Pourra-t-on finalement savoir si l’humain adulte produit encore des neurones ?
La majorité de nos neurones sont déjà en place au moment de notre naissance, bien que certains soient encore produits pendant l’enfance. L’idée actuelle veut qu’aucun nouveau neurone n’ést produit à l’âge adulte, mais les chercheurs se demandent encore si c’est vraiment le cas.
Image d’entête : neurone hippocampique de culture, de rat. (ZEISS)
La neurogenèse, la production de nouveaux neurones, reste un sujet controversé. Une étude récente a révélé que même si de nouveaux neurones sont produits à l’âge adulte, ce processus se produit au début de l’âge adulte et il est très limité. D’autres études ont affirmé que la neurogenèse ne se produit pas du tout, tandis que certaines équipes ont rapporté des preuves de la formation de nouveaux neurones. La situation est encore floue, mais une nouvelle étude tente de clarifier la situation et rapporte que les neurones se forment bien jusqu’à un âge avancé.
Les cellules souches neurales peuvent produire de nouvelles cellules neuronales de tout type. Lorsque des cellules souches du cerveau sont isolées et cultivées dans un plat, elles se divisent en continu et créent de grandes masses sphériques de cellules, semblables aux deux cellules montrées ici. Chaque masse sphérique, appelée neurosphère, est produite par une seule cellule souche. Lorsqu’elles sont exposées à différents produits chimiques, les cellules se transforment en neurones (rouges) ou en glies (cyan). Les noyaux des cellules sont représentés en bleu foncé. (Chanel Taylor / Queensland Brain Institute)
Selon une étude réalisée par Maria Llorens-Martin et ses collègues de l’Universidad Autónoma de Madrid, de nouveaux neurones se développent continuellement dans le cerveau humain sain jusqu’à la neuvième décennie de la vie, du moins dans l’hippocampe. Ils ont analysé des échantillons de tissus de 58 participants humains.
Ils ont découvert que même si la neurogenèse peut diminuer avec l’âge, elle est toujours présente tout au long de la vie dans l’hippocampe, en particulier dans une région appelée le gyrus denté, une région associée à la formation de nouvelles mémoires épisodiques et à l’exploration spontanée de nouveaux environnements.
Ils constatent également que ce processus diminue fortement chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Selon les chercheurs dans leur étude :
En combinant des échantillons de cerveau humain obtenus dans des conditions étroitement contrôlées et des méthodes de traitement tissulaire de pointe, nous avons identifié des milliers de neurones immatures dans le gyrus denté de sujets humains neurologiquement sains jusqu’à la neuvième décennie de vie. Ces neurones présentaient des degrés de maturation variables le long des stades de différenciation. Par contraste, le nombre et la maturation de ces neurones ont diminué à mesure que la maladie d’Alzheimer avançait.
Ainsi, non seulement l’étude apporte un nouvel éclairage sur la neurogenèse, mais elle met également en lumière un mécanisme associé à la maladie d’Alzheimer.
L’hippocampe est l’une des régions les plus touchées par la maladie d’Alzheimer. De plus, cette structure abrite l’un des phénomènes les plus uniques du cerveau des mammifères adultes, à savoir l’ajout de nouveaux neurones tout au long de la vie.
Quant aux écarts entre cette étude et les résultats antérieurs, les chercheurs affirment qu’ils s’expliquent par des différences méthodologiques. Selon eux, il est essentiel de disposer d’échantillons de haute qualité et de les traiter correctement et rapidement, sinon, les preuves de la neurogenèse peuvent être détruites. Des facteurs tels que des techniques spécifiques de fixation des tissus ou les délais entre l’acquisition et l’analyse des tissus peuvent modifier les résultats, expliquent-ils.
L’étude conclut :
Nos données démontrent que les conditions de fixation prolongée ou incontrôlée auxquelles les échantillons humains sont généralement exposés dans les banques de cerveaux du monde entier entraînent une forte réduction du nombre de neurones détectés dans le gyrus denté adulte.
L’étude publiée dans Nature Medicine : Adult hippocampal neurogenesis is abundant in neurologically healthy subjects and drops sharply in patients with Alzheimer’s disease.