Mais qui recommence à alimenter le trou dans la couche d’ozone ?
Le trou dans la couche d’ozone, que nous avons déjà décrit comme le « problème essentiel des années 80 », est redevenu inquiétant cette semaine. Des scientifiques ont signalé que les émissions de trichlorofluorométhane (CFC-11), une substance destructrice d’ozone interdite par le Protocole de Montréal, semblent augmenter depuis 2012. Malgré un traité mondial interdisant l’utilisation du CFC-11, quelqu’un enfreint la loi.
Les données de 12 observatoires atmosphériques à travers le monde ont montré que les niveaux de CFC-11 dans notre atmosphère diminuaient à un rythme constant depuis des années, car la substance interdite, autrefois largement utilisée dans les réfrigérateurs, les climatiseurs et les appareils à mousse (extincteurs…), se dégrade lentement. Mais après 2012, ce déclin a commencé à ralentir, correspondant à une nouvelle source d’environ 14 000 tonnes de CFC-11 par an.
Pour Steve Montzka, auteur principal de l’étude, si les émissions persistent, la restauration du trou dans la couche d’ozone pourrait être retardée d’environ une décennie.
Il est difficile d’imaginer que quelqu’un fabriquerait délibérément et illégalement du CFC, alors qu’il existe des substituts facilement disponibles pour la plupart de ses applications. Mais Montzka fait remarquer que l’industrie chimique produit des milliers de tonnes de méthanes chlorés et fluorés pour de nombreuses applications, comme la fabrication de téflon, PVC, solvants, etc. “Ce processus pourrait produire du CFC-11 s’il n’est pas réalisé avec soin. »
Il est également concevable qu’il y ait eu une augmentation spectaculaire de l’utilisation ou de la destruction de la » réserve » de CFC, les vieux réfrigérateurs, climatiseurs et extincteurs, bien que Montzka et ses collègues considèrent ce scénario comme peu probable.
Quelle qu’en soit la raison, nous ne la trouverons pas tant que nous n’aurons pas localisé la source de ce nouveau CFC-11. Jusqu’à présent, les données d’émissions d’un observatoire hawaïen suggèrent que le coupable se trouve quelque part en Asie de l’Est, une région géographique immense et peuplée.
Heureusement, nous disposons d’un plus grand nombre de données qui pourraient nous éclairer sur la question. Montzka a noté que la Chine, la Corée du Sud et le Japon ont tous des enregistrements de mesures sur le long terme « qui, une fois analysées, nous aideront probablement à localiser l’emplacement de cette source accrue ».
Les missions aériennes pourraient également être utiles, citant la mission ATom :
La NASA dispose d’aéronefs équipés de toutes sortes d’instruments qui mesurent exactement la quantité d’un CFC donné. Si vous pensez que c’est dans une certaine région, vous pouvez voler au-dessus ou en aval.
Le CFC-11 fait partie d’une famille de chlorofluorocarbures ou de fréons qui étaient autrefois largement utilisés dans diverses applications, jusqu’à ce que nous nous rendions compte qu’ils créaient un trou dans la couche d’ozone. Les dirigeants mondiaux ont décidé de les interdire par un traité mondial qui a éliminé progressivement les CFC au cours des années 90 jusqu’à maintenant. Et pendant un moment, on a eu l’impression que ça marchait. Les concentrations de chlore destructeur de l’ozone ont chuté dans l’atmosphère, et le trou d’ozone se cicatrise lentement.
Espérons que les scientifiques pourront bientôt trouver le coupable et que la communauté internationale saura comment “colmater la fuite”. Mais cela soulève une autre question : Comment faire respecter un traité vieux de 30 ans que personne n’a jamais violé ? Ce n’est pas comme s’il y avait une police du Protocole de Montréal…
L’étude publiée dans Science : An unexpected and persistent increase in global emissions of ozone-depleting CFC-11 et présentée sur le site de la NOAA : Emissions of an ozone-destroying chemical are rising again.