Des escargots qui produisent un venin si concentré qu’il paralyse tout ce qui nage autour d’eux
Les escargots marins en forme de cônes (Conidae) sont connus pour leur venin. Plus de quinze personnes en sont mortes. Un escargot, le cône géographe, n’a même pas à piquer pour tuer sa proie. Et les scientifiques ont découvert pourquoi.
Pour injecter un poison vous auriez besoin soit d’une griffe, d’un croc, ou d’un dard, mais pas si vous êtes le cône géographe. L’escargot a une dent qu’il peut utiliser pour injecter du venin dans ses proies, mais il peut aussi simplement libérer son venin dans l’eau. Le cocktail de toxines désoriente le poisson suffisamment pour l’escargot de l’engloutir.
Des chercheurs de l’université de l’Utah ont déterminé les séquences de gènes qui produisent les nombreuses toxines des escargots cône et ils ont trouvé des gènes qui semblent coder pour l’hormone insuline. C’est une forme plus concentrée d’insuline en comparaison de celle utilisée par les humains et les vertébrés, mais cela reste de l’insuline. Lorsqu’elle est injectée dans un poisson, elle provoque une chute rapide et dangereuse des niveaux de glucose dans le sang. Lorsque la glycémie augmente après les repas, l’insuline fait accepter le glucose aux cellules de l’organisme, alimentant ces dernières et faisant chuter le niveau de glucose dans le sang. Ce système doit être strictement régulé.
Image ci-contre (clic pour agrandir) : un cône géographe tente de capturer des poissons. Alors que l’escargot approche sa proie potentielle, il libère une insuline spécialisée dans l’eau, accompagnée de neurotoxines qui inhibent les circuits sensoriels, ce qui entraîne une hypoglycémie chez les poissons privés de leur sens et qui sont plus faciles à engloutir par la grande bouche dilatable de l’escargot. Une fois englouties, de puissantes toxines paralysantes sont injectées par l’escargot dans chaque poisson.
Les diabétiques, qui ne produisent pas assez d’insuline, ont de dangereuses montées de niveaux de sucre dans le sang. Les hypoglycémiques n’ont pas assez de glucose dans le sang, provenant parfois d’une trop grande production d’insuline. Selon la gravité, l’hypoglycémie provoque la confusion et l’agitation, la perte de conscience, des convulsions et la mort.
L’injection d’insuline a provoqué une hypoglycémie chez les poissons, mais ceux qui étaient dans l’eau avec de l’insuline ont également arrêté de nager correctement. Les chercheurs estiment que l’escargot pourrait, s’il le voulait, affecter un banc de poissons avec son venin.
Cette hormone n’est pas la seule protéine dangereuse produite par ces escargots marins. Le Conus geographus, par exemple, semble également disposé de composants dans son venin qui ciblent les récepteurs de la douleur humaine. De cet arsenal, l’insuline pourrait être l’ingrédient clé qui fige le diner de l’escargot. Et la découverte d’une forme très concentrée d’insuline pourrait un jour être assez pratique pour les humains aussi.
L’étude publiée sur PNAS : A disulfide tether stabilizes the block of sodium channels by the conotoxin μO§-GVIIJ.
un animal des plus lents qui se révèle un des plus rapides avec son harpon, cela fait réfléchir sur les compétences de mère nature !