Sélectionner une page

Alice_Illusion3

Des scientifiques persuadent des volontaires, qu’ils sont des géants ou des êtres de la taille d’une poupée, comme dans Alice au pays des merveilles, avec sa potion qui la rend minuscule ou son gâteau qui la fait grandir dans de gigantesques proportions.

Le laboratoire de Henrik Ehrsson de l’Institut suédois Karolinska est le seul à pouvoir créer de telles illusions. Dans une expérience, une bénévole est caressée (ça commence bien…) tout en portant un casque de réalité virtuelle. Elle est couchée et regarde ses pieds, mais elle ne les voit pas. Au lieu de cela, le casque lui montre les jambes d’un mannequin couché à côté d’elle (photo ci-dessous). Alice_Illusion2

Alors qu’elle imagine se regarder dans le casque vidéo, Bjorn van der Hoort, l’un des assistants d’Ehrsson, utilise deux tiges pour lui caresser la jambe et celle du mannequin, en même temps. Cette simple astuce crée un irrésistible sentiment que les jambes du mannequin sont les siennes. Si les jambes appartiennent à une Barbie, elle a l’impression qu’elle fait la taille d’une poupée. Si les pieds sont énormes, elle se sent comme un géant de 4 mètres.

Van der Hoort a effectué cette illusion sur près de 200 personnes. Des questionnaires ont révélé, qu’ils pensaient que les mannequins faisaient partie de leur propre corps. Les objets familiers n’ont pas rompu le charme. Lorsque van der Hoort a menacé les jambes des mannequins avec un couteau, les bénévoles ont fait une suée, inquiets, comme si leurs corps réels étaient en danger. S’il touchait les jambes de la poupée avec un crayon ou avec le doigt, les cobayes pensaient qu’ils étaient poussés par des objets géants. Plutôt que de se sentir comme des poupées dans un monde normal, ils se sentaient comme des gens normaux dans un monde de géant.

Alice_Illusion4

Le groupe Ehrsson a passé les dernières années, à développer plusieurs illusions similaires, tout en utilisant les casques et caresses synchrones. Ils ont convaincu des personnes qu’ils avaient une décorporation, d’autre trompé en pensant qu’ils avaient troqué des organes avec une personne du sexe opposé ou un mannequin et ont convaincu les gens qu’ils avaient trois bras (mon article : menacé d’un couteau, votre cerveau croira en votre 3e bras). Les illusions sont amusantes, mais c’est un travail sérieux, chacune révèle quelque chose de nouveau sur notre sentiment de soi et comment nous savons que nous possédons notre propre corps. Tromper les gens en leur faisant croire qu’ils sont des poupées ou des géants n’était que le début. L’équipe a utilisé l’illusion pour montrer que notre taille affecte la façon dont nous voyons d’autres objets.

La vie ne vient pas avec des barres d’échelle pour nous permettre de mesurer les tailles. Au lieu de cela, nous évaluons la taille des objets à l’aide de repères dans l’environnement, comme à quelle distance sont-ils ou ce qui les entourent. La hauteur d’un arbre est plus facile à juger quand il y a une personne à côté. Mais ces indices ne sont pas tout, nous jugeons également de la taille des objets en fonction de celle que nous ressentons.

Van der Hoort la démontré, en montrant aux participants une série de cubes, tenue à une distance constante des caméras. S’ils étaient dans le corps de la poupée, ils pensaient que les cubes étaient plus grands et plus loin que quand ils étaient «placés» dans un mannequin de taille normale. Dans le corps d’un géant, ils pensaient que les objets étaient de plus en plus petits. Quand ils ont été invités à se lever et marcher (les yeux fermés) à l’endroit où ils pensaient que les objets se trouvaient, ils couvraient plus de terrain s’ils étaient dans l’illusion de la poupée que s’ils étaient sous celle d’un géant. Même si les bénévoles percevaient exactement les mêmes choses aux mêmes distances sous le même éclairage, leur propre perception des proportions a modifié leurs jugements des grandeurs. "Le sens de son propre corps affecte la façon dont nous avons l’expérience visuelle du monde», dit M. van der Hoort.

Vous pourriez penser qu’ils ont juste utilisé la taille de leurs propres jambes pour mesurer tout le reste, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Ils avaient besoin de se sentir qu’ils possédaient la poupée ou des jambes de géant pour que l’illusion fonctionne. Si van der Hoort rompait le charme en caressant l’objet et de leurs mannequins de temps, l’effet a disparu.

Pour que l’illusion soit effective, le cerveau doit combiner les informations qu’il reçoit de la vision, du toucher et d’autres sens pour créer une image mentale de l’organisme. Sur la base de cette étude, il semble que cette représentation interagit ensuite avec les signaux visuels que nous obtenons du monde qui nous entoure. Van der Hoort pense que le cortex pariétal postérieur pourrait être impliqué. Cette région se trouve vers l’arrière du cerveau et elle est parfois perturbée par des crises d’épilepsie ou des migraines. Lorsque cela se produit, les gens éprouvent parfois "le syndrome d’Alice au pays des merveilles ", où ils ressentent, comme une diminution ou une augmentation de taille, avec le monde qui les entoure devenant plus petit ou plus grand.

alice_illusionLe syndrome d’Alice peut se rangée parmi les dysmétropsies, dans lesquelles on trouve la macropsie, affection neurologique qui perturbe la perception visuelle, les objets apparaissant plus gros que ce qu’ils ne sont et son inverse la micropsie. Il y a également l’aniséiconie, une affection oculaire qui déforme les objets.

Cela pourrait avoir d’importantes implications technologiques. Selon Van der Hoort : «Les résultats actuels fournissent la preuve que cela pourrait fonctionner avec de très petits ou très grands robots humanoïdes. Un chirurgien pourrait connaitre l’illusion complète du corps en étant un microrobot chirurgien à l’intérieur du corps du patient ou un ingénieur pourrait percevoir la propriété d’un gigantesque robot humanoïde pour la réparation d’appareils de forage pétrolier. "Ceci, après tout, est surement le but ultime de la science, vers un avenir glorieux où les gens peuvent conduire des costumes de robot géant …

L’étude publiée récemment ici : Being Barbie: The Size of One’s Own Body Determines the Perceived Size of the World.

Source

Pin It on Pinterest

Share This