Dès 3 ans, nous serions sensibles aux caractéristiques mignonnes… surtout du chien
C’est officiel, dès l’âge de trois ans, nous sommes prédisposés à apprécier le caractère « mignon » des chiots, des chatons et des bébés. Apparemment, les chiens sont ici aussi le meilleur ami de l’homme…
Cette révélation qui, au-delà d’être une bonne excuse pour passées des heures à regarder des vidéos de chatons, fournit aussi des indices sur l’évolution humaine. Elle a été dévoilée par deux d’étudiants en doctorat à l’Université de Lincoln. Elle est basée sur la théorie du Kindchenschema, proposé par le célèbre éthologue Konrad Lorenz. Aussi connu comme le “schéma de bébé », c’est l’idée que les humains sont prédisposés à répondre aux caractéristiques « mignonnes », généralement un visage rond, le front haut, de grands yeux, un petit nez et une petite bouche, avec un désir de le protéger et d’en prendre soin. Les caractéristiques sont estimées être interprété comme appartenant à une entité vulnérable qui doit être protégé, ce qui accroit notre vigilance face à une quelconque menace.
En 2007, une étude du suivi de l’activité du cerveau chez des personnes qui regardaient des images de bébés a montré qu’en effet, notre système d’attention priorise les “stimuli positifs biologiquement significatifs”. Deux ans plus tard, une autre étude a ensuite démontré que la visualisation d’images de chiots et de chatons, par opposition à des photos des mêmes animaux adultes, conduit à l’amélioration des compétences de la motricité fine chez les participants. Ainsi les auteurs de cette étude pensent que : “Cela suggère que la sensibilité humaine envers ceux qui possèdent des caractéristiques mignonnes peut être une adaptation qui facilite les soins aux délicats jeunes humains ». Il y a également une autre étude (université d’Hiroshima, 2012) qui démontre que de s’attendrir devant d’adorables images d’animaux, vous rendra plus performant au bureau.
Les chercheurs de l’université Lincoln voulaient approfondir davantage le sujet en examinant comment le lien homme-animal est affecté par le “schéma de bébé” et si cette réponse change avec l’âge.
Pour ce faire, ils ont utilisé le suivi des mouvements oculaires (oculométrie) pour voir si les enfants âgés de trois et six ans présentaient les mêmes réactions que les adultes. Dans une expérience, ils ont déterminé qu’elles étaient les traits du visage que regardaient le plus les enfants et dans l’autre, ils ont demandé aux enfants d’évaluer le caractère mignon des visages représentés.
Afin de s’assurer que les images utilisées étaient particulièrement mignonnes, les chercheurs les ont modifiés numériquement pour qu’elles soient aussi “kawaï” que possible (grands yeux, petit nez…). Ces mêmes images ont également été modifiées pour être beaucoup moins attrayantes, comme nous les adultes. Les 24 paires d’images étaient affichées côte à côte.
Dans la première étude, les enfants ont été encouragés à regarder les images sur une période totale d’environ 10 minutes, avec de petit cadeau. Dans une autre étude, on a demandé aux enfants d’évaluer les images sur une échelle de 1 à 5 (5 étant très mignon). Les adultes ont également participé aux deux mêmes expériences (les petits cadeaux en moins).
Toutes les Images ici présentes sont tirées de l’étude (lien plus bas). Ci-dessous, les exemples de stimulus présentés aux participants. Les visages jeunes et d’adultes humains, de chiens et de chats. À gauche la version infantile haute, à droite la version infantile basse du même sujet.
Les auteurs ont constaté que, en moyenne, les enfants passent plus de temps à regarder les images mignonnes, indépendamment de l’espèce présentée. La seconde expérience a confirmé leurs soupçons, que même à trois ans nous sommes désespérément attirés par des images de chatons et de chiots. De plus, les images de chiens adultes se sont avérées plus attractives que celles des chats, suivies par celle des humains. Les enfants ont passé 78 % du temps à regarder des caractéristiques spécifiques telles que les yeux, le nez et la bouche.
Selon la coauteure Marta Borgi :
Nos résultats fournissent la première démonstration rigoureuse que la préférence visuelle pour ces traits émerge très tôt au cours du développement. Indépendamment de l’espèce consultée, les enfants de notre étude ont passé plus de temps à regarder des images avec un niveau plus élevé de caractéristiques pour le schéma de bébé.
Les auteurs reconnaissent que les prochaines études ne devront pas seulement tenir compte de savoir si les enfants ont des animaux de compagnie, mais s’ils sont impliqués dans les soins de l’animal. Cela pourrait, bien sûr, avoir un impact sur leur intérêt. Ils doivent aussi explorer combien l’attention pour les images mignonnes se fonde sur la nécessité de nourrir l’animal / bébé en question. Les auteurs suggèrent que, comme le caractère mignon d’un bébé est déjà associé à une volonté chez les adultes d’en adopter un, la même chose pourrait être représentée dans le fait d’adopter un chien ou un chat. Par extension, cela pourrait définir la façon avec laquelle les humains prennent soin de leurs animaux respectifs, en fonction de leurs caractéristiques conventionnellement attrayantes.
Nous devons maintenant savoir si cette attractivité peut remplacer la capacité des enfants à reconnaitre les signes de stress chez les chiens. Cette étude permettra également de poursuivre les recherches ayant un impact sur la vie réelle, à savoir si le caractère “mignon” d’un animal dans les centres d’adoption les rend plus ou moins susceptibles d’être adoptées.
Ils estiment également qu’au-delà de ça, on pourrait se servir de ces connaissances pour mettre en œuvre de meilleurs systèmes d’éducation :
Alors que l’attention est l’un des aspects clés du processus d’apprentissage, l’interaction avec les animaux peut représenter un moyen de promouvoir le développement cognitif, par exemple en améliorant la motricité et la capacité à suivre les instructions et en améliorant la mémoire. Ainsi les futures recherches sur l’aspect de l’attention des relations des enfants avec les animaux de compagnie devraient être encouragées. Par ailleurs, l’analyse des caractéristiques spécifiques des animaux capables de susciter des réactions émotionnelles / affiliatifs chez les enfants pourrait finalement aider à élaborer des interventions pour les enfants avec déficit dans le domaine social en fournissant des stimuli saillants et émotionnellement pertinents (par exemple, en aidant dans le développement de robots socialement interactifs en utilisant les animaux comme modèle pour la robotique sociale).
L’étude publiée dans la revue Frontiers in Psychology: Developmental Psychology : Baby schema in human and animal faces induces cuteness perception and gaze allocation in children.
Une autre étude qui va dans le même sens :
http://www.telegraph.co.uk/comment/10948796/Paedophilia-is-natural-and-normal-for-males.html