Les premiers tours de roue de l’astromobile chinoise sur la face cachée de la Lune
Pour la première fois, une sonde mobile est active de l’autre côté de la Lune.
Jeudi 3 janvier, l’astromobile (ou rover) chinois Jade Rabbit 2, Lapin de jade 2 ou Yutu 2, a touché la surface de la Lune après avoir lentement roulé sur une rampe qui s’étend depuis l’atterrisseur Chang’e 4. L’astromobile a été déployée environ 10 heures après l’atterrissage de la sonde Chang’e 4 sur la Lune.
Comme pour l’image d’netête, les premiers tours de roues du Jade Rabbit 2. (CSNA/ China National Space Administration)
C’est la première fois dans l’histoire qu’une sonde mobile est active de l’autre côté de la Lune, une grande étape pour l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA pour China National Space Administration) et le programme spatial naissant du pays.
Selon Wu Weiren, le concepteur en chef du projet d’exploration lunaire :
C’est un petit pas pour le rover, mais un pas de géant pour la nation chinoise. Ce pas de géant est décisif pour notre exploration de l’espace et la conquête de l’univers.
Les photos prisent par l’atterrisseur Chang’e 4 montre l’astromobile à 6 roues posée sur la surface lunaire avec une paire de traces derrière lui. Ces images, obtenues peu après l’atterrissage, sont les premières prises en gros plan de la face cachée de la Lune. Nous l’appelons ainsi parce que c’est le côté qui ne fait jamais face à la Terre. Notre Lune est en rotation synchrone, ou verrouillée gravitationnellement, ce qui signifie qu’un côté est en permanence face à notre planète. Ce n’est pas le bon terme pour l’appeler le « côté obscur » de la Lune, car les rayons du Soleil atteignent aussi cette face de la Lune.
Chacune des 6 roues du Jade Rabbit 2 est propulsée indépendamment, de sorte qu’elle peut toujours se déplacer si une ou plusieurs d’entre elles tombent soudainement en panne. Le rover peut franchir des obstacles de moins 20 centimètres et monter des collines dont la pente ne dépasse pas 20 °. Sa vitesse maximale est d’environ 200 mètres par heure.
L’une des roues spécialisées du Yutu 2, conçues pour survivre aux rigueurs et aux conditions de faible gravité de la surface de la Lune. (CSNA)
En 2013, la Chine a déployé son astromobile Yutu, ou lapin de Jade 1, sur le côté proche de la Lune dans le cadre de la mission Chang’e 3. C’était le premier atterrissage en douceur d’une sonde sur la Lune depuis la mission soviétique Lunokhod 2 en 1973, mais l’astromobile Yutu a perdu sa capacité de mouvement après seulement 2 nuits lunaires.
En collaboration avec l’atterrisseur Chang’e 4, Jade Rabbit 2 recueillera des données scientifiques pour aider les scientifiques à en apprendre davantage sur les premières conditions du système solaire, à détecter la présence potentielle de glace d’eau, à étudier la relation entre les vents solaires et la surface de la Lune, et à étudier la croissance des plantes en basse-gravité, entre autres objectifs scientifiques.
En plus de recueillir de précieuses données scientifiques, la Chine fait aussi de la reconnaissance et met au point les technologies nécessaires à une mission en équipage sur la Lune. Pékin a fait savoir qu’elle aimerait éventuellement construire une base sur la surface lunaire.
En effet, la Chine commence enfin à s’affirmer en tant que nation capable d’utiliser l’espace, et elle rattrape rapidement les États-Unis, la Russie et l’Union européenne. Parfois, un peu de concurrence ne peut pas faire de mal, à condition qu’elle soit canalisée dans la bonne direction.
Et voici quelques images de Queqiao, le satellite relais (des transmissions) de la mission Chang’e 4, présentant la Terre et la Lune. Queqiao est placée dans une orbite de halo à un point de Lagrange au-delà de la Lune pour relayer les communications entre la Terre et Chang’e 4 de l’autre côté.
(CSNA)
Via le site de l’Administration spatiale nationale chinoise : 玉兔二号巡视器继续月背行走 嫦娥四号部分有效载荷开机工作 et de l’Associated Press.