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*Un titre Halloweennesque…

Il y a peu, nous avions pu observer en action et avec effroi, la trompe à tête chercheuses du moustique en quête de sang… et bien aujourd’hui, avec plus de détails qu’il n’en faudrait,  voici comment vous pique longtemps, très longtemps notre amie très collante, la tique.

Contrairement à la piqure d’un moustique, et à la différence de beaucoup d’autres suceurs de sang, les tiques sont adaptées pour tenir sur la durée. Un moustique pique, suce et part vite. Une tique pénètre votre peau… et reste là, pendant des jours. Elle doit s’attacher très fermement afin de ne pas être facilement délogée.

Une équipe de chercheurs américain (Université Harvard) et allemand (hôpital universitaire de la Charité de Berlin) a donc réussi à filmer des tiques (Ixodes ricinus) alors qu’elles perçaient la peau d’une oreille de souris pour ensuite commencer à sucer son sang. Dans leur document de recherche (lien plus bas), l’équipe explique comment elle a filmé les tiques et ce que les chercheurs ont appris en analysant leur vidéo.

Etrangement, jusqu’à présent personne ne connaissait le mécanisme employé par cet insecte pour percer, s’attacher, puis sucer le sang. Certains croyaient qu’elles inséraient une aiguille comme appendice, d’autres ont suggéré qu’elles découpaient la peau pour ensuite insérer leur organe de succion. Les vidéos réalisées par les chercheurs ont mis de côtés toutes ses théories. Il s’avère, en réalité, que les tiques ont des pièces buccales qu’elles utilisent pour pénétrer dans la peau, puis pour y rester.

Elles disposent de deux appendices attachés au-dessus de leurs têtes, appelées chélicères, chacun ressemblant à une petite scie, qui sont alignés ensemble et peuvent glisser/ coulisser d’avant en arrière, l’un contre l’autre, le long de leur parois intérieure qui est lisse. Le mouvement de va-et-vient permet aux chélicères de pénétrer lentement dans la peau.

A partir de l’étude, gros plan sur les chélicères qui dévoilent l’organe de succion, appelé Hypostome.pièces-buccales-tique-femelle2

Une fois que la profondeur atteinte est suffisante, les chélicères se courbent pour obtenir une forme de cintre mural (ou de cheville pour les bricoleurs) et sont repoussés contre l’intérieur de la peau. C’est de cette façon qu’elles restent accrochées si fermement. Ensuite, un appendice harpon, appelé Hypostome, est poussé entre les chélicères dans la peau, où il est utilisé comme une paille pour sucer le sang.

Gros plan sur les chélichères entourant l’hypostome
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Hypostomal envelopment@Gurumeditation

Tirée de l’étude, le processus d’attachement d’une tique Ixodes ricinus à la peau d’un hôte (souris). A 1:35 dans la vidéo, les chélicères commencent à plier leurs extrémités pour s’enfoncer un peu plus.

Et pour ne pas se faire repérer, lorsqu’elle découpe votre chair, elle emploie des produits chimiques qu’elle injecte dans la peau pour l’anesthésier, afin de ne pas être interrompue.

Le même pouvoir collant est aussi indispensable pour le parasite qui voyage à l’intérieurs de la tique, les bactéries spirochètes qui causent, chez l’humain, la maladie de Lyme. Elles rentrent en action qu’une fois que la tique commence à manger et elles ont besoin de temps pour atteindre les glandes salivaires de l’insecte et finalement la circulation sanguine de son futur hôte. Le processus peut prendre deux ou trois jours. Sans l’efficacité de l’ancrage de la tique, la maladie de Lyme n’existerait pas.

Ce n’est qu’une partie du secret qui a été dévoilé dans ces vidéos, on ne sait pas encore comment elle se dégage une fois rassasiée (et si elle n’a pas été repérée avant), elle pourrait se séparer de ses appendices, ou les regarniraient pour inverser le processus.

L’étude entièrement consultable sur PNAS : How ticks get under your skin: insertion mechanics of the feeding apparatus of Ixodes ricinus ticks.

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