Production d’organes : un nouvel hybride animal-humain testé sur des moutons
Une équipe de chercheurs de l’université de Stanford est passée à un autre niveau dans la pratique controversée du développement d’une espèce hybride, cette fois en fusionnant un embryon de mouton avec des cellules souches humaines.
Cette expérience fait suite à la création d’un hybride porc-humain par une équipe de l’université de Californie à Davis (UC Davis) en 2016. A l’origine, cette recherche fut menée afin de déterminer si des organes humains pouvaient être développés dans une autre espèce.
Image d’entête : en 2017, des chercheurs de l’UC Davis ont injecté des cellules humaines à cet embryon de porc au début de son développement et il a grandi pendant 4 semaines. (Juan Carlos Izpisua Belmonte)
L’équipe de Stanford a choisi des moutons pour leur expérience, car les organes de l’animal sont à peu près de la même taille que ceux d’un humain. Par conséquent, la fécondation in vitro serait plus facile avec les moutons qu’avec les porcs. Une fois “cultivés”, les organes humains pourraient alors être utilisés à des fins de transplantation et présenter une solution au fossé toujours aussi important entre l’offre et la demande de greffes d’organes à travers le monde.
Selon le professeur Salka Juan Carlos Izpisua Belmonte :
Bien sûr, le but ultime de la recherche chimérique est d’apprendre si nous pouvons utiliser des technologies de cellules souches et de gènes pour générer des tissus et des organes humains génétiquement adaptés, et nous sommes très optimistes qu’un travail continu mènera au succès.
Belmonte, un expert dans le domaine de l’édition génique, a déjà étudié le potentiel de générer des cellules et des tissus humains chez les porcs et les bovins, ainsi que la “culture” du pancréas, cœur et yeux chez une souris en développement.
Il convient de noter que les chercheurs n’ont pas produit de moutons adultes et que l’expérience n’a pas utilisé une quantité significative de cellules souches humaines. En réalité, seulement 0,01% des cellules de l’embryon de mouton étaient humaines. Il faudrait environ 1% de cellules souches humaines pour cultiver des organes humains. De plus, comme l’hybride porc-humain qui l’a précédé, les embryons mouton-humain ont été détruits après 28 jours.
Alors que la recherche sur la création d’hybrides et de chimères se poursuit, nous pouvons nous attendre à ce que ces travaux fassent polémiques.
Précédemment, dans le domaine de la création de chimères également par des chercheurs de l’université Stanford :
Cela engendre des questions d’éthique, mais il est également difficile de nier les avantages qui pourraient en découler (aux États-Unis, en moyenne, 22 personnes meurent chaque jour en attente d’une greffe). D’avoir plusieurs façons de fournir des organes à ceux qui en ont besoin serait un véritable exploit.
Toutes ces approches sont controversées, et aucune d’entre elles n’est parfaite, mais elles offrent de l’espoir aux personnes qui meurent quotidiennement. Nous devons explorer toutes les alternatives possibles pour fournir des organes aux personnes malades.
Pour l’instant, il n’y a aucun document de recherche publié détaillant cette dernière expérience de l’équipe de Stanford. Ces travaux ont juste été présentés lors de la réunion 2018 de l’American Association for the Advancement of Science qui a eu lieu au Texas cette semaine.