Transplantation : un bébé est né grâce à l’utérus d’une donatrice décédée
Pour certaines femmes infertiles, la transplantation de l’utérus est le seul moyen de tomber enceinte, mais les donneurs sont jusqu’à présent limités aux volontaires, ce qui a rendu la procédure possible dans une poignée de cas seulement. Récemment, des scientifiques de l’université de São Paulo (Brésil) ont signalé la première naissance réussie d’un enfant après que la mère ait reçu une greffe d’utérus d’une donneuse d’organe décédée. Cela donne l’espoir que cela puisse élargir les options pour un plus grand nombre de femmes ayant des problèmes de fertilité.
Le don d’utérus est très sollicité, et jusqu’à présent ce type d’intervention a été effectuée moins de 40 fois, ce qui n’a entraîné que 11 naissances vivantes depuis 2013. L’utilisation d’organes provenant de donneurs décédés pourrait en accroître la disponibilité, mais bien que cela ait été tenté à 10 autres reprises au cours des dernières années, aucune naissance vivante n’a été signalée jusqu’à présent.
La receveuse de l’organe était une femme de 32 ans née sans utérus, tandis que la donneuse était une femme de 45 ans décédée d’un AVC. Quatre mois avant la transplantation, la receveuse a subi une fécondation in vitro (FIV) et 8 ovules fécondés ont été congelés.
L’opération de transplantation qui a duré 10 heures a eu lieu en septembre 2016 et tout s’est bien passé. Cinq mois après l’intervention, il n’y avait aucun signe d’anomalie ou de rejet, et la patiente avait ses règles régulièrement. Sept mois après l’opération, les ovules fécondés ont été implantés, ce qui a permis une grossesse sans problème.
Illustration de la façon dont la greffe utérine a été réalisée. (Ejzenberg et col./ The Lancet)
Le bébé est né à 35 semaines et 3 jours, pesant 2,5 kg. Une césarienne a été pratiquée et l’utérus transplanté a été retiré en même temps. La mère et l’enfant étaient tous deux en bonne santé au cours des mois qui ont suivi leur observation.
Selon le Pr Dani Ejzenberg, responsable de l’étude :
L’utilisation de donneurs décédés pourrait grandement élargir l’accès à ce traitement, et nos résultats fournissent une preuve de concept pour une nouvelle option pour les femmes souffrant d’infertilité utérine. Le besoin d’un donneur vivant est une limitation majeure, car les donneurs sont rares et sont généralement des membres de la famille ou des amis proches volontaires et admissibles. Le nombre de personnes désireuses et déterminées à faire don d’organes lors de leur propre décès est beaucoup plus élevé que celui des donneurs vivants, ce qui offre une population de donneurs potentiels beaucoup plus importante.
Aussi prometteuse que soit cette technique, elle n’en est qu’à ses débuts et il y a encore quelques points à régler. L’équipe affirme qu’il y a encore du travail dans l’optimisation des procédures chirurgicales et des techniques d’immunosuppression, ce qui réduit les risques que le corps rejette l’organe transplanté. Il est également nécessaire de comparer les résultats et les effets entre les utérus de donneuses vivantes et ceux de donneuses décédées.
L’étude publiée dans The Lancet : Livebirth after uterus transplantation from a deceased donor in a recipient with uterine infertility.