Les chats ne servent pas à grand-chose lorsqu’il s’agit de contrôler une population de rats en ville
Les chats errants ne remplissent pas leur rôle d’éradicateur de rats à New York, révèlent de nouvelles recherches.
Les chats (Felis catus) sont souvent relâchés à New York avec la conviction qu’ils vont faire la différence pour le problème, vieux de plusieurs siècles, de la présence des rats dans la ville. Cependant, une étude des deux espèces a passé en revue 306 vidéos d’interactions entre des chats et des rats sur une période de 79 jours pour constater que seulement deux rongeurs ont perdu la vie.
En revanche, de précédentes recherches américaines suggèrent que les chats en liberté sont probablement la plus grande source de mortalité anthropique pour les oiseaux et les mammifères américains. En Australie, une étude réalisée en 2017 sur la prédation des oiseaux par les chats a estimé qu’ils consomment jusqu’à un million d’oiseaux indigènes par jour.
La dernière étude, menée par une équipe dirigée par Michael Parsons de l’université Fordham aux États-Unis, reconnaît que les chats sont clairement des tueurs efficaces, mais conclut que le faible taux de mortalité des rats sur près de 3 mois suggère qu’ils les évitent et choisissent des proies moins difficiles.
Les rats de New York sont des rats bruns (Rattus norvegicus) réputés pour leur taille et leur intrépidité. Les vidéos en ligne regorgent de rats du métro qui rôdent dans les banlieues endormies, ou qui volent des tranches de pizza.
Selon Parsons :
Les New-Yorkais se vantent souvent que leurs rats » n’ont peur de rien » et ont la « taille d’un chat”. Pourtant, les chats sont souvent relâchés pour contrôler cette proie relativement grande, défensive et potentiellement dangereuse.
L’équipe de Parsons, qui comprenait des biologistes américains et australiens, ainsi qu’un exterminateur professionnel de parasites, suggère que la pratique de lâcher des chats pour contrôler les rats a un effet délétère sur les plus petites créatures de l’écosystème urbain. Les rats bruns pèsent en moyenne 330 grammes, contrairement à un oiseau typique de 15 grammes ou à une souris de 30 grammes.
Selon le coauteur de l’étude, Michael Deutsch, de la Arrow Exterminating Company :
Jusqu’à présent, personne n’a fourni de bonnes données sur le nombre de rats urbains tués par des chats. Mais les données ont été très claires quant à l’effet des chats sur la faune indigène.
L’équipe disposait déjà d’une étude en cours pour surveiller le comportement d’une colonie d’une centaine de rats dotés de micropuces dans une installation de recyclage de déchets abandonnée. Lorsqu’une petite colonie de chats sauvages s’est déplacée dans le territoire des rats, une étude des interactions entre le chat et le rat est devenue possible, fournissant des données non seulement sur les taux de prédation, mais aussi sur le comportement des rats en présence des chats.
Selon Parsons :
Nous voulions savoir si le nombre de chats présents influencerait le nombre de rats observés, et vice versa. Nous voulions aussi savoir si la présence des chats avait un effet sur huit comportements communs des rats ou sur leur direction de mouvement.
Les résultats fournissent un indice sur les raisons pour lesquelles les humains pensent que les chats sont des agents efficaces de lutte contre les rats. La vidéo a révélé que la présence des chats a changé le comportement des rats, les rendant susceptibles de se cacher et donc de rester hors de vue. Pour chaque observation supplémentaire d’un chat, un rat est 1,19 fois plus susceptible de se déplacer dans la direction du refuge.
Toujours selon Parsons :
La présence de chats a réduit le nombre d’observations de rats le même jour ou le lendemain, tandis que la présence d’humains n’a pas eu d’incidence sur les observations de rats. Les gens voient moins de rats et supposent que c’est parce que les chats les ont tués, alors qu’en fait, c’est parce que les rats changent leur comportement.
Les résultats de notre étude suggèrent que les avantages de lâcher des chats sont largement surpassés par les risques pour la faune.
L’étude publiées dans Frontiers in Ecology and Environment : Temporal and Space-Use Changes by Rats in Response to Predation by Feral Cats in an Urban Ecosystem.