Un composé du vin rouge pourrait aider les astronautes à conserver leur masse musculaire
Dans des essais sur des rats, une équipe de l’université Harvard (États-Unis) a découvert qu’un composé du vin rouge appelé resvératrol pourrait aider les astronautes à rester toniques et en forme pendant leurs voyages dans l’espace ou leur vie sur Mars.
Les êtres humains ont évolué pour vivre sur Terre, ce qui signifie que nous extraire de cet environnement peut mener à toutes sortes de problèmes de santé. Bien que nous ne le remarquions peut-être pas dans notre vie quotidienne, il s’avère que nos muscles reçoivent une routine d’exercice de base par la gravité de la Terre, et sans elle, ils perdent leur masse et leur force assez rapidement. Ainsi, les astronautes qui vivent à bord de la Station spatiale internationale (ISS) doivent se conformer à un régime assez rigoureux pour rester en forme.
Les astronautes qui se dirigent vers Mars auront sans aucun doute besoin de séances d’entraînement semblables, mais comme l’espace est limité dans… l’espace, il n’y aura peut-être pas de place pour un équipement de musculation volumineux pendant ce long voyage. Et à l’arrivée, Mars n’a que 40 % de l’attraction gravitationnelle de la Terre.
Selon Marie Mortreux, auteur principal de l’étude :
Après seulement trois semaines dans l’espace, le muscle soléaire humain (dans le mollet) se réduit d’un tiers. Cela s’accompagne d’une perte de fibres musculaires à action lente, qui sont nécessaires à l’endurance. Les stratégies alimentaires pourraient être essentielles, d’autant plus que les astronautes se rendant sur Mars n’auront pas accès au type d’appareils d’exercice déployés à bord de l’ISS.
L’équipe de Harvard s’est donc mise à l’œuvre pour déterminer dans quelle mesure un composé prometteur, le resvératrol, pourrait réduire les effets de l’apesanteur sur les muscles des rats. Pour imiter cet environnement en laboratoire, l’équipe a équipé 24 rats mâles d’un harnais qui les suspendait par une chaîne au plafond de leurs cages. En utilisant cette technique, certains rats ont connu une gravité équivalente à celle de Mars, alors qu’un groupe témoin profitait d’une gravité terrestre normale.
Dans chacun de ces groupes, la moitié buvait de l’eau normale, tandis que l’autre moitié avait reçu 150 mg de resvératrol par kilogramme et par jour. Ils ont tous mangé la même nourriture, et l’expérience a duré deux semaines. Chaque semaine, les rats étaient pesés et la circonférence de leurs mollets, la force de préhension des pattes avant et arrière était mesurée. Après la période de 14 jours, les muscles de leurs mollets ont été analysés plus en profondeur.
Bien sûr, les conditions de gravité plus faibles ont réduit la force de préhension des rats, la circonférence du mollet, le poids musculaire et les fibres S (encore appelées fibres lentes ou rouges). Mais le resvératrol a réussi à éviter le pire de ces effets. Les rats qui ont reçu le traitement ont conservé une préhension des pattes égale à celle des rats soumis à la gravité terrestre qui n’ont pas reçu de suppléments.
La masse de muscles comme le soléaire et le gastrocnémien (du mollet) semblait complètement protégée par le resvératrol, et la perte des fibres S était également ralentie. Mais ce n’était pas un succès total. L’analyse plus approfondie a montré que les rats traités avaient encore perdu une partie de la circonférence de leurs mollets et de la section moyenne de leurs muscles.
D’un autre côté, les suppléments ne semblaient pas non plus avoir d’effet sur l’apport alimentaire ou le poids corporel des rats à la fin.
Bien qu’il soit trop tôt pour déterminer l’origine de ces résultats, l’équipe soupçonne que les effets anti-inflammatoires du resvératrol aident à conserver les muscles et les os des animaux et à améliorer leur sensibilité à l’insuline.
Selon M. Mortreux :
Le traitement au resvératrol favorise la croissance musculaire chez les animaux diabétiques, en augmentant la sensibilité à l’insuline et l’absorption du glucose dans les fibres musculaires. C’est important pour les astronautes, dont on sait qu’ils développent une sensibilité réduite à l’insuline pendant les vols spatiaux.
Bien sûr, ces résultats sont loin de déclarer que les astronautes devraient consommer du vin rouge sur leur route vers la planète rouge. L’équipe affirme que des doses plus élevées de resvératrol devront être testées, avec un plus grand échantillon de rats mâles et femelles et, éventuellement, d’humains.
Il y a aussi le fait que les avantages du resvératrol pour la santé sont encore largement ignorés. Mais c’est quand même une étude intéressante, et le composé pourrait faire partie d’un supplément de routine pour les premiers explorateurs humains sur Mars.
L’étude publiée dans Frontiers In Physiology : A Moderate Daily Dose of Resveratrol Mitigates Muscle Deconditioning in a Martian Gravity Analog et présentée sur le site de l’université Harvard : Martian Gravity.