D’immenses pics de glace seront un problème si nous voulons atterrir sur la lune de Jupiter, Europe
Des lames de glace s’élevant de la surface d’Europe, la lune gelée de Jupiter, constitueront probablement un danger majeur pour les futures missions spatiales visant à atterrir sur le satellite.
En matière d’exploration spatiale, Europe est très attractive. Bien sûr, la lune de la Terre ou Mars nous font rêver, mais Europe est beaucoup plus susceptible d’accueillir la vie sous sa surface gelée.
Légèrement plus petite que la Lune terrestre, Europe est principalement constituée de roche silicate, mais comme elle est très éloignée du Soleil, sa surface est complètement gelée. Au début, les astronomes n’y ont pas prêté beaucoup d’attention, mais la mission Galileo (lancée en 1989) a montré qu’il y a beaucoup plus à voir en Europe qu’il n’y paraît.
La lune de Jupiter, Europe et ses geysers de glace. (JPL/ NASA)
Les modèles actuels montrent maintenant que la chaleur produite par la flexion des marées fait en sorte que la sous-surface reste liquide, ce qui permet à la lune jovienne d’accueillir un océan d’eau liquide, juste sous sa surface. Puisque l’eau liquide est cruciale pour la vie telle que nous la connaissons, cela fait d`Europe une candidate de choix, et pour rendre les choses encore meilleures, les astronomes ont fourni des preuves solides de l`activité du panache d`eau sur Europe, suggérant que l`océan a une activité tectonique, comme une interaction avec le fond marin. Tout cela fait d`Europe une candidate de choix pour la recherche de la vie extraterrestre.
Représentation de l’océan qui se cache sous la surface d’Europe, s’infiltrant à travers certaines de ses fissures en surface. (NASA)
Mais si nous voulons vraiment voir s’il y a de la vie sur Europe, nous devons envoyer une mission avec des atterrisseurs, et cela ne va pas être facile. Une nouvelle étude publiée cette semaine suggère que la surface accidentée d’Europe rendra toute mission d’atterrissage encore plus difficile en raison d’un phénomène qui est également présent sur Terre : les pénitents de glace.
Image d’entête : des pénitents isolés dans le désert d’Atacama. (ESO/ B. Tafreshi)
Les pénitents ont été officiellement décrits par Charles Darwin en 1839 : des structures de glace géantes en forme de lame dans la cordillère des Andes. Par temps très sec et froid, les rayons chauds du soleil peuvent sublimer certaines parties de la glace et de la neige (transformation de la glace en vapeur, sans pour autant devenir liquide).
Pénitents de l’Aconcagua, un sommet en Argentine.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Sur Terre, la sublimation de dépôts massifs de glace aux latitudes équatoriales sous des conditions froides et sèches, en l’absence de fonte liquide, entraîne la formation de textures en pointe et de pales érodées à la surface de la glace. Ces lames sculptées par sublimation sont connues sous le nom de pénitents.
Un processus similaire a été observé sur Pluton, ainsi nous savons qu’il peut se produire sur des corps extraterrestres. Daniel Hobley de l’université de Cardiff (Royaume-Uni) et son équipe ont étudié les conditions qui pourraient donner naissance aux Penitents sur des mondes glacés comme Europe.
Ils ont constaté que les conditions sur Europe’ favorisent le développement des pénitents, en particulier aux latitudes inférieures à 23°, ce qui pourrait à son tour menacer d’éventuelles futures missions.
L’étude de conclure :
Bien que les images disponibles d’Europe n’aient pas une résolution suffisante pour détecter la rugosité de surface à l’échelle de plusieurs mètres, les données radar et thermiques sont conformes à notre interprétation. Nous suggérons que les pénitentes pourraient représenter un danger pour un futur atterrisseur sur Europe.
La NASA et l’ESA ont toutes deux des missions de survol d’Europe prévues pour les années 2020.
L’étude publiée dans Nature Geoscience : Formation of metre-scale bladed roughness on Europa’s surface by ablation of ice.
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