Quelle est la limite de l’endurance humaine ?
Lorsque vous faites de l’exercice et que vous pensez que vous ne pouvez tout simplement pas aller plus loin, c’est probablement votre esprit qui essaie de se protéger de toute la douleur physique et de l’inconfort. N’importe quel athlète professionnel vous dira que le plus grand obstacle qui se dresse entre vous et vos objectifs est votre esprit. Mais même les professionnels finissent par se heurter à un mur, la limitation physique de notre corps. Une nouvelle étude met en lumière cette limite : selon les résultats, les humains ne peuvent brûler des calories qu’à 2,5 fois leur métabolisme de base (taux métabolique au repos).
Selon Herman Pontzer, professeur agrégé d’anthropologie évolutionnaire à l’université Duke (Etats-Unis) :
Cela définit le domaine du possible pour l’homme.
Il ajoute que, d’après son expérience et ses études auprès des plus grands athlètes du monde, personne n’a réussi à franchir cette limite.
Je suppose que c’est un défi pour les athlètes d’endurance pro. Peut-être que quelqu’un franchira cette limite un jour et nous montrera ce qui nous manque.
Pour trouver la limite de l’endurance humaine, les chercheurs ont analysé les données de certaines des plus difficiles compétitions au monde, comme la course cycliste Race Across America, une piste épuisante qui s’étend sur 4800 km de la Californie à Washington (6 courses par semaine pendant 5 mois). Ils se sont également penchés sur d’autres exploits d’endurance, comme les courses du 100 milles, les expéditions dans l’Arctique, le Tour de France et aussi la grossesse.
Il y a une limite au nombre de calories que nos intestins peuvent absorber efficacement par jour, et cela définit la capacité d’effort des humains. Cependant, les chercheurs ont découvert que les “méga-marathoniens” brûlaient 600 calories de moins par jour que prévu. Cela suggère que leur corps abaisse leur taux métabolique de sorte que, au moins pendant un certain temps, ils n’utilisent pas l’énergie plus rapidement qu’elle ne peut être reconstituée, tout cela dans le but de maintenir les athlètes en mouvement. Le nombre de calories dont le corps a besoin au repos s’appelle le taux métabolique au repos (RMR pour Resting metabolic rate).
Les chercheurs ont découvert que nous pouvons dépenser beaucoup plus d’énergie que notre taux métabolique au repos ne le permet. Par exemple, les personnes visées par cette étude ont dépensé 15,6 fois plus d’énergie pour courir un marathon, 4,9 fois pour un Tour de France et 2,2 fois pour une grossesse. Toutefois, ce régime ne peut être maintenu que pour une courte période.
Dans les activités physiques épuisantes qui durent des jours, des semaines ou des mois à la fois, les humains ne peuvent brûler des calories qu’à 2,5 fois leur taux métabolique au repos, un peu plus que le taux métabolique des femmes pendant la grossesse. Ainsi, les mêmes limites qui empêchent les triathlètes de l’Ironman de battre facilement les records de vitesse peuvent empêcher les bébés de trop grandir dans l’utérus.
Selon Caitlin Thurber, coauteure de la nouvelle étude :
C’est un excellent exemple de dépense énergétique limitée, où le corps est limité dans sa capacité à maintenir des niveaux extrêmement élevés de dépense énergétique pendant une longue période.
L’étude publiée dans Science Advances : Extreme events reveal an alimentary limit on sustained maximal human energy expenditure et présentée sur le site de l’université Duke : Is There a Limit to Human Endurance? Science Says Yes.