Respiration martienne : confirmation qu’il y a bien du méthane sur Mars
Lorsque l’astromobile Curiosity de la NASA a détecté, il y a 6 ans, des traces de méthane sur Mars, ce fut un grand événement. La présence de méthane pourrait améliorer l’habitabilité et pourrait même être une manifestation de la vie, mais elle n’a jamais vraiment été confirmée indépendamment, jusqu’à maintenant. Les chercheurs n’ont pas confirmé ces résultats dans les années qui ont suivi, mais cela a changé grâce à une nouvelle analyse des données recueillies en orbite.
Image d’entête : selfie du Curiosity juin 2018. (NASA/ JPL-Caltech/ MSSS)
Marco Giuranna et ses collègues de l’Institut national d’astrophysique de Rome (Italie) ont présenté des observations spectrométriques du méthane dans l’atmosphère martienne près du cratère Gale, le site d’atterrissage de l’astromobile Curiosity. En utilisant les données de la sonde Mars Express, une mission d’exploration spatiale menée par l’Agence spatiale européenne, ils ont trouvé des résultats qui confirment les mesures de Curiosity. Cette mesure indépendante offre une plus grande confiance.
La détection de méthane par l’astromobile Curiosity en 2014 :
À l’aide de modélisation numérique et d’analyse géologique, ils proposent également que le méthane soit libéré dans une région de failles géologiques, ce qui permettrait d’identifier un endroit prometteur pour de futures recherches sur l’origine du méthane sur Mars.
Les détails du pic de méthane sont illustrés dans ce graphique – la détection de Mars Express a été faite un jour après la mesure élevée enregistrée par Curiosity, qui explore le cratère Gale, juste au sud de l’équateur Mars. Ensemble, ces deux résultats peuvent être utilisés pour examiner la région source possible du méthane. (ESA)
Selon les chercheurs :
Ce travail présente la première confirmation indépendante de la détection du méthane sur Mars et la première approche synergique de la recherche de sites potentiels de rejet de méthane, intégrant les détections orbitales et terrestres avec la géologie martienne et les simulations atmosphériques (en utilisant des scénarios d’émission de gaz basés sur des données de suintement terrestre). Cette approche fournit un modèle pour les efforts futurs visant à localiser les sites de rejet de méthane du sous-sol sur Mars. Bien que ces travaux reposent sur l’hypothèse d’un rejet en surface, d’autres explications demeurent possibles, mais étant donné le rejet en surface, nos travaux fournissent les premières contraintes pour les emplacements des sources.
Les précédentes détections ont été à juste titre remises en question. Les observations terrestres ont du mal à faire la différence entre des caractéristiques telluriques et martiennes et la résolution spectrale est également très faible. Par ailleurs, les données du Curiosity peuvent également être remises en question, car le méthane pourrait potentiellement provenir de l’astromobile, bien que cette possibilité ait été précédemment exclue par l’équipe du Curiosity. Le principal problème était qu’aucune de ces détections n’a été confirmée.
C’est ainsi la première fois qu’une détection de méthane sur Mars est confirmée indépendamment, ce qui ajoute un tout nouveau niveau de certitude.
Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Le méthane est un composé chimique étroitement associé à la vie microbienne, mais il n’est pas nécessairement de nature biologique. Il y a de très bonnes chances que le méthane soit généré géologiquement, et c’est ce que ce nouvel article suggère également.
Le cycle supposé du méthane sur Mars, montrant comment le gaz est produit et détruit. (ESA)
Des failles géologiques (fractures et déplacements planaires) ont été associées aux émissions de méthane sur Terre, ce qui en fait un coupable probable. La source exacte du méthane reste à identifier dans les futures missions, tout comme l’existence de la vie sur Mars.
L’étude publiée dans Nature : Independent confirmation of a methane spike on Mars and a source region east of Gale Crater et présentée sur le site de l’ESA : Mars Express matches methane spike measured by Curiosity.