Octlantis et Octopolis, les nouvelles villes des pieuvres
Des scientifiques ont découvert une petite ville de pieuvres, surnommée Octlantis, une découverte qui suggère que les membres de l’espèce Octopus tetricus ne sont peut-être pas les créatures que nous estimions isolées et solitaires, se rencontrant uniquement pour s’accoupler.
Cependant, des découvertes récentes ont commencé à renverser cette hypothèse. Il suffit de prendre la découverte, en 2009, d’une colonie semblable à celle d’Octlantis, baptisée « Octopolis », habitée par le même type de pieuvre. Alors que cette espèce, l’Octopus tetricus est encore souvent trouvée en solitaire, dans certaines situations, il semble qu’elles décident de se regrouper dans des communautés centrées autour de petites tanières faites de coquilles.
Dans la baie de Jervis, au large de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, Octopolis a été construit autour d’un objet artificiel (d’origine humaine) de provenance incertaine, à partir duquel les pieuvres ont peu à peu construit de petites tanières provenant de coquille et des restes de nourriture. À proximité, Octlantis fournit une importante confirmation du comportement, mais cette “ville” n’a pas commencé autour d’un noyau artificiel.
Des chercheurs des États-Unis et de l’Australie ont fait plusieurs plongées sur le site en 2016 et 2017, et ils ont placé des caméras afin d’enregistrer les interactions des pieuvres. Ils ont notamment découvert que la vie dans la ville n’est pas vraiment paisible. Les poulpes qui se réfugient dans leurs tanières ont souvent été attaqués et expulsés par d’autres membres de leur espèce, et diverses formes d’agression furent fréquentes. La victoire allait souvent au plus grand des deux et le perdant était obligé de s’éclipser furtivement, se retrouvant sans abri.
Néanmoins, vivre dans une communauté pourrait offrir d’importants avantages pour les pieuvres urbaines. Les habitants d’Octopolis sont souvent harcelés par les requins, les poissons et d’autres prédateurs lorsqu’ils s’aventurent en eaux libres. Leurs tanières semblent leur offrir un refuge.
Les deux communautés ont également été construites à proximité de populations denses de pétoncles, et l’abondance de nourriture permet le mode de vie sédentaire des pieuvres et pourrait les convaincre de se supporter entre elles. En effet, la forte disponibilité des proies a permis une sorte d’expansion cyclique des villes. À mesure que les mollusques et les crustacés sont mangés et jetés, la périphérie se développe, ce qui permet à davantage de pieuvres de construire des tanières et de commencer à jeter à leur tour des coquillages.
(Université de l’Illinois à Chicago)
Geoffrey-Smith se réfère aux pieuvres dans les deux villes en tant “qu’ingénieurs de l’écosystème”, étant donné qu’elles ont essentiellement aménagé leur environnement pour créer un environnement plus hospitalier. Le développement “urbain” a lui-même attiré une grande diversifiée de vie marine, écrit-il, élargissant les effets des travaux des pieuvres au-delà de leur espèce.
Bien sûr, il est un peu difficile d’appeler Octatlantis une communauté au sens traditionnel. Les pieuvres ne sont pas obligées de vivre ensemble et, compte tenu des avantages uniques de cette zone particulière, il semble qu’elles aient simplement choisi d’accepter la présence de l’autre.
Néanmoins, l’avènement de communautés et d’une vie sociale est théorisé pour avoir stimulé notre propre développement, et ces rassemblements donnent aux chercheurs la possibilité d’observer les débuts de ce qui pourrait être une expérience à long terme de l’évolution culturelle des pieuvres.
Déjà, plusieurs générations de pieuvres ont habité les sites, ce qui indique que c’est plus qu’un phénomène passager. Octopolis et Octlantis, deux villes en devenir, semblent perdurer.
Les résultats ont été publiés dans la revue Marine and Freshwater Behavior and Physiology : A second site occupied by Octopus tetricus at high densities, with notes on their ecology and behavior.