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Helicoprion

Ce qui pourrait être pris pour une créature tout droit sortie d’un film d’horreur de série Z, et reconstruit dans l’image d’entête, est un Helicoprion qui avait une scie circulaire pour mâchoire, il y a, fort heureusement, 270 millions d’années.

A l’aide d’un fossile très spécial de mâchoires, désigné IMNH 37899, et après un an d’un dur labeur, le paléontologue Leif Tapanila de l’université de l’Idaho et ses collègues ont enfin résolu le mystère de ce à quoi la créature ressemblait réellement.

Les chercheurs et les artistes ont souvent supposé que l’Helicoprion avait des dents supérieures pour percer les glissants céphalopodes et les frétillants poissons, mais les fossiles, que Tapanila et ses collègues ont examinés, ont montré que la créature n’avait qu’une scie circulaire intégrée dans la mâchoire inférieure. La question qui demeurait était :  comment ce genre de poisson, qui a longtemps prospéré durant le Permien, mangeait-il avec une scie en tant que mâchoire ?

Le projet de l’Helicoprion a débuté l’année dernière et consistait à créer un modèle virtuel du crâne du poisson à partir de l’examen tomodensitométrique du fossile IMNH 37899. C’est ainsi qu’aujourd’hui le biologiste Jason Ramsay de l’université de Rhode Island et le reste de l’équipe qui a travaillé sur l’Helicoprion l’an dernier ont, à l’aide des nouveaux modèles, déterminé comment cette créature s’alimentait.

Une partie du fossile IMNH 37899, à partir de l’étude.IMNH 37899

Ramsay et ses collègues soulignent que les mâchoires de l’Helicoprion étaient trop étroites pour aspirer son alimentation, il devait donc mâcher activement sa proie et il en avait les moyens. Les chercheurs ont calculé que lorsque la mâchoire, IMNH 37899, était grande ouverte pour être brutalement refermée, les points de pression de la morsure le long de la ligne de dent, se situaient entre 121 et 244 kg, ce qui n’est pas pas trop mal, sans être extraordinaire, pour un poisson carnivore de 6 mètres de long.

Un modèle mobil de la mâchoire (Idaho Museum of Natural History) :

Cependant, malgré une telle morsure, l’Helicoprion ne s’est probablement pas attaqué à des proies lourdement blindées, ces mâchoires étant assez fines et les dents cassées d’Helicoprion sont si rares qu’il semble que celui-ci préférait les tendres chairs. Ils se seraient donc probablement attaqués à des céphalopodes préhistoriques, apparentés à nos calmars et à nos poulpes modernes, dont certains munis d’une coquille.

L’Helicoprion ne faisait pas que scier… Il ramenait également la nourriture dans sa bouche lors de la morsure. Ramsay et ses collègues concluent que l’effet global pouvait ressembler à une scie à onglet biologique : les dents à l’avant accrochent la proie et, alors que les mâchoires se ferment, la chair est déplacée vers l’arrière. Là, les dents du milieu harponnent la nourriture, en la fixant dans la bouche, avant que les dents du fond mordent et envoient le tout au fond de l’estomac.

L’Helicoprion aurait ainsi pu s’attaquer aux céphalopodes munis d’une coquille en les extrayant de celle-ci. Dans le cas d’une morsure de face, Ramsay et ses coauteurs écrivent que les dents du fond de l’Helicoprion auraient saisi le corps du céphalopode, tandis que les dents de devant repoussaient la coquille de sa gueule.

L’étude publiée dans The Journal of Morphology : Eating with a saw for a jaw: Functional morphology of the jaws and tooth-whorl in Helicoprion davisii et voilà ce à quoi nous avons échappé, “la scie circulaire de la mer” (via trollart) :

Helicoprion-art

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