Que faire de tous ces morts qui surpasseront bientôt les vivants sur Facebook?
D‘ici un demi-siècle, il est possible que Facebook soit envahi par les morts, avec plus d’utilisateurs décédés constituant le plus grand réseau social du monde que de personnes vivantes et actives, selon une nouvelle étude.
Une analyse des modèles de croissance au sein de la plus grande plateforme de médias sociaux au monde, réalisée par Carl Öhman et David Watson de l’université d’Oxford au Royaume-Uni, révèle que d’ici 50 ans, les morts seront plus nombreux que les vivants.
Selon les chiffres de 2018, la fin du siècle verra 1,4 milliard de comptes Facebook au nom de personnes décédées. Toutefois, si les taux d’expansion actuels se poursuivent, ce nombre atteindra le chiffre stupéfiant de 4,9 milliards.
En plus de constituer un sujet de conversation intéressant et morbide pour le dîner, les résultats publiés cette semaine ont d’importantes implications.
Selon Öhman :
Ces statistiques soulèvent des questions nouvelles et difficiles quant à savoir qui a droit à toutes ces données, comment les gérer au mieux des intérêts des familles et des amis des défunts et leur utilisation par les futurs historiens pour comprendre le passé.
Sur le plan sociétal, nous venons tout juste de commencer à poser ces questions et nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. La gestion de nos vestiges numériques finira par toucher tous ceux qui utilisent les médias sociaux, puisque chacun d’entre nous mourra un jour et laissera ses données derrière lui.
Mais l’ensemble des profils d’utilisateurs décédés représente aussi quelque chose de plus grand que la somme de ses parties. C’est, ou du moins deviendra, une partie de notre patrimoine numérique mondial.
Pour parvenir à leurs conclusions, les chercheurs ont analysé deux scénarios, en partant de l’hypothèse raisonnable que le résultat réel se situera quelque part entre les deux.
Le premier modèle supposait qu’il n’y aurait plus de nouveaux utilisateurs de Facebook après 2018. La seconde supposait que le taux de croissance actuel d’inscription, 13 % par année, se maintiendrait sans diminution.
Dans un premier temps, Öhman et Watson ont trouvé des comptes en Asie qui représenteraient à eux seuls 44 % des profils de personnes décédées en 2100, l’Indonésie et l’Inde en représentant 279 millions.
Le deuxième scénario a montré que l’Afrique devenait une source de plus en plus importante d’utilisateurs de Facebook décédés, le Nigeria, en particulier, représentant 6% du nombre total de morts à la fin du siècle. Il est intéressant de noter que les pays occidentaux développés ont relativement peu contribué à la nécropole virtuelle, seule les États-Unis se classant parmi les 10 premiers.
Selon M. Watson :
Facebook devrait inviter les historiens, les archivistes, les archéologues et les éthiciens à participer au processus de conservation du vaste volume de données accumulées que nous laissons derrière nous à notre décès.
Il ne s’agit pas seulement de trouver des solutions durables pour les deux prochaines années, mais peut-être pour les décennies à venir.
L’étude publiée dans la revue Big Data & Society : Are the dead taking over Facebook? A Big Data approach to the future of death online et présentée sur le site de l’université d’Oxford : Digital graveyards: are the dead taking over Facebook?
Bonne chance aux futurs historiens qui étudieront les réseaux sociaux ! ça va en faire, de la donnée…
Ceci dit je ne pense pas que Facebook et les autres réseaux laissent indéfiniment les comptes fantômes s’accumuler. Même si les données sont stockées quelque part, les comptes seront sûrement fermés.