Un trouble oculaire serait à l’origine du talent artistique de Leonard de Vinci pour le dessin
Léonard de Vinci défini l’image même de l’homme aux multiples talents depuis plus de 500 ans maintenant. L’histoire se souvient de lui pour ses impressionnants exploits intellectuels en sciences et en ingénierie (ainsi que pour l’ambitieuse liste de choses qu’il lui restait à accomplir), mais encore plus pour ses œuvres dans les arts visuels. Léonard de Vinci est ainsi surtout connu à travers des images comme La Joconde, la Cène et l’Homme de Vitruve, notamment parce qu’elles sont devenues, depuis fort longtemps, trop importantes culturellement pour être éviter. La question ici est de savoir comment il l’a fait naître naturellement ses œuvres de la contemplation et s’il était devenu un si grand artiste par le biais d’un “œil de chirurgien”. Une partie de la réponse, selon des recherches récentes, pourrait bien être liée à un handicap.
Selon une étude publiée cette semaine, il est maintenant estimé que la capacité renommée de Léonard de Vinci à reproduire un monde tridimensionnel en peinture a pu être facilitée par un trouble oculaire qui lui a permis de voir en 2D et 3D.
Autoportrait. (Leonard de Vinci)
On pense que Da Vinci souffrait d’une affection appelée exotropie intermittente, une forme de strabisme, lorsqu’un œil est dévié vers l’extérieur. Si tel avait été le cas, sa perception de la profondeur aurait été suffisamment altérée pour qu’il voie un monde plus plat que ses contemporains, et donc un monde plus adapté à une reproduction fidèle sur une feuille ou sur une toile.
Mais, pour Christopher Tyler de l’université de Londres et auteur de cette étude, le fait que Léonard de Vinci puisse parfois contrôler suffisamment ses yeux pour les aligner correctement, le rendrait « très conscient des repères de profondeur 3D et 2D et de la différence entre eux ». Il en est venu à soupçonner que Léonard souffrait d’exotropie (si « souffert » est le mot juste ici) après avoir remarqué l’alignement des yeux dans ses autoportraits (notamment l’Homme de Vitruve), ainsi que les portraits de Léonard réalisés par d’autres.
Le professeur de Léonard de Vinci, Andrea del Verrocchio, a peut-être utilisé son élève comme modèle pour cette sculpture du roi David. La différence d’angle entre les pupilles gauche et droite suggère que le professeur a capturé l’exotropie de Vinci. (C.W. Tyler/JAMA Ophthalmology)
Si d’autres études similaires réalisées par le passé se confirment, Léonard de Vinci n’est pas le seul dans l’histoire de l’art : des figures comme Rembrandt, Picasso et Degas ont également laissé des traces de leur vision peut-être “strabysmique”. Nous évoquons parfois le fait que les artistes voient le monde différemment, les plus grands artistes peuvent amener cette expression à un nouveau niveau de littéralité.
L’étude publiée dans JAMA Ophthalmology : Evidence That Leonardo da Vinci Had Strabismus.