Même dans l’Arctique, les chutes de neige sont polluées par les microplastiques
Une conséquence particulièrement déconcertante de notre énorme problème de pollution plastique est que nous n’avons vraiment aucune idée du lieu où ces matières peuvent finir. Le dernier endroit à surprendre les scientifiques qui se penchent sur ces questions est le Cercle polaire arctique, qui indique que la neige qui tombe sur cette partie glacée et reculée du monde apporte avec elle de petits fragments de plastique.
L’eau de mer, l’eau potable, les selles humaines et le ventre des tortues de mer ne sont que quelques-uns des endroits où l’on trouve maintenant des microplastiques. Ces minuscules lambeaux de plastique sont le résultat de morceaux plus gros qui finissent dans la mer et sont décomposés par la force de l’océan, créant une masse presque incommensurable de déchets microscopiques qui se révèle incroyablement difficile à suivre.
L’année dernière, des scientifiques de l’Institut Alfred Wegener d’Allemagne (AWI) ont publié une étude décrivant des quantités inattendues de microplastiques déposés dans la glace de mer arctique. Les résultats, basés sur des échantillons de glace prélevés lors d’expéditions dans l’Arctique entre 2014 et 2015, jettent un nouvel éclairage sur la façon dont les microplastiques se déplacent dans l’environnement marin.
https://www.gurumed.org/2018/04/26/les-microplastiques-envahissent-larctique/
De récentes recherches de ce même institut ont révélé qu’ils peuvent aussi emprunter une voie aérienne. Ces résultats découlent d’une autre série d’analyses, cette fois sur des échantillons de neige prélevés dans des régions éloignées de l’Arctique, ainsi que dans d’autres régions, dont les Alpes suisses et des régions éloignées d’Allemagne.
Des scientifiques de l’Institut Alfred Wegener utilisent l’hélicoptère du brise-glace Polarstern pour recueillir des échantillons de neige. (Kajetan Déjà/ Alfred Wegener Institute)
La neige prélevée dans l’Arctique contenait jusqu’à 14 400 particules de microplastique par litre, tandis que les échantillons prélevés dans les régions rurales de Bavière en Allemagne en contenaient jusqu’à 154 000 morceaux. Les scientifiques affirment que les particules de plastique provenaient à l’origine de diverses sources, de peintures, de pneus de voiture et de caoutchouc nitrile souvent utilisé dans les joints d’étanchéité et les tuyaux.
Alors, comment le plastique ne fait-il plus qu’un avec la neige ? Les résultats de ces travaux s’inscrivent dans le cadre de recherches publiées plus tôt cette année, dans laquelle des scientifiques ont découvert que des microplastiques suffisamment fins pour être aéroportés avaient été transportés dans l’atmosphère et déposés dans des coins intacts des Pyrénées françaises.
Cette méthode de transport atmosphérique n’a pas été étudiée en profondeur, mais l’annonce qu’elle peut transporter d’énormes quantités de microplastiques jette un nouvel éclairage sur ce que nous savons de la contamination plastique de l’environnement. Les scientifiques estiment qu’il pourrait s’agir d’un facteur important dans la découverte de microplastiques dans la glace de mer de l’Arctique l’an dernier. La question se pose également : si les microplastiques peuvent être si facilement emportés et transportés par le vent à travers le globe, dans quelle mesure pourrions-nous en respirer ? Voilà le genre de questions auxquelles les scientifiques tenteront de répondre par des recherches plus poussées.
Selon Melanie Bergmann, chef de l’équipe de recherche :
Jusqu’à présent, il n’existe pratiquement aucune étude sur la mesure dans laquelle les êtres humains sont sujets à une contamination microplastique. Mais une fois que nous avons déterminé que de grandes quantités de microplastiques peuvent également être transportées par l’air, la question se pose naturellement de savoir si et en quelle quantité nous inhalons du plastique. Des résultats plus anciens de la recherche médicale offrent des points de départ prometteurs pour des travaux dans cette direction.
L’étude publiée dans Science Advances : White and wonderful? Microplastics prevail in snow from the Alps to the Arctic et présentée sur le site de l’Alfred Wegener Institute : Microplastic drifting down with the snow.