La licorne géante de Sibérie vagabondait sur terre en même temps que les humains
Cette magnifique créature aurait vécu jusqu’à il y a 36 000 ans, beaucoup plus longtemps qu’on ne l’estimait au départ.
La licorne de Sibérie appartient à un genre appelé Elasmotherium, apparu il y a environ 2,6 millions d’années. C’était un herbivore, apparenté au rhinocéros moderne, mais avec une énorme corne sur la tête, beaucoup plus grande que ses descendants encore en vie. Pesant jusqu’à 3,5 tonnes, l’Elasmotherium sibiricum parcourait les steppes de Russie, du Kazakhstan, de Mongolie et du nord de la Chine.
Image d’entête : représentation artistique de l’Elasmotherium. (W. S. Van der Merwe)
De précédentes analyses fossiles suggèrent que la créature s’est éteinte bien avant l’évolution de l’homme moderne, mais une nouvelle étude menée par le Natural History Museum de Londres indique qu’elle ne s’est éteinte qu’il y a environ 36 000 ans. Les analyses génétiques effectuées suggèrent non seulement que l’Elasmotherium a vécu beaucoup plus longtemps qu’on ne l’estimait, mais aussi qu’il appartenait à une famille unique de rhinocéros. En termes simples, cela signifie qu’il est beaucoup plus éloigné du rhinocéros moderne que prévu.
Selon Kieren Mitchell, coauteur et chercheur de l’Australian Centre for Ancient DNA (ACAD) qui a analysé l’ADN de la licorne sibérienne :
Les ancêtres de la licorne sibérienne se sont séparés des ancêtres de tous les rhinocéros vivants il y a plus de 40 millions d’années. C’est la première fois que de l’ADN a été prélevé sur E. sibiricum.
La licorne de Sibérie et le rhinocéros blanc d’Afrique sont encore plus éloignés que les humains des singes.
Pour l’étude, 23 spécimens d’os de licorne de Sibérie ont été datés. Il y a une certaine incertitude dans le processus de datation, alors que les tests indiquent que la licorne de Sibérie vivait au moins jusqu’à il y a 39 000 ans, l’intervalle peut être allongé à 35 000 ans, ce qui signifie que les derniers moments de cette espèce ont peut-être été passés avec l’humain et les Néanderthaliens.
Cela semble également étayer la théorie selon laquelle certains dessins rupestres de la grotte de Rouffignac, en France, représentent l’Elasmotherium. Cependant, il est peu probable que l’homme ait conduit à la disparition de l’espèce. C’est plutôt la venue imminente de l’ère glaciaire qui l’a fait disparaître.
Selon le professeur Chris Turney, coauteur de l’étude et climatologue à l’université de Nouvelle-Galles du Sud :
Il est peu probable que la présence de l’homme ait été la cause de l’extinction.
La licorne de Sibérie semble avoir été durement touchée par le début de l’ère glaciaire en Eurasie lorsqu’une chute précipitée des températures a entraîné une augmentation de la quantité de sols gelés, réduisant la dureté et la sécheresse des herbes sur lesquelles elle vivait et affectant les populations sur une vaste région.
D’autres espèces (comme les mammouths) auraient été moins dépendantes de vastes étendues de prairies et auraient pu ainsi mieux survivre à ces changements.
Il existe actuellement 5 espèces vivantes de rhinocéros, qui sont toutes en danger critique d’extinction.
L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution : Evolution and extinction of the giant rhinoceros Elasmotherium sibiricum sheds light on late Quaternary megafaunal extinctions et présentée sur le site de l’université d’Adélaïde : Climate change wiped out the ‘Siberian unicorn’.