Une momie préhistorique confirme que la recette d’embaumement des momies existait bien avant les pharaons
La momification est généralement associée à la période des pharaons, la pratique étant largement considérée comme ayant vu le jour vers 2200 avant Jésus-Christ et atteignant son apogée vers 1000 avant Jésus-Christ. Mais les processus d’embaumement ne sont pas apparus du jour au lendemain, et récemment une équipe internationale de chercheurs a trouvé d’autres preuves que la momification (artificielle) avait lieu un millénaire et demi plus tôt et dans une région beaucoup plus vaste de l’Égypte qu’on ne le croyait auparavant.
Image d’entête : la plus vieille momie (S. 293) au musée de Turin. (Jones et col./Museo Egizio)
La pensée traditionnelle soutient que les anciens Égyptiens ont été « inspirés » à expérimenter la préservation des corps après avoir remarqué comment le désert chaud et sec momifiait naturellement les morts. Les agents d’embaumement complexes n’ont été utilisés qu’à la fin de l’Ancien Empire, vers 2200 avant notre ère et les civilisations ont peaufiné le processus au cours de milliers d’années.
Mais l’équipe de chercheur actuelle, composée de chercheurs des universités de York, Macquarie, Oxford et Warwick en Angleterre et de l’université de Trente et de Turin en Italie, suspectait que les origines étaient plus profondes. En 2014, ils ont repéré les signatures de produits chimiques d’embaumement dans les bandages de corps plus anciens, trouvés dans les tombes de Mostagedda, votre Guru était déjà sur le coup :
Pour cette nouvelle analyse, les chercheurs ont examiné la momie désignée Mummy S. 293, un spécimen mâle qui date de 3700 à 3500 ans avant notre ère et qui, à l’origine, était considéré comme une momie naturelle. Bien quelle réside au Musée égyptien de Turin depuis 1901, les études précédentes l’ont oublié. Il est intéressant de noter qu’elle n’a jamais fait l’objet de techniques de conservation modernes, ce qui signifie qu’elle n’est pas contaminée et donc prête à faire l’objet d’une enquête.
À l’aide d’une série de différentes méthodes, les chercheurs ont analysé les produits chimiques présents dans le corps et le tissu dans lequel elle avait été enveloppée, le style des textiles, les micro-organismes qu’elle contenait et ils ont utilisé la datation au radiocarbone pour déterminer son âge. Toutes ces méthodes estiment que ce corps avait environ 5 600 ans, en plein milieu de la période prévue.
Mais le plus frappant fut la présence évidente de produits chimiques d’embaumement. L’équipe a découvert que les textiles funéraires avaient été enduits d’un mélange d’une huile végétale, d’une résine de conifère légèrement chauffée, d’un extrait de plante aromatique et d’une gomme végétale ou d’un sucre. Cette recette s’est avérée avoir des propriétés antibactériennes et conservatrices, et elle a été utilisée dans les proportions que les embaumeurs auraient utilisées environ 2 500 ans plus tard, au plus fort de la fabrication de la momie.
Selon Jana Jones, coauteur de l’étude :
En combinant l’analyse chimique avec l’examen visuel du corps, les investigations génétiques, la datation au radiocarbone et l’analyse microscopique des toiles de lin, nous avons confirmé que ce processus rituel de momification a eu lieu vers 3600 ans avant notre ère sur un homme, âgé entre 20 et 30 ans à sa mort.
Ce n’est pas seulement l’âge, mais aussi l’emplacement de la momie qui est inhabituel. Ce spécimen a été découvert en Haute-Égypte, ce qui, selon l’équipe, indique que ce processus d’embaumement était utilisé dans une plus large zone de la civilisation qu’on ne le pensait auparavant.
Selon Stephen Buckley, coauteur de l’étude :
Ayant identifié des recettes d’embaumement très similaires dans notre précédente recherche sur les sépultures préhistoriques, cette dernière étude fournit à la fois la première preuve de l’utilisation géographique plus large de ces baumes et la première preuve scientifique sans équivoque de l’utilisation de l’embaumement sur une momie égyptienne préhistorique intacte. De plus, ce traitement de conservation contenait des constituants antibactériens dans les mêmes proportions que ceux utilisés dans la momification » véritable » ultérieure. En tant que telles, nos découvertes représentent l’incarnation littérale des précurseurs de la momification classique, qui deviendrait l’un des piliers centraux et iconiques de la culture égyptienne ancienne.
L’étude publiée dans The Journal of Archaeological Science : A prehistoric Egyptian mummy: Evidence for an ‘embalming recipe’ and the evolution of early formative funerary treatments et présentée sur le site de l’université Macquarie : Prehistoric mummy reveals ancient Egyptian embalming ‘recipe’ was around for millennia.