Sélectionner une page

Fringale-cannabis

Les fringales sont l’un des effets secondaires et bien documentées de la marijuana, poussant plus d’un fumeur à un grignotage compulsif. Pour la première fois, des scientifiques français (Inserm, université de Bordeaux) ont désormais une compréhension complète de la raison pour laquelle cette drogue conduit à un raid du réfrigérateur et, disent-ils, leurs résultats pourraient ouvrir la voie à de nouveaux traitements pour les troubles de l’alimentation, de l’obésité à l’anorexie.

Il s’avère que l’ingrédient actif du cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC), augmente le sens de l’odorat chez la souris, ce qui augmente leur attrait pour la nourriture. Les scientifiques savaient déjà que le THC se lie à un certain type de récepteur, appelés récepteurs cannabinoïdes dans le cerveau. Cela bloque les signaux qui nous disent de ne pas manger, donc nous avons faim. Cependant, l’odorat joue également un rôle clé dans la stimulation de l’appétit et les scientifiques ne connaissaient pas sa réelle influence.

Ils n’enquêtaient pas sur la marijuana en particulier, ils étaient curieux de savoir si les récepteurs cannabinoïdes jouaient un rôle dans l’amplification du sens de l’odorat des personnes souffrant de la faim. Dans des études sur des souris, ils ont constaté que les souris affamées mangeaient beaucoup plus quand elles recevaient une injection de THC que quand elles n’en avaient pas. Et les souris affamées qui ont reçu du THC, mais dont les récepteurs cannabinoïdes avaient été désactivés n’ont pas manger plus que d’habitude. Les souris ayant reçu du THC ont également très bien répondu à de faibles odeurs de banane et d’huiles d’amande, signalant une sensibilité accrue de l’odorat. Par conséquent, l’étude suggère que l’odorat des fumeurs de cannabis est accru, ce qui augmente leur appétit.

Si les résultats se confirment chez les humains, ils pourraient donner de nouvelles approches pour le traitement des troubles de l’alimentation, en manipulant le lien entre l’odorat et l’appétit dans le cerveau. De nouveaux traitements pour l’obésité pourraient être rendus possibles, en interférant avec la signalisation des cannabinoïdes afin de réduire la faim. La société pharmaceutique Sanofi-Aventis a présenté un tel médicament pour le blocage cannabinoïde pour les patients obèses en 2006, mais il a été retirée pour ces effets secondaires qui pouvaient comporter une anxiété sévère et la dépression. Inversement, un médicament pourrait améliorer la signalisation des cannabinoïdes pour les personnes qui souffrent d’une perte d’appétit, comme les patients atteints d’un cancer.

L’étude publiée sur Nature Neuroscience : The endocannabinoid system controls food intake via olfactory processes et annoncé sur le site de l’Inserm : Mechanism elucidated: how smell perception influences food intake. (image d’entête : Charlie Padgett)

Pin It on Pinterest

Share This