L’hypothèse d’une mégastructure extraterrestre autour de l’étoile de Tabby s’affaiblit
Des astronomes nous ont fait rêver, il y a quelques mois, lorsqu’ils ont découvert des preuves indiquant que quelque chose d’énorme et d’inexplicable orbite une lointaine étoile et qui pourrait éventuellement (en dernière hypothèse) être une “mégastructure extraterrestre” très avancée.
Mais une nouvelle recherche suggère que la probabilité, que l’objet mystérieux soit construit par des extraterrestres, est encore plus faible qu’estimée précédemment, car les plus récentes observations ont été faussées par l’utilisation sur Terre de télescopes incompatibles.
Un bref rappel : en octobre, des scientifiques ont annoncé qu’ils avaient repéré des fluctuations inhabituelles de la lumière provenant d’une étoile située à environ 1480 années-lumière dans la constellation du Cygne, connu sous le nom de KIC 8462852, ou étoile de Tabby.
Habituellement, les baisses régulières de lumière d’une étoile suggèrent qu’une planète l’orbite (transit), mais pour l’étoile de Tabby, les fluctuations consistaient en des dizaines de baisses, pas très naturelles, sur une période de 100 jours.
Un groupe d’astronomes de l’université d’Etat de Pennsylvanie a révélé que le modèle de diffusion de la lumière était compatible avec les fluctuations que vous vous attendriez à voir si l’étoile était entourée par un essaim de mégastructures exotiques, comme les hypothétiques sphères de Dyson qui, en théorie, serviraient à capter l’énergie d’une étoile.
Exemple d’une hypothétique sphère de Dyson :
Il y avait aussi l’hypothèse, plus probable, que ces fluctuations aient été causées par un essaim de comètes en orbite autour de l’étoile.
Le SETI (Search of Extraterrestrial Intelligence Institute) a rapidement pointé son réseau de télescope sur l’étoile et, quelques semaines plus tard, a annoncé qu’il n’avait rien repéré qui sorte de l’ordinaire.
Mais il y a eu un nouveau rebondissement en janvier, lorsque des chercheurs de l’université de l’Etat de Louisiane (LSU), ont montré que l’étoile de Tabby s’était effectivement estompée de 20 % au cours du siècle dernier et que la meilleure explication naturelle que nous avions, un essaim comète, ne pouvait pas réellement expliquer ce qui se passait.
Et maintenant, une recherche montre que les données de cette dernière étude sont erronées, nous renvoyant à la case départ.
Le gros problème, avec les données, était leur source : elles proviennent du Digital Access to a Sky Century @ Harvard (DASCH), une collection de plus de 500 000 plaques de verre photographiques prises entre 1885 et 1993. C’est une grande collection, mais au cours de ce projet de 108 ans, toute une gamme de télescopes et de caméras a été utilisée pour recueillir ces données, ce qui ajoute une quantité énorme d’incohérence dans la recherche.
Remarquant cela, une équipe d’astronomes de l’université Vanderbilt dans le Tennessee et de l’université Lehigh en Pennsylvanie ont décidé de revenir sur les données DASCH et de tenir compte de ces incohérences.
Selon l’un des chercheurs ayant participé à l’étude, Keivan Stassun de l’université Vanderbilt :
Chaque fois que vous faites des recherches d’archives qui combinent des informations à partir d’un certain nombre de sources différentes, il y a forcément des limites de précision des données que vous devez prendre en compte.
Dans ce cas, nous avons examiné les variations de la luminosité d’un certain nombre d’étoiles comparables dans la base de données DASCH pour constater que bon nombre d’entre elles ont connu une baisse semblable en intensité dans les années 1960. Cela indique que ses baisses de luminosité ont été causées par des changements dans l’instrumentation et pas par des changements dans la luminosité des étoiles.
Mais aussi décevantes que ces nouvelles puissent être, c’est juste un exemple de la science en action : les chercheurs recueillent des données, les analysent, en tirent des conclusions et d’autres scientifiques vérifient leur travail.
Mais le mystère, de ce qui se passe autour de l’étoile de Tabby, est toujours en cours, même si les données de l’université de l’Etat de Louisiane pourraient avoir été faussées, celles de Kepler semblent correctes.
Selon l’astronome amateur Michael Hippke, qui a participé à l’étude :
Quelque chose semble être en transit devant cette étoile et nous n’avons encore aucune idée de ce que c’est.
Le mystère reste entier… et si votre espoir de trouver une vie dans l’univers est ébranlé, vous pourrez certainement vous satisfaire de l’annonce de la NASA concernant les dernières planètes découvertes par le télescope spatial Kepler.
L’étude publiée dans The Astrophysical Journal : A statistical analysis of the accuracy of the digitized magnitudes of photometric plates on the time scale of decades with an application to the century-long light curve of KIC 8462852.