Dentiste à cheval : la plus ancienne preuve connue de chirurgie dentaire sur des animaux
Les plaines ouvertes de l’Eurasie orientale pourraient être le berceau de la dentisterie vétérinaire. C’est ici que les scientifiques de l’Institut Max Planck pour la science de l’histoire humaine (Max Planck Institute for the Science of Human History) ont trouvé d’anciens restes de chevaux dont les dents de lait avaient été enlevées par la population locale. Les chercheurs estiment que les restes datent de 1300-700 av. J.-C., ce qui en fait la plus ancienne preuve connue en matière de soins dentaires vétérinaires.
Image d’entête : Un éleveur mongol extrayant la première prémolaire, ou « dent de loup », d’un jeune cheval à l’aide d’un tournevis. (Dimitri Staszewski. Taylor et Col./ Origines de la dentisterie équine/PNAS)
La Mongolie est connue comme étant “la terre des chevaux”, où les animaux occupent une place centrale dans la vie quotidienne, et ce depuis des milliers d’années.
Selon J. Tserendeleg, président de l’Association mongole pour la conservation de la nature et de l’environnement :
Il n’est pas possible d’imaginer l’histoire de la Mongolie sans chevaux . Je pense qu’il n’est pas possible de voir l’avenir de la Mongolie sans chevaux. La Mongolie n’est pas la Mongolie sans chevaux.
C’est grâce aux chevaux que les armées nomades des Mongols ont pu franchir la Grande Muraille de Chine et conquérir le cœur de l’Europe. Sans les chevaux, le légendaire guerrier du treizième siècle, Genghis Khan, n’aurait jamais pu établir un empire qui s’étendait de la Hongrie à la Corée et de la Sibérie au Tibet.
Même au XXIe siècle, la Mongolie possède encore une culture équestre et conserve une grande partie de ses traditions pastorales. Ses 2,4 millions d’habitants sont semi-nomades et subviennent principalement à leurs besoins en élevant cinq espèces domestiques.
Il n’est pas étonnant que les Mongols aient aussi été les premiers à pratiquer les soins dentaires des chevaux, voyant à quel point ces animaux sont au centre de leurs moyens de subsistance. Dans leur étude, William Taylor et ses collègues ont décrit les restes de chevaux d’une ancienne culture pastorale mongole connue sous le nom de “Deer Stone-Khirigsuur Culture” soit “Culture Khirigsuur – Pierre à cerf”. Ces anciennes populations sont célèbres pour les impressionnantes sépultures de chevaux qu’ils fabriquaient, qui contenaient des dizaines, voire des milliers de chevaux morts.
Un crâne de cheval placé à côté d’une pierre à cerf en Mongolie centrale. (William Taylor/ MPISHH)
En analysant les restes, les chercheurs ont découvert que les humains de Deer Stone-Khirigsuur utilisaient des procédures dentaires vétérinaires étonnamment sophistiquées pour enlever les dents de lait qui auraient causé des douleurs aux jeunes chevaux ou des problèmes d’alimentation. Auparavant, la recherche a montré que les mêmes populations étaient les premières en Eurasie de l’Est à utiliser massivement les chevaux pour la production alimentaire et il est possible qu’elles aient été parmi les premières à utiliser les chevaux pour l’équitation (à cheval..). Naturellement, ces avancées ont conduit à l’invention des soins vétérinaires équins.
Selon Taylor :
Nous pouvons considérer les soins vétérinaires comme une sorte de science occidentale, mais les éleveurs de Mongolie pratiquent aujourd’hui des procédures relativement sophistiquées à l’aide d’un équipement très simple. Les résultats de notre étude montrent qu’une compréhension attentive de l’anatomie du cheval et une tradition de soins ont d’abord été développées, non pas dans les civilisations sédentaires de la Chine ou de la Méditerranée, mais des siècles plus tôt, parmi les peuples nomades dont le gagne-pain dépendait du bien-être de leurs chevaux.
Ce n’est pas non plus une coïncidence si les changements dans la dentisterie équine se sont accompagnés d’améliorations technologiques dans le contrôle des chevaux, comme l’incorporation d’embouts en bronze et en métal dans les brides utilisées pour l’équitation. Cette technologie s’est répandue en Eurasie orientale au début du premier millénaire av. J.-C., offrant aux cavaliers un meilleur contrôle sur leurs chevaux, ce qui leur aurait offert l’avantage pendant la guerre. Mais, les chevaux en ont souffert, car le métal dans les embouts buccaux introduit des problèmes buccaux, comprenant des interactions douloureuses avec une dent vestigiale, connue sous le nom de « dent de loup » (rectifiez le Guru s’il se trompe !). Les éleveurs ont réagi en développant des méthodes d’extraction de la dent problématique qui n’est pas si différente de la façon dont de nombreux dentistes vétérinaires l’enlèveraient aujourd’hui.
Selon Nicole Boivin, directrice du département d’archéologie à l’Institut Max Planck pour la science de l’histoire humaine :
À bien des égards, les mouvements des chevaux et des peuples à cheval au cours du premier millénaire avant notre ère ont remodelé les paysages culturels et biologiques de l’Eurasie. L’étude du Dr Taylor montre que la dentisterie vétérinaire, développée par des éleveurs d’Asie intérieure, a peut-être été un facteur clé qui a contribué à stimuler la propagation des personnes, des idées et des organismes entre l’Est et l’Ouest.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Origins of equine dentistry et présentée sur le site du Max Planck Institute for the Science of Human History : Oldest evidence of horse veterinary care discovered in Mongolia.
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Pas besoin de rectifier le Guru sur les dents de loup, les explications et les termes sont les bons 🙂 . Sur la photo de l’éleveur mongol on voit qu’il n’utilise rien qui permette de garder la bouche du cheval ouverte pendant les soins, contrairement à nos dentistes équins occidentaux. Cela m’impressionne ! Pas évident d’accéder à la dentition !!! Et ne parlons pas du risque de morsure…. Ils sont vraiment trop forts ces mongols <3