept appelé valeur sélective inclusive. Il y a des preuves que l’effet grand-mère est un facteur expliquant pourquoi les humains vivent si longtemps, mais nous continuons de nous renseigner pour savoir si c’est vrai pour les autres animaux.
Une nouvelle étude publiée le 9 décembre et dirigée par Stuart Nattrass de l’université d’York (Royaume-Uni) avec le Center for Whale Research établit de solides preuves de l’hypothèse de la grand-mère des orques, plus connus sous le nom d’épaulards. Les orques vivent dans des sociétés dirigées par des femelles, ou matrilinéaires, et voyagent en groupes familiaux étroitement liés.
Précédemment :
En utilisant un ensemble de 30 ans de données composé de photographies de deux groupes d’épaulards et d’observations sur le long terme de leur comportement, ils ont constaté que l’appui des grands-mères augmentait considérablement la survie de leurs petits-enfants. Compte tenu des valeurs moyennes de l’abondance du saumon (une source de nourriture clé pour ces deux groupes d’orques), les jeunes cétacés qui ont perdu leur grand-mère maternelle au cours des deux dernières années étaient 4,5 fois plus susceptibles de mourir qu’un jeune orque avec une grand-mère maternelle vivante. C’est parce que les grands-mères aident à assurer la sécurité et la nourriture des jeunes et leur apprennent comment se frayer un chemin dans le monde.
Cette étude, combinée aux précédentes découvertes sur les coûts de reproduction encourus par les baleines mères et grand-mères lorsqu’elles élèvent des petits en même temps (un effet que cette étude a pu reproduire), nous en dit long sur la justification évolutive de la ménopause. Le soutien des grand-mères est essentiel pour que les organismes qui vivent longtemps, comme nous et les cétacés, puissent élever leurs descendances, et cet effet est si puissant qu’il nous a peut-être permis de vivre jusqu’à 90 ans et plus.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Postreproductive killer whale grandmothers improve the survival of their grandoffspring et présentée sur le site de l’université d’York : Killer whale grandmothers boost survival of calves.