Une méthode pour convertir les cellules cancéreuses en cellules graisseuses pourrait bloquer la propagation du cancer
Ce traitement a non seulement empêché les cellules cancéreuses de se propager, mais il les a également transformées en inoffensives cellules adipeuses/ graisseuses.
Ces dernières années, il devient de plus en plus évident que le cancer n’est pas une pathologie à un seul tenant, il peut se manifester sous plusieurs formes. Par conséquent, il est tout à fait logique qu’il n’y ait pas qu’une seule logique pour le traiter, mais plutôt une multitude de solutions et d’approches différentes. Cela a donné lieu à une lente réussite, puisque le nombre total de décès par cancer a diminué de 25 % au cours des 25 dernières années et ce déclin lent et constant se poursuit aujourd’hui.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs ont démontré d’une approche intrigante qui transforme les cellules cancéreuses en graisse. Ils ont profité d’une phase importante que traversent les cellules cancéreuses métastasantes. Ce processus s’appelle la transition épithélio-mésenchymateuse (TEM) et c’est le contraire de la transition mésenchymateuse vers épithéliale (MET), un processus beaucoup plus familier qui se produit quand on se coupe le doigt, par exemple. Pendant le MET, les cellules de la peau commencent à moins se ressembler, car elles se transforment en un type de cellule souche appelée « mésenchyme » et deviennent ensuite les cellules dont le corps a besoin. Les cellules cancéreuses font le contraire pour se répandre dans tout le corps, mais elles sont vulnérables à ce moment très spécifique.
Image d’entête : les cellules cancéreuses de gauche (en rouge) ont été transformées en cellules graisseuses (marquées en jaune à droite) par une nouvelle combinaison de deux médicaments déjà approuvés (Université de Bâle)
Les chercheurs ont donc traité des souris atteintes d’une forme agressive de cancer du sein humain avec un cocktail de deux médicaments : un médicament contre le diabète appelé rosiglitazone et un traitement contre le cancer appelé tramétinib. Non seulement cela a stoppé la propagation du cancer, mais cela a aussi transformé une grande partie d’entre elles en graisse.
Selon les chercheurs :
La thérapie de différenciation adipogénique avec une combinaison de rosiglitazone et de tramétinib inhibe efficacement l’invasion, la dissémination et la formation de métastases dans divers modèles précliniques du cancer du sein chez la souris.
Cependant, toutes les cellules cancéreuses ne se sont pas transformées en graisse, mais celles qui l’ont fait sont demeurées sous forme de cellules adipeuses.
Selon Gerhard Christofori, premier auteur de l’étude et professeur de biochimie à l’université de Bâle (Suisse) :
Les cellules cancéreuses du sein qui ont subi une TEM se sont non seulement différenciées en cellules graisseuses, mais ont aussi complètement cessé de proliférer. De plus, la tumeur primaire ne s’est pas métastasée. D’après les expériences de culture à long terme, les cellules cancéreuses transformées en cellules graisseuses demeurent des cellules graisseuses et ne redeviennent pas des cellules cancéreuses du sein.
Bien qu’il s’agisse d’une étude sur des souris (et la plupart de ces études ne se transposent pas sur les humains), il y a une très bonne raison d’être optimiste : les deux médicaments de l’étude sont déjà approuvés pour être utilisés comme traitement. Il est donc possible que des essais cliniques commencent relativement rapidement, concluent les chercheurs.
L’étude publiée dans Cell : Gain Fat—Lose Metastasis: Converting Invasive Breast Cancer Cells into Adipocytes Inhibits Cancer Metastasis et présentée sur le site de l’université de Bale : Conversion of breast cancer cells into fat cells impedes the formation of metastases.