De nouvelles et solides preuves que le cratère Gale sur Mars hébergeait un grand lac salé
Bien avant que l’humain ne commence à construire des bâtiments, la nature avait son propre ciment : les précipités de minéraux. En gros, l’eau riche en minéraux se précipitera progressivement, formant des roches et des minéraux précipités. Ces minéraux sont une bonne indication des conditions atmosphériques et de la chimie de l’eau dans lesquelles ils se sont formés, un peu comme s’ils tenaient un journal géologique de leurs formations.
Image d’entête : représentation artistique du Curiosity de la NASA à l’aide de son instrument ChemCam (Chemistry and Camera) pour étudier la composition d’une surface rocheuse. ChemCam déclenche des impulsions laser sur une cible et analyse l’étincelle résultante pour identifier les éléments chimiques. (NASA/ JPL-Caltech)
Sur l’orbite martienne, les chercheurs ont observé une diversité de sulfates, de carbonates et de sels de chlorure, des minéraux précipités qui sont d’excellentes empreintes des environnements passés. Cela suggère que non seulement Mars avait de grands lacs de surface à un moment donné, mais qu’il s’agissait de lacs salés. Cette semaine, des chercheurs présentent de nouvelles preuves pour appuyer cette affirmation, en utilisant des données provenant directement de la surface martienne.
L’astromobile Curiosity de la NASA a détecté et analysé des sédiments salins, confirmant l’existence d’anciens lacs salés sur Mars. Le Curiosity a permis de trouver des traces de sels évoquant d’anciennes saumures, des eaux extrêmement salées qui sont devenues de plus en plus abondantes à mesure que Mars entrait dans sa phase aride.
Curiosity est actuellement dans le cratère Gale, que l’on suppose être un ancien lac.
Présentation du cratère Gale :
Il est intéressant de noter que les minéraux salins n’ont été trouvés en abondance dans aucun autre endroit analysé par le Curiosity, ce qui indique que la couche dans laquelle les minéraux ont été trouvés représente une période de forte salinité dans l’évolution du lac, probablement, lorsque l’eau s’évapore et les sels se concentrent.
William Rapin et ses collègues rapportent la détection de sels sulfatés disséminés dans les roches sédimentaires, datant d’il y a environ 3,3 à 3,7 milliards d’années (la période hespérienne). Ces sels n’ont pas été trouvés sous une telle forme et en telle abondance dans les roches plus anciennes précédemment analysées par l’astromobile. Ainsi, les chercheurs en déduisent que ces analyses sont la preuve d’un intervalle de forte salinité du lac du cratère qui a pu se produire lorsque l’eau s’est évaporée. Ces résultats appuient l’hypothèse de fluctuations du climat martien pendant la période hespérienne.
Rempli de lacs saumâtres, le plateau salé de Quisquiro, dans l’Altiplano sud-américain, représente le genre de paysage que les scientifiques supposent avoir existé dans le Gale Crater, que le rover Curiosity de la NASA explore actuellement. (Maksym Bocharov)
Ce n’est pas la première fois que les chercheurs trouvent des indices clairs sur la présence de lacs et de rivières sur Mars. On pense qu’au cours de l’l’Hespérien (il y a 3,3 à 3,7 milliards d’années), l’activité volcanique généralisée et les inondations catastrophiques ont creusé d’immenses canaux déversoir sur la planète rouge. Une grande partie de cette eau se serait écoulée vers l’hémisphère nord, où elle a probablement commencé à s’accumuler, formant de grands lacs transitoires ou, potentiellement, un océan couvert de glace.
Cette animation montre les étangs salés et les ruisseaux qui, selon les scientifiques, ont pu être laissés sur place lorsque le cratère Gale s’est tari avec le temps. (ASU Knowledge Enterprise Development (KED)/ Michael Northrop)
À un moment donné, cependant, Mars est devenue beaucoup plus aride. Ces constatations récentes concordent avec cette hypothèse.
Les chercheurs de conclure :
Nos résultats appuient les changements progressifs du climat martien durant l’Hespérien, ce qui mène à des environnements plus arides et dominés par les sulfates, comme on l’a déjà déduit des observations orbitales.
L’étude publiée dans Nature Geoscience : An interval of high salinity in ancient Gale crater lake on Mars.