Un changement climatique non contrôlé pourrait entraîner une élévation de l’océan de 2 mètres d’ici 2100
Des scientifiques pensent que le niveau des mers pourrait s’élever beaucoup plus que prévu en raison de l’accélération de la fonte au Groenland et en Antarctique…. Votre Guru à encore la sombre impression de se répéter (et amplifié).
Image d’entête : un petit bateau dans le fjord glacé d’Ilulissat, à l’ouest du Groenland, entouré d’icebergs qui ont vêlé du plus grand glacier du Groenland, le Jakobshavn Isbræ. (Jonathan Bamber/ université de Bristol)
On s’accorde depuis longtemps à penser que les mers du monde s’élèveraient à un maximum d’un peu moins d’un mètre d’ici à 2100. Cette nouvelle étude, basée sur des avis d’experts, prévoit que le niveau réel pourrait être environ le double de ce chiffre. Pour les chercheurs, cela pourrait entraîner le déplacement de centaines de millions de personnes.
La question de l’élévation du niveau de la mer a été l’une des plus controversées soulevées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), lorsqu’il a publié son cinquième rapport d’évaluation en 2013.
Il a déclaré que le réchauffement continu de la planète, sans réduction majeure des émissions, verrait les eaux mondiales augmenter de 52 à 98 cm d’ici 2100. De nombreux experts estiment qu’il s’agit d’une estimation très/ trop prudente.
Les scientifiques s’inquiètent aussi du fait que les modèles actuellement utilisés pour prédire l’influence des immenses calottes glaciaires sur le niveau de la mer ne tiennent pas compte de toutes les incertitudes quant à la façon dont elles fondent actuellement.
Pour tenter de se faire une idée plus précise de la situation, certains des meilleurs chercheurs dans ce domaine ont mené ce qu’on appelle une étude structurée de jugement d’expert, dans laquelle les scientifiques font des prédictions basées sur leurs connaissances et leur compréhension de ce qui se passe au Groenland, en Antarctique occidental et oriental.
De l’avis des chercheurs, si les émissions continuent sur la même lancée, les mers du globe risquent fort de s’élever de 62 cm à 238 cm d’ici 2100. Ce serait dans un monde qui s’est réchauffé d’environ 5°C, l’un des pires scénarios pour le réchauffement climatique.
Selon Jonathan Bamber, professeur à l’université de Bristol :
Pour 2100, la contribution de la calotte glaciaire est très probablement de l’ordre de 7 à 178 cm, mais une fois qu’on ajoute les glaciers et les calottes polaires en dehors de la banquise et la dilatation thermique des océans, on fait une culbute dépassant largement deux mètres.
Le rapport du GIEC de 2013 ne s’est penché que sur ce qu’il est » susceptible » d’arriver, ce qui signifie qu’en termes scientifiques, ils ont examiné 17 à 83 % de l’éventail des possibilités. Cette nouvelle étude porte sur un éventail plus large de résultats, couvrant de 5 à 95 % des estimations.
Pour les hausses des températures attendues jusqu’à 2°C, la calotte glaciaire du Groenland reste le principal facteur d’élévation du niveau de la mer. Cependant, à mesure que les températures dépassent ce seuil, les calottes glaciaires beaucoup plus grandes de l’Antarctique commencent à entrer en jeu.
Toujours selon Bamber :
Quand vous commencez à examiner ces valeurs moins probables, mais toujours plausibles, les experts pensent qu’il y a une probabilité faible mais statistiquement significative que l’Antarctique occidental passe à un état très instable et que certaines parties de l’Antarctique oriental commencent également à y contribuer.
Mais c’est seulement à ces probabilités plus élevées pour 5°C qu’on voit ce genre de comportement se manifester.
Selon les chercheurs, ce scénario aurait d’énormes implications pour la planète. Ils calculent que le monde perdrait une superficie égale à 1,79 million de kilomètres carrés, soit l’équivalent de la superficie de la Libye.
Une grande partie des pertes de terres se situerait dans d’importantes zones de culture vivrière telles que le delta du Nil. Il serait très difficile pour les gens de continuer à vivre dans de vastes régions du Bangladesh. Les grandes villes mondiales, dont Londres, New York et Shanghai, seraient menacées.
Pour mettre les choses en perspective, la crise des réfugiés syriens a entraîné l’arrivée d’environ un million de réfugiés en Europe.
C’est environ 200 fois moins que le nombre de personnes qui seraient déplacées dans une élévation du niveau de la mer de 2 m.
Les auteurs soulignent qu’il est encore temps d’éviter ce type de scénarios, si d’importantes réductions des émissions se produisent au cours des prochaines décennies. Ils reconnaissent que les chances d’atteindre l’extrémité supérieure de cette fourchette sont faibles, autour de 5 %, mais qu’elles ne doivent pas être écartées, selon l’auteur principal qui ajoute :
Si je vous disais qu’il y avait une chance sur 20 que si vous traversiez la route, vous seriez écrasé, vous ne vous en approcheriez pas.
Même une probabilité de 1 % signifie qu’une inondation d’une année sur cent est quelque chose qui pourrait se produire dans votre vie. Je pense à une probabilité, c’est un risque sérieux.
D’autres experts dans ce domaine ont déclaré que les conclusions du groupe d’experts étaient importantes.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Ice sheet contributions to future sea-level rise from structured expert judgment et présentée sur le site de l’université de Bristol : Expert judgement provides better understanding of the effect of melting ice sheets