Des scientifiques ont découvert une incroyable collection de précieux fossiles marins en Chine
Plus de 30 000 fossiles datant de plus de 500 millions d’années ont été découverts sur un site spectaculaire en Chine. Les fossiles, qui comprennent des créatures à corps mou extrêmement rares et de nombreuses espèces nouvelles, offrent un aperçu d’une période appelée l’explosion cambrienne, lorsque les premiers organismes complexes sont apparus sur Terre.
Image d’entête, à partir de l’étude : quelques fossiles découverts sur le site de Qingjiang. (Dongjing Fu et coll./ Science)
Bien que la vie sur Terre soit apparue il y a environ 3,7 milliards d’années, ce n’est qu’il y a 541 millions d’années que des formes de vie plus complexes (y compris la plupart du phylum animal existant aujourd’hui) ont émergé.
L’explosion cambrienne a duré entre 20 et 25 millions d’années et elle a donné lieu à une étonnante diversité de vie, et nous le savons grâce aux fossiles. Cependant, seule une petite partie des créatures est préservée par la fossilisation, plus particulièrement celles qui ont un corps dur ou du moins certains composants de ce dernier. Beaucoup d’autres créatures, en particulier celles qui ont des corps mous, sont rarement conservées dans les vestiges fossiles, en particulier ceux datant du Cambrien.
Une grande partie de ce que nous savons de l’explosion cambrienne provient d’un site fossilifère au Canada appelé le schiste de Burgess, qui a fourni un cadre environnemental unique pour la fossilisation des corps mous et une évolution géologique relativement inactive pour éviter la détérioration des fossiles.
Le site récemment découvert, appelé Qingjiang, est très semblable au schiste de Burgess et, peut-être, encore plus spectaculaire.
Selon Emma Hammarlund, une géobiologiste de l’université Lund en Suède qui n’a pas participé à cette recherche :
Le biote du Qingjiang est remarquable en ce sens qu’il ouvre de façon si spectaculaire une autre fenêtre, unique, sur les débuts d’une vie animale diversifiée à la surface de la Terre. Ce qu’on peut voir à travers cette fenêtre est tout simplement stupéfiant.
L’âge du biote du Qingjiang est comparable à celui de Burgess, mais il est un peu plus ancien, offrant une nouvelle fenêtre sur l’évolution des créatures cambriennes.
Un arthropode fossile, du site fossilifère de Qingjiang. (Fu et coll./ Science)
Selon Xingliang Zhang, géologue à la Northwest University de Xi’an, en Chine, et chercheur principal sur le projet :
Le biote du Qingjiang a 10 millions d’années de plus que le schiste de Burgess, plus proche de la diversification initiale des métazoaires, ou animaux multicellulaires. Ce nouveau gisement fossile montre un grand potentiel. Nous avons commencé à travailler sur tant de nouveaux taxons.
Pour enrichir encore la situation, le biote comprend des fossiles des mêmes taxons, qui couvrent les stades de développement larvaire, juvénile et adulte, ce qui offre un aperçu sans précédent sur la façon dont ces créatures se sont développées à ces différents stades.
Espèce non décrite de méduses du site fossilifère de Qingjiang.(Fu et coll./ Science)
Jusqu’à présent, quelque 4 000 spécimens (sur les 30 000 déterrés) du site ont fait l’objet d’une analyse approfondie, indiquant un écosystème complexe et divers. Les méduses semblent abondantes sur le site, et environ 85 % d’entre elles sont des créatures à corps mou. Allison Daley, une paléontologue à l’université de Lausanne en Suisse qui décrit cette découverte dans une discussion accompagnant l’étude :
J’ai vu les photos, et me suis dis : « C’est une méduse, sans aucun doute, c’est une méduse, et c’est une anémone de mer. C’est incroyable de voir ces animaux préservés.
Voir le travail de cette étude, à quel point ils ont analysé les sédiments et la qualité des fossiles m’a vraiment ébloui.
Je ne m’attendais pas dans ma carrière à assister à la découverte d’un site aussi beau que celui-ci au Cambrien.
Il y avait une part de chance liée à la découverte. Le paléontologue Xingliang Zhang et un groupe d’étudiants cherchaient un endroit ombragé pour manger quand ils ont trouvé quelque chose d’intrigant, il raconte :
Nous marchions le long de la route, essayant de trouver un endroit frais pour déjeuner. Nous sommes descendus jusqu’au lit d’une rivière et les rochers ont été érodés par l’eau et on pouvait clairement voir la texture. Nous avons commencé à fendre des roches et très vite nous avons trouvé beaucoup de fossiles.
Des scientifiques déterrent de nouveaux fossiles. (Dong King Fu)
Ce moment de hasard fortuit a donné l’une des découvertes paléontologiques les plus spectaculaires de ces dernières années. Étant donné que les chercheurs ont analysé un peu plus de 10 % de ce qui a été fouillé et qu’il reste encore beaucoup à découvrir sur le site, il y a énormément de travail en perspective pour les paléontologues.
En plus d’étudier les animaux eux-mêmes, l’écosystème et l’évolution de ces créatures, les scientifiques tenteront également de déterminer comment ces créatures s’adaptent aux branches inférieures de l’arbre animal.
Les chercheurs de conclure :
Cette composition distinctive est prometteuse pour donner un aperçu de l’évolution des écosystèmes cambriens à travers les gradients environnementaux .
L’étude publiée dans Science : The Qingjiang biota—A Burgess Shale–type fossil Lagerstätte from the early Cambrian of South China.