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Les chiens ressentent-ils la culpabilité ?

3 Juin 2012 | 3 commentaires

Chien-culpabilité1Peut-être vous a t’il semblé, alors que vous venez de découvrir une belle crotte sur le tapis du salon, ruinant ainsi votre motivation pour continuer à éduquer votre plus fidèle animale de compagnie, discerné une attitude de culpabilité de la part de votre chien qui vous regarde, sans vous regarder, tout en baissant la tête (s’il n’est pas déjà parti se planquer sous un meuble…)

Plus de la moitié des propriétaires de chiens pensent que leur toutou ressent de la culpabilité. Un propriétaire pourrait décrire son raisonnement comme suit :

Je me comporte d’une façon particulière quand je me sens coupable, mon chien se comporte de façon semblable dans des circonstances équivalentes, je sais intuitivement que mon comportement est motivé par la culpabilité, donc le comportement que je vois dans mon chien est également accompagné par des sentiments de culpabilité.

De plus, plus de la moitié des propriétaires de chiens affirment que le comportement coupable de leur chien, les amènent à moins le gronder.

Il y a beaucoup de preuves, de ce que les scientifiques appellent les émotions primaires ou de “base”, la joie et la peur par exemple, chez les animaux. Mais des études empiriques pour les émotions secondaires comme la jalousie, l’orgueil et la culpabilité sont extrêmement rares dans les écrits sur la cognition animale. L’argument habituellement donné pour ce manque de preuve, c’est que ces émotions secondaires semblent exiger un niveau élevé de sophistication cognitive, en particulier quand il s’agit de la (prise de) conscience de soi, qui peut ne pas exister chez les animaux non humains. En d’autres termes, la culpabilité c’est compliquée !

Cependant, Charles Darwin a observé que les types de comportements associés à la culpabilité, en gardant la tête baissée et en évitant le regard, sont également observés dans d’autres espèces sociales de primates non humains. Cela n’est pas surprenant, la culpabilité sert à renforcer les relations sociales et à minimiser les effets des transgressions contre les partenaires sociaux. Ce sont des choses importantes pour n’importe quel primate social, qu’il s’agisse du singe ou de l’homme. Les mêmes tendances ont été observées chez les loups et les chiens domestiques. Pour les loups, on pense que des comportements, liés à la culpabilité, servent à renforcer les liens sociaux comme chez les primates, en réduisant les conflits et pour susciter la tolérance par les autres membres du groupe social. La même chose pourrait être vraie des chiens, bien que leur groupe social comprend principalement les êtres humains.

Le problème est que la présentation des comportements associés à la culpabilité n’est pas, elle-même, la preuve de la capacité à éprouver émotionnellement de la culpabilité. Est-ce qu’un comportement coupable fait suite à une transgression ? Si c’est le cas, ce serait la preuve que les chiens peuvent être conscients de la violation d’une règle. Ou est-ce qu’un comportement coupable fait suite à une réprimande ? Il s’agit d’une spéculation raisonnable, étant donné que les propriétaires ont tendance à moins gronder leurs chiens si celui-ci agit en “coupable”. Si tel était le cas, les comportements de culpabilité pourraient tout simplement être le résultat d’une association apprise, entre un stimulus (tel que la crotte sur le tapis ) et l’imminente punition, pas si différente de Hans le malin, le célèbre cheval qui s’est appuyé sur les subtils indices comportementaux de son propriétaire afin de « réussir » des problèmes arithmétique.

Hans_1910

Il s’agit d’une question à laquelle l’on peut répondre avec une expérience assez intelligente.
Un groupe de chercheurs sur la cognition canine de l’université Eötvös Lorand de Budapest, dirigé par Julie Hecht, a mis au point cette expérience, qu’elle détaille sur son blog et dans une étude peer-reviewed (liens plus bas).

Étant donné que les propriétaires canins déclarent que les chiens, qui ont violé une règle, agissent en coupables avant même que la bêtise ne soit découverte et étant donné que les propriétaires déclarent qu’ils sont susceptibles de moins gronder leurs chiens suite à la démonstration d’un comportement de culpabilité, il semble raisonnable de penser que l’air coupable des chiens est une réponse apprise. Si grondé, un coup d’oeil coupable pourrait simplement servir à réduire la durée de l’interaction sociale négative. En gardant cela à l’esprit, les chercheurs ont conçu une expérience pour répondre à deux questions. Tout d’abord, les chiens qui se sont mal comportés pendant l’absence de leurs propriétaires, se comportent-ils différemment en saluant leurs propriétaires, que les chiens qui ont été sages ? Deuxièmement, les propriétaires sont-ils capables de pouvoir déterminer, en entrant dans une salle et en se fiant uniquement au comportement d’accueil du chien, si oui ou non leur chien a commis une transgression ?

En 2009, la psychologue Alexandra Horowitz (Center for Research in Language, UC SanDiego) a trouvé des preuves que les chiens étaient plus susceptibles de manifester des comportements associés à la culpabilité après avoir été grondée, s’ils étaient ou non réellement coupables d’une violation perçue en premier lieu (Attention to attention in domestic dog (Canis familiaris) dyadic play). Toutefois, dans cette expérience, les chiens qui n’avaient pas eu une mauvaise conduite et qui ont été grondés, ont davantage affiché un comportement de culpabilité que les chiens qui avaient été grondés et qui s’étaient effectivement mal comportés. Et ces comportements sont également apparus dans des situations où les propriétaires n’ont pas du tout grondé les chiens.

La nouvelle expérience a été conçue pour répondre à certains de ces problèmes. Tout d’abord, les chercheurs ont déterminé le comportement d’accueil de référence pour chacun des 64 chiens, quand ils étaient réunis avec leur propriétaire après une brève séparation. Puis, les chercheurs ont imposé une règle sociale : la nourriture placée sur une table était pour l’homme, pas pour les chiens. Puis, les chiens ont été laissés seuls dans la pièce avec la nourriture. Et enfin, les chercheurs ont évalué la façon dont les chiens accueillaient leurs propriétaires après avoir mangé, ou pas, la nourriture. En outre, ils ont évalué si les propriétaires pouvaient déterminer si oui ou non le chien avait transgressé et mangé de la nourriture.

Ci-dessous, tirée de l’étude : (A) la salle d’essai. Le panneau a empêché le propriétaire de voir si le chien avait enfreint la règle. (B) La base du comportement d’accueil est établie. (C) Les chercheurs présentent la nourriture. (D) Les chercheurs établissent la règle. (E) On demande au chien de s’assoir. (F) Le chien est laissé seul avec la nourriture.

Chien-culpabilité

Le premier constat valide l’idée que les chiens n’agissent pas toujours en coupable, uniquement dans certaines circonstances. Les chiens affichent nettement moins des comportements liés à la culpabilité lors de l’accueil par leurs propriétaires, par rapport à lorsqu’ils ont été grondés. Ensuite, les chercheurs ont voulu voir si les chiens, qui avaient fait des excès, présentaient plus de comportements de culpabilité en comparaison de ceux qui n’en avaient pas fait. Les deux groupes étaient tout aussi susceptibles d’agir en coupable !

Ensemble, ces résultats fournissent une réponse potentielle à la première question : les chiens qui s’étaient mal conduits ne sont pas statistiquement susceptibles de se comporter différemment en comparaison des chiens qui n’ont pas eu une mauvaise conduite.

Cependant, il y a une conclusion subtile qui peut effectivement avoir fourni la preuve que les chiens qui s’étaient mal conduits étaient plus susceptibles de montrer des comportements associés à la culpabilité. Mais pas à la manière que vous pourriez imaginer. Chaque chien a eu trois occasions de saluer son propriétaire. Une fois avant que la règle n’ait été établie, une deuxième fois après que la règle ait été posée et les chiens ont eu l’occasion de la transgresser et une troisième fois, après que la règle ait été établie, mais sans la possibilité de la violer. Alors que tous les chiens étaient plus susceptibles d’agir en coupable lors de la seconde salutation, tout en étant grondés, seuls les chiens qui avaient fait des excès étaient plus susceptibles de continuer à agir en coupable lors du troisième accueil.

La prochaine série de résultats est tout aussi déroutante. Presque 75 % des propriétaires étaient en mesure de déterminer si leurs chiens s’étaient mal conduits. Cependant, il est possible que les propriétaires se soient appuyés sur le précédent comportement de leur chien, avant de déterminer s’il s’était mal conduit. La nourriture fut initialement présentée aux chiens, avant la mise en place de la règle sociale et quelques-uns des chiens ont réussi à manger l’assiette avant d’apprendre la règle. Peut-être, alors, les propriétaires de ces toutous, qui avaient déjà fauté, se sont basés sur l’idée que leur chien avait de nouveau succombé à la tentation, et non pas sur le comportement d’accueil ! Après avoir retiré les propriétaires (qui étaient au courant que leur chien avait mangé la nourriture avant que la règle ne soit établie) de l’analyse, un résultat différent a émergé : les propriétaires n’ont pas réussi à déterminer si leurs chiens s’étaient mal conduits.

Comme de nombreuses études scientifiques, ces résultats sont un peu brouillons et assez ambigus et les scientifiques ayant participé à cette étude le reconnaissent. L’expérience était une procédure très inhabituelle pour les chiens et leurs propriétaires. Il est possible qu’il y eût tant de nouveaux stimulus saillants dans la salle d’examen, y compris ceux que les chercheurs ne connaissent pas, que les chiens n’avaient pas suffisamment le temps de mémorisation nécessaire pour enregistrer la règle du “pas touche à l’assiette”. Il est également possible que les précédents essais d’accueil ou de réprimandes aient modifié plus tard les comportements dans le test d’accueil. Ces situations sont loin des plus typiques relations et interactions chien-propriétaires, en y rajoutant un environnement inconnu.

Pris ensemble, ces résultats soutiennent à la fois l’anecdote commune, selon laquelle les chiens agissent en coupable avant la prise de conscience par leurs propriétaires de la violation, ainsi que les précédents résultats scientifiques où, indépendamment de la transgression, les chiens entreprennent un comportement de culpabilité en réponse aux réprimandes de leur propriétaire.

Les futures recherches, selon les scientifiques, doivent enquêter sur ces questions dans un environnement familier, plutôt que dans un laboratoire, et elles doivent examiner une règle sociale qui a déjà été établie entre un propriétaire et son chien.

L’étude publiée sur Applied Animal Behaviour Science : Behavioral assessment and owner perceptions of behaviors associated with guilt in dogs.

Le blog où / de la chercheuse sur la cognition canine et principal auteur de l’étude, Julie Hecht, annonce les résultats de cette étude :  The “guilty look” in dogs! [from a new angle].

 

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