Une seule piqûre de moustique peut perturber votre système immunitaire pour faciliter l’apparition de maladies
Les piqûres de moustiques sont comme un grossier baiser baveux, les insectes échangent votre sang avec leur salive et laissent derrière eux une traînée de sécrétions salivaires. Certains de ces composés empêchent la coagulation alors que les insectes absorbent votre sang. Récemment, des chercheurs ont découvert que la salive de moustique affaiblit votre système immunitaire pendant plusieurs jours. Les résultats pourraient aider les scientifiques à mettre au point des vaccins contre les maladies causées par les moustiques, comme Zika.
Image d’entête : pour l’étude, moustiques gorgés de sang. (Rico-Hesse lab)
Rebecca Rico-Hesse, virologue au Baylor College of Medicine à Houston, Texas, voulait savoir comment les moustiques exploitent notre système immunitaire avec leur salive. Ainsi, avec son équipe, elle a exposé des souris dotées artificiellement d’un système immunitaire similaire à l’humain à des moustiques vivants. Ensuite, ils ont évalué la réponse immunitaire des rongeurs en réaction à la salive du moustique.
Celle-ci a manipulé leur système immunitaire dans la moelle osseuse et les cellules de la peau avec des effets qui ont duré jusqu’à 7 jours après la piqûre, selon les chercheurs. Ils affirment que leur découverte expliquerait comment ces tissus pourraient servir d’incubateurs de virus et contribuer à la propagation des maladies.
En 2012, Rico-Hesse cherchait à comprendre comment le virus de la dengue entraîne une fièvre hémorragique, une maladie qui touche 400 millions de personnes chaque année et pouvant entraîner la mort, lorsqu’elle est tombée sur un événement étrange. Les souris infectées par le virus à la suite de piqûres de moustiques présentaient des résultats bien pires que celles qui avaient reçu une injection du virus, mais qui n’avaient pas été servies comme repas aux moustiques. Le résultat a fait reculer Rico-Hesse d’un pas.
Il semble que les piqûres de moustiques ont amené le système immunitaire à se comporter différemment et d’une manière qui pourrait potentiellement donner un coup de pouce aux maladies infectieuses.
Pour le découvrir, Rico-Hesse et son équipe ont installé des moustiques Aedes aegypti affamés sur des souris qui avaient reçu une dose de cellules souches humaines afin que leur système immunitaire ressemble davantage à celui d’un humain. Chaque souris a subi 8 piqûres de moustiques au total. Ensuite, l’équipe a examiné différentes parties du système immunitaire (sang, moelle osseuse, rate et cellules cutanées) 6 et 24 heures après la piqûre, ainsi que 7 jours plus tard. D’ici là, le système immunitaire devrait être revenu à la normale. Mais au contraire, l’équipe a découvert que des cellules immunitaires qui avaient disparu de la peau au moins six heures après la morsure sont revenues sept jours plus tard après avoir mûri dans la moelle osseuse, ce qui n’aurait pas dû se produire. Si ces cellules hébergeaient un virus, elles pourraient le transmettre à de nouveaux moustiques qui pourraient en infecter d’autres.
La recherche met en évidence comment les piqûres de moustiques affectent notre système immunitaire, et elle va au-delà de la simple démangeaison.
Pour M. Rico-Hesse, la salive des moustiques a évolué pour modifier notre système immunitaire. Et comme le montrent leurs nouvelles recherches, les virus et les parasites pourraient détourner cette activité pour atteindre les cellules dans lesquelles ils se reproduisent, comme les cellules de la moelle osseuse, plus rapidement, selon elle.
En fait, les virus pourraient profiter de la réaction du système immunitaire pour se déplacer de leur point d’entrée, la peau, jusqu’à un endroit où ils peuvent se multiplier, loin des attaques du système immunitaire.
Au final, le travail pourrait mener à des vaccins anti-infectieux, ce que Rico-Hesse espère aussi :
Si nous pouvons fabriquer un vaccin qui nous protégerait contre les effets de la salive des moustiques ou qui bloquerait notre réaction immunitaire… alors nous pourrions arrêter les maladies transmissibles à l’échelle mondiale.
L’étude publiée dans PLoS: Neglected Tropical Diseases : Mosquito saliva alone has profound effects on the human immune system et présentée sur le site du Baylor College of Medicine : Mosquito saliva alone triggers unexpected immune response.
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