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Des chercheurs en génétique réfutent une vieille hypothèse raciste

16 Oct 2017 | 6 commentaires

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Le racisme est un héritage ridicule transmis par des personnes à la peau claire vivant en Europe au Moyen Âge, dont la nouvelle capacité à parcourir de longues distances a conduit à leurs premières rencontres avec des personnes à la peau plus foncée. Si effrayés par les différences de couleur de peau, ils n’ont pas compris que les individus qu’ils rencontraient étaient en fait des humains et qu’ils devaient les traiter comme tels.

Image d’entête : un Amharas d’Ethiopie qui faisait partie de l’étude. (Alessia Ranciaro/ Simon Thompson)

Selon une étude publiée cette semaine, ces vieilles présomptions racistes fondées sur la couleur de la peau sont scientifiquement prouvées erronées.

Avec leurs observations, l’équipe de généticiens dirigée par Sarah Tishkoff de l’université de Pennsylvanie, discrédite l’idée que la « race » a des racines biologiques.

Les chercheurs ont identifié les gènes liés à la diversité de la couleur de la peau humaine et quand et où ils ont émergé. Ceux qui affectent la couleur de la peau ont une origine africaine, même ceux associés à la peau claire.

Tishkoff et son équipe ont étudié la diversité génétique parmi les différentes populations africaines lorsqu’ils ont pris conscience de la vaste gamme de couleurs de peau présente chez les Africains, des tons les plus foncés, qui sont communément associés aux personnes en Afrique, à la peau très pâle communément liée aux Européens.

Les différentes populations africaines étudiées. (Alessia Ranciaro/ Simon Thompson)
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Selon Tishkoff :

En Éthiopie, vous trouverez des personnes aux teints très foncées qui ont cette ascendance nilo-saharienne originaire du Sud-Soudan, et vous verrez alors des gens pas très éloignés qui ont des tons chair clair.

Son équipe voulait savoir quels gènes étaient liés à ces différentes teintes de peau et s’il s’agissait des mêmes gènes qui étaient liés à la peau claire ou foncée ailleurs dans le monde. Ils ont donc comparé le teint et l’ADN de 1 600 personnes appartenant à des populations ethniquement et génétiquement diverses de toute l’Afrique pour trouver ces gènes. Afin de définir le teint avec précision, ils ont utilisé un appareil de mesure de la couleur pour déterminer la réflectance de la lumière sur le bras intérieur de chaque individu, où le soleil est le moins susceptible de modifier la couleur naturelle de la peau. Ensuite, en comparant ces observations avec leur analyse de la séquence génomique de chaque personne, ils ont identifié quatre gènes dont le code génétique présentait des variations significatives entre les personnes ayant des couleurs de peau différentes.

Alessia Ranciaro, chercheuse à l’université de Pennsylvanie, recueille les données de la réflectance de la peau d’un participant à l’étude d’une population nilo-saharienne. (Tishkoff Laboratory)
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Ils ont trouvé que la vaste diversité de couleur de la peau humaine est en grande partie due à quelques ajustements minuscules aux séquences de gènes dans ces régions.

Parmi les quatre gènes qu’ils ont identifiés, le plus fortement associé au teint de la peau était SLC24A5, qui influence les tons clairs de la peau dans les populations européennes et certaines populations d’Asie du Sud. Les autres comprennent le gène MFSD12, qui est associé à une affection de la peau appelée vitiligo qui rend la peau plus claire dans certaines zones, et OCA2 et HERC2, qui sont également associées à la peau claire. Ces gènes, selon Tishkoff, ne ce sont pas seulement répandus à l’intérieur et à l’extérieur de l’Afrique, mais ils sont également très anciens, suggérant que l’idée que certains humains les ont et d’autres non, est complètement fausse.

Toujours selon Tishkoff :

Ces mutations sont anciennes. La plupart d’entre elles sont antérieures à l’origine des humains modernes. Ils varient depuis des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d’années en Afrique. Tout le monde avait les allèles pour la peau claire.

De nombreux scientifiques croyaient auparavant que les mutations responsables de la peau claire étaient apparues très récemment, mais ce n’est pas tout à fait le cas, selon les chercheurs. La généticienne explique que les recherches sur la génétique de la couleur de la peau restent controversées, car les précédentes études ont toutes été menées sur des Européens et que les gènes issus de ces travaux semblaient donc avoir une origine nettement européenne. Cependant, comme le montre cette nouvelle étude, de nombreux allèles associés aux tons clairs de la peau ont, en effet, une origine africaine.

Une femme Hamer d’Ethiopie qui a participé à l’étude. (Alessia Ranciaro/ Simon Thompson)
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Comment ces allèles sont devenus si communs dans certaines parties du monde et moins dans d’autres est lié à l’histoire des précoces migrations humaines et à leur interaction avec l’environnement. On pense que les humains modernes sont apparus en Afrique entre 200 000 et 300 000 ans et qu’ils se sont répandus entre 50 000 et 80 000 ans, mais là où ils sont allés (et s’ils sont retournés en Afrique) reste à définir précisément.

Il existe deux hypothèses principales décrivant la façon dont ils ont voyagé. La première est qu’il y avait une seule population de source africaine qui a voyagé hors d’Afrique et qui s’est répandue partout dans le monde. La seconde, qui selon elle correspond mieux à ses données, suggère que les humains se sont déplacés vers l’Asie du Sud et l’Australo-Mélanésie il y a environ 80 000 ans, puis ils se sont déplacés à nouveau cette fois vers le nord, il y a environ 60 000 ans, donnant naissance aux autres populations, mais « Nous ne savons pas avec certitude ce qui est correct ».

Ce que nous savons, c’est qu’au cours de ces migrations, les allèles pour certains tons de peau ont été naturellement choisis ou non selon la quantité de soleil dans cette région. Le tonus de la peau est considéré comme une adaptation pour faire face à différents niveaux de lumière du soleil. La peau foncée, plus apte à traiter les rayons UV nocifs, est mieux adaptée aux personnes dans un environnement très ensoleillé, tandis que la peau claire est mieux adaptée à la création de vitamine D dans un ensoleillement minimal.

Après des générations de sélection naturelle, les allèles de la peau clairs sont devenus uniformes parmi les populations européennes, et les allèles de peau foncée ont été maintenus dans des régions plus ensoleillées et plus chaudes. Mais dans la population originelle moderne de source humaine, tout le monde avait ces gènes que nous avons probablement hérités de nos ancêtres hominidés.

Selon Tishkoff  :

Toute la population qui a quitté l’Afrique a certainement eu les allèles noirs et clairs parce qu’ils sont si vieux. L’une des raisons de penser cela est que nos ancêtres les plus proches sont les chimpanzés.

Elle explique que la peau foncée n’est pas nécessaire quand on a des poils, mais à l’époque de l’Homo habilis, qui a quitté la forêt pour entrer dans la savane, il y aurait eu une sélection naturelle pour la perte des poils et l’augmentation du nombre de glandes sudoripares, et s’ils ont perdu leurs poils, il y aurait une sélection pour avoir une peau pigmentée plus sombre en raison d’une surexposition de celle-ci.

Il y a beaucoup de choses que nous ne savons toujours pas sur la biologie de la couleur de la peau, mais plus nous en apprenons, moins la couleur de la peau semble importante. Si vous considérez le génome de chaque humain comme un roman écrit avec les quatre lettres nucléotidiques (A, T, C, et G)  les différences génétiques entre les personnes ayant des tons de peau différents ne sont pas beaucoup plus grandes que les orthographes alternées de certains mots.

Il n’y a aucune garantie que le travail de Tishkoff convaincra certaines personnes de revoir l’origine de leurs croyances racistes, mais au moins cela nous offre une perspective : ces minuscules anomalies, simples aberrations du génome humain que nous partageons, sont à la base de certaines des plus flagrantes injustices que nous commettons les uns contre les autres. Il serait peut-être temps, pour certain(es) de réévaluer les hypothèses mal informées que nos ancêtres du Moyen Âge tenaient…

L’étude publiée dans Science : Loci associated with skin pigmentation identified in African populations et l’interview de sur le sujet de Sarah Tishkoff sur le site de l’université de Pennsylvanie : Rooting out Flawed Genetic Classifications—and the Racial Bias Behind Them.

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