L’emplacement parfait pour une future base lunaire serait dans un tunnel de lave déjà repéré
De nouvelles données de l’Agence Japonaise d’Exploration Aérospatiale (JAXA) ont révélé de la présence d’un tunnel de 50 km de long sous la surface de la Lune, probablement la relique d’anciennes coulées de lave. Bien que l’existence de tunnels de lave ne soit pas nouvelle, cette dernière découverte semble être à la fois intacte et assez grande pour potentiellement servir d’habitat à de futurs colons lunaires.
Selon les données radar de l’orbiteur lunaire SELENE de l’agence japonaise, le gouffre est à moins de 100 m sous la surface et fait environ 90 m de large, permettant d’accueillir confortablement des habitants. D’autres tunnels de lave ont été révélés par la présence de “puits de lumière” ou de zones où le plafond du tunnel s’est effondré, exposant le tunnel à la surface au-dessus. On ne connaît pas encore le nombre de puits de lumière qui existe pour cette grotte.
Le puit de lumière de Marius Hills, observée par l’équipe de recherche japonaise SELENE/ Kaguya. (NASA/ Goddard/ Université d’état d’Arizona)
Les tunnels de lave se sont formés il y a des milliards d’années, quand la lune était encore géologiquement active et que de la roche fondue jaillissait de sous la surface. Aujourd’hui, de vastes plaines de lave marquent encore la surface de la lune et, à travers elles, des tunnels ont été formés par de la lave. Dans certains cas, la lave s’est affaissée, laissant derrière elle une chambre creuse.
Ces tunnels sont semblables à ceux trouvés sur Terre (le plus long est celui de la grotte de Kazumura, 65 km) , et il en existe encore beaucoup sur la lune. En fait, la faible gravité de la lune fait que les tunnels sont potentiellement beaucoup plus gros que sur Terre, car ils ne s’effondreront pas aussi facilement sous leur propre poids. Une recherche menée en 2015 a révélé que des tunnels pouvant faire de 1 à 5 km de large pourraient théoriquement être présent sur la Lune, assez grands pour contenir une ville de taille moyenne.
La ville de Philadelphie est présentée à l’intérieur d’un tunnel de lave lunaire théorique.
(Université Purdue/ David Blair)
Les cavernes incrustées dans le substrat rocheux offriraient une importante protection pour les humains vivant dans l’espace. Elles fournissent un bouclier contre les radiations nocives émanant du soleil et d’autres sources cosmiques, ce que fait le champ magnétique de la Terre ici. La roche environnante sert également d’isolant contre les variations de température qui peuvent faire bouillir l’eau à la surface de la lune pour passer à –120°C au cours d’une seule journée. Enfin, elles offrent également une protection contre les petites météorites qui bombardent périodiquement la Lune, bien que des collisions plus importantes soient toujours un sujet de préoccupation.
La perspective de loger des astronautes sous la surface d’autres planètes a déjà été évoquée auparavant, comme en 2014 lorsqu’une sonde de la NASA a obtenu quelques preuves de la présence de tunnel de lave sous la surface de la lune. La Chine et la Russie ont annoncé leur intention de placer une colonie sur la Lune au cours des prochaines décennies et les Etats-Unis pourraient également y retourner. Une base lunaire ferait une bonne “station service” pour de plus longues missions vers Mars et au-delà, en plus d’une importante démonstration de faisabilité pour vivre sur d’autres mondes.
Quelques exemples de puits lunaires photographiés par la sonde LRO de la NASA.
Il reste encore quelques problèmes à résoudre, comme l’un des plus importants, celui de l’approvisionnement. Il serait difficile de transporter constamment de la nourriture et de l’eau sur la lune, alors les colons auraient besoin de produire leurs propres sources de subsistance. La lune contient probablement de la glace d’eau qui pourrait être convertie en eau potable et même en combustible, mais une production alimentaire nécessiterait une agriculture très spécifique. Il y a déjà quelques plans, basés en grande partie sur la culture hydroponique, mais rien de sérieusement testé n’existe pour l’instant.
Néanmoins, si l’on réussit à sceller une grotte lunaire, comme certains l’ont suggéré, en installant des boucliers en verre ou en métal et en les remplissant d’air, cela pourrait être possible. Un système de miroirs pourrait faire passer la lumière du soleil et les colons lunaires pourraient y vivre relativement confortablement et cultiver. La même idée pourrait aussi fonctionner sur Mars. La planète rouge a également des grottes, en plus de ses réserves de glace d’eau.
Cave après grotte, l’humanité pourrait ainsi se propager à travers le système solaire…
Geophysical Research Letters : Detection of intact lava tubes at Marius Hills on the Moon by SELENE (Kaguya) Lunar Radar Sounder et présentée sur le site de l’université Purdue : Potential human habitat located on the moon.