Et si l’hypothétique Planète 9 était un trou noir ?
À la limite de notre système solaire, un objet inconnu modifie les trajectoires des blocs de glace qui entourent le Soleil.
Les orbites ovales de ces objets pointent toutes dans la même direction et s’inclinent de la même manière, suggérant qu’une force invisible les rassemble.
Image d’entête : l’orbite des 6 objets transneptuniens de la ceinture de Kuiper et celle de la Planète 9. (Caltech/R. Hurt (IPAC))
Au début, les scientifiques pensaient que le coupable était une planète mystérieuse, qu’ils ont surnommée Planète Neuf (bien que certains l’appellent Planète X).
Mais une nouvelle étude suggère/ théorise que l’attraction gravitationnelle pourrait provenir d’un trou noir primordial, un type de petit trou noir que les scientifiques ont théorisé et qui se seraient formés pendant le Big Bang.
Bien que l’existence de trous noirs primordiaux n’ait pas été confirmée, certains scientifiques pensent que l’Univers en regorge. S’ils existent, ces trous noirs pourraient constituer les 80 % de l’Univers que les scientifiques ne peuvent voir. Ils savent que cette « matière noire » existe parce que sa gravité attire les choses à travers l’Univers.
Une nouvelle étude qui n’a pas encore fait l’objet d’un examen par les pairs, suggère que la planète Neuf pourrait être un de ces anciens trous noirs. Les chercheurs ont proposé de nouvelles façons de le traquer.
Aux confins de notre système solaire se trouvent des milliers de petits corps glacés qui forment une région que les astronomes appellent la ceinture de Kuiper. Six de ces objets semblent avoir des orbites bizarres qui indiquent qu’une source de gravité inconnue influence leur trajectoire.
En 2016, des simulations informatiques et des modèles mathématiques ont révélé que le coupable pourrait être une mystérieuse planète lointaine que nous n’avons jamais vue : la Planète Neuf.
Dans cette étude, les scientifiques planétaires Konstantin Batygin et Michael Brown ont calculé que l’attraction gravitationnelle de la planète Neuf signifie qu’elle pourrait avoir jusqu’à 10 fois la masse de la Terre.
En moyenne, le corps mystérieux gravite autour du Soleil 20 fois plus loin que Neptune. Il pourrait lui falloir entre 10 000 et 20 000 ans pour effectuer un tour du Soleil. (Pluton, par comparaison, met 248 ans à terminer son orbite.)
Batygin et Brown ont suggéré que la planète Neuf aurait pu se former de la même manière que les géantes gazeuses que nous connaissons bien : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, en commençant comme un noyau de glace, puis en récupérant le gaz tout autour d’elle.
La planète Neuf s’est peut-être trop rapprochée de Jupiter ou de Saturne, suggèrent-ils, pour être projetée aux confins du système solaire, où elle suit maintenant une orbite excentrique et influence les objets de la ceinture de Kuiper.
Puisque le monde mystérieux exerce une force gravitationnelle si puissante sur une grande région du système solaire, Brown l’appelait « la planète la plus planétaire de l’ensemble du système solaire ». Mais ce n’est peut-être pas le cas.
Pour la nouvelle étude, les chercheurs Jakub Scholtz (université Durham) et James Unwin (université de l’Illinois) ont examiné les données des étranges orbites des six objets de la ceinture de Kuiper et ils ont également incorporé des observations récentes sur la façon dont la lumière traversant le système solaire semble se déformer en raison d’un objet (ou d’objets) que les scientifiques n’ont pas pris en compte.
Ces deux phénomènes étranges sont probablement causés par l’interférence d’objets inconnus, chacun ayant une masse similaire. Ainsi, un trou noir primordial pourrait en être à l’origine, selon l’étude. Ce pourrait être un trou noir de la taille d’une boule de bowling avec la masse de 10 Terres, ou » un hamburger de la masse de cinq Terres »ou un certain nombre de trous noirs primordiaux plus petits qui s’ajoutent à cette masse.
Les chercheurs ont également dit qu’un groupe dense de planètes flottant librement à l’extérieur de notre système solaire pourrait expliquer la flexion de la lumière. Par cette logique, la planète Neuf pourrait être l’une de ces vagabondes qui a été capturée par notre système solaire.
Les scientifiques à l’origine de la nouvelle étude ont déclaré que l’observation directe de l’objet mystérieux, si les astronomes peuvent le trouver, pourrait aider à déterminer si c’est une planète ou un trou noir.
Ainsi, la chasse à la planète Neuf, ont-ils suggéré, devrait inclure la recherche de sources mobiles de rayons X, de rayons gamma et d’autres types de rayonnement, puisque ces indices pourraient indiquer les bords d’un trou noir.
Si les scientifiques détectent de tels signaux, ils pourraient découvrir si la planète Neuf a toujours été un trou noir.
L’étude en prépublication dans arXiv : What if Planet 9 is a Primordial Black Hole?